Mal préparée, mal abordée, cette coupe arabe incarne bien l’attitude avide de Sami Trabelsi et de son staff, ainsi que des dirigeants de la sélection.
On a basculé entre deux équipes, deux listes, on a voulu l’argent, le titre, les spots, et au final on n’a rien.
La Presse — Ce qui s’est passé à cette coupe arabe est une leçon de vie pour l’équipe nationale qui sort par la petite porte.
Ce n’est pas une victoire insignifiante contre le plus faible de ce groupe (comment ce Qatar s’est-il qualifié au mondial ?!) qui va laver l’affront et faire oublier la consternation.
Ne cherchons pas des alibis, la Syrie et la Palestine ont agi comme l’auraient fait n’importe quelles sélections à leurs places.
C’est la loi du football et arrêtons surtout de chercher des coupables.
L’équipe de Tunisie assume ce qu’elle a raté : les deux premiers matches. Quand on mène deux à zéro et qu’on se fait rattraper de cette façon, c’est qu’on ne mérite pas d’aller loin. Quand on perd naïvement sur un coup franc pareil, on mérite le verdict final.
Sami Trabelsi et ses mauvais calculs
Celui qui a très bien préparé son match amical devant le Brésil est malheureusement le même qui a trébuché durant et avant cette coupe arabe.
On ne comprend pas encore ce qu’il avait en tête ? On partait sur une deuxième équipe renforcée par de jeunes éléments et puis, il a suffi de deux défaites insignifiantes en amical devant l’Egypte, pour que l’on change de point de vue.
Une révolution de palais. C’est Trabelsi lui-même qui décide de chapeauter une équipe mixte entre A et A’.
Une équipe sans identité, composée à la hâte et avec une étrange légèreté indigne de ce niveau.
Et c’est Trabelsi et ses amis au staff qui optent pour un casting incohérent.
Dans des postes, on a une abondance, dans d’autres une pénurie tels que les pivots axiaux où seul Sassi ( qui joue plus relayeur) a été utilisé.
Hadj Mahmoud n’est pas venu et même quand quelqu’un s’est blessé comme Sliti, on l’a remplacé par un avant-centre, Jaziri, parce que Mastouri n’était pas encore venu.
C’est quoi tout ce cirque ? Sami Trabelsi a-t-il idée de cette liste qu’il a retenue où des joueurs débarquaient la veille du premier match et d’autres étaient des novices en sélection ? Le même Trabelsi a expérimenté le 3-4-3, puis le 4-3-3, puis le 4-4-2 pour retrouver le 3-5-2 contre le Qatar.
Et tout ça avec un banc vidé et un effectif appauvri à son gré. Il en a voulu ainsi, il assume. Le sélectionneur a perdu les points qu’il a gagnés contre le Brésil.
Pire, il se trouve discrédité, fustigé par ses détracteurs. Alors qu’il pouvait rester tranquille et déléguer cette coupe arabe à un autre staff en regardant de loin et en préparant calmement sa CAN comme l’ont fait Petkovic, Houssem Hassan ou Ragragui.
Défense déboussolée
Avec ce fameux « clean-sheet » des éliminatoires du mondial contre des adversaires faibles, on aurait dû continuer avec la même application. Mais pour Trabelsi et ses joueurs, c’est tout l’inverse qui s’est produit: la défense et le bloc-défense sont devenus fragiles, prenables depuis le test devant la Mauritanie.
Le point fort de l’équipe s’est transformé en point faible. D’abord, parce que la qualité des défenseurs utilisés était assez moyenne et même faible à l’image de Meriah, Haddadi et Jlassi, qui n’avaient pas le niveau pour contrer des attaquants de bonne qualité.
Il y a aussi un Dahmen qui fléchit de match à autre mais qui se trouve protégé par Trabelsi, alors que Ben Said méritait une chance.
Et cet effondrement défensif reflète ces hauts et bas du joueur tunisien. Un jour, c’est le top et des prouesses, énormes et puis quand il y a l’enjeu, c’est la chute brutale. Et cela s’applique presque à tous les joueurs.
Les Syriens et les Palestiniens avaient la qualité, mais avaient surtout l’envie et l’humilité sur le terrain. C’est ce qui leur a permis de nous avoir.
Des effets lourds
Maintenant, Houcine Jenayeh, le vrai et réel décideur en cette FTF et en sélection et son ami Zyed Jaziri doivent aussi assumer leurs choix ratés pour cette coupe arabe.
En voulant les primes alléchantes de cette coupe arabe, tout en jouant pour gagner, ils ont parrainé un mauvais projet et se trouvent aujourd’hui dans une position inconfortable avant la CAN.
Cette désillusion à Doha aura des effets de boule de neige dans l’ambiance de la sélection.
Même si plusieurs de ceux qui ont disputé la coupe arabe ne seront pas là à la CAN, d’autres seraient attendus comme Dahmen, Meriah, Maâloul, Sassi, Chaouat, Naffati, Ben Romdhane, Gharbi, Mastouri ou Ben Said. Justement, avec quel moral, avec quelle attitude ?
Il faudra que l’ambiance soit plus gaie et que l’on efface le sentiment d’échec subi.
Les cadres de l’équipe vont débarquer pour cette CAN sachant que d’autres cadres sont déjà là, traînant l’élimination précoce dans un tournoi pour des deuxièmes sélections, et ça, ce n’est pas évident de le réparer en deux semaines.
Tout cela, on aurait pu l’éviter si on avait mieux préparé la coupe arabe et si on avait été moins cupide et plus sobre et raisonnable au moment de faire les choix. Celui qui veut tout perd tout !