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Échappées belles Magazine

Sagdoud: la perle oubliée

  • 8 décembre 07:31
  • 3 min de lecture
Sagdoud: la perle oubliée

Au cœur du bassin minier, Sagdoud se dresse comme un secret bien gardé du Sud tunisien. Loin du vacarme des mines et des wagons chargés de phosphate, cette région de Redeyef dévoile un tout autre visage : celui d’un site naturel fascinant, aux reliefs grandioses et à la beauté sauvage, ignorée des circuits touristiques officiels. Entre montagnes, grottes et horizons sans fin, Sagdoud invite à repenser le tourisme à Gafsa et à redécouvrir une Tunisie profonde, authentique et pleine de promesses.

Perdue dans l’immensité du bassin minier, Sagdoud ne se résume pas à ses gisements de phosphate ni à ses wagons poussiéreux chargés de minerais. Ce nom, souvent associé à la rudesse de la vie ouvrière, recèle en réalité une beauté saisissante, brute, presque mystique, qui échappe aux cartes touristiques et à la mémoire des promoteurs du patrimoine local.

Ici, la nature a sculpté une œuvre d’art à ciel ouvert. Ses reliefs escarpés, ses canyons vertigineux et ses falaises aux teintes ocre rappellent les décors grandioses du Grand Canyon américain ou les paysages lunaires de Torotoro en Bolivie. Dans le silence du vent et la lumière du couchant, Sagdoud dévoile un spectacle minéral d’une rare intensité, une invitation au voyage intérieur autant qu’à la découverte géographique.

Et pourtant, malgré ce potentiel époustouflant, Sagdoud demeure absente des circuits de promotion touristique à Gafsa. Ce territoire, qui pourrait devenir un maillon fort du tourisme saharien, est resté dans l’ombre, comme si la poussière des mines avait recouvert ses promesses. Pourtant, le site se prête à merveille à un circuit inédit, partant des montagnes de Shelja, serpentant à travers les reliefs rocheux pour rejoindre les grottes berbères de Sened — un parcours exaltant, qui marierait aventure, culture et nature.

Plus d’un cinéaste a succombé à la magie de ces paysages, y voyant un décor naturel d’une puissance rare, digne des grandes productions internationales. Les motards et aventuriers qui s’y sont risqués en parlent avec des étoiles plein les yeux, promettant d’y revenir, convaincus d’avoir découvert un territoire d’exception encore vierge.

Aujourd’hui, un projet touristique ambitieux tente de faire entendre sa voix : faire reconnaître Sagdoud non pas comme une simple extension du bassin minier, mais comme un patrimoine naturel à part entière, capable de devenir une halte incontournable du tourisme saharien.

Alors, une question persiste : combien de temps encore faudra-t-il pour que les décideurs ouvrent enfin les yeux sur ce joyau méconnu ? Car Sagdoud, au-delà du phosphate, est un poème de pierre et de lumière, un appel vibrant à la redécouverte du Sud, dans ce qu’il a de plus pur, de plus vrai, de plus grandiose.

Auteur

Samira Hamrouni