6e forum de haut niveau : La femme africaine veut la paix !
Au Soudan, dans la région des Grand Lacs ou encore dans les pays du Sahel, pour ne citer que ces régions, la femme africaine continue d’endurer moult formes de violences, d’agressions sexuelles, de mariage précoce et de déplacement forcé, malgré les discours et les engagements des décideurs qui ont permis, certes, d’atténuer la souffrance des femmes africaines, mais qui devraient être consolidés davantage par des action concrètes en faveur des femmes et, partant, pour réunir les conditions d’un développement durable et équitable dans le continent.
La Presse — La problématique est débattue à Tunis pendant deux jours, les 9 et 10 décembre à l’Académie diplomatique internationale, à l’occasion du 6e Forum de haut niveau sur « La femme, la paix et la sécurité », placé sous le thème « 25 ans depuis la résolution 1325 : conforter la diplomatie multilatérale afin d’ancrer l’agenda ‘Femme, paix et sécurité’ en Afrique dans un contexte international changeant ».
L’événement se tient pour la première fois à l’extérieur des locaux de l’Union africaine. Et le choix de la Tunisie pour l’accueillir a été justifié par son « leadership », aussi bien au niveau réglementaire et institutionnel qu’au niveau de l’action en faveur d’une égalité des droits et des chances entre les hommes et les femmes, comme en ont témoigné les intervenants de la séance inaugurale, en présence de participant.e.s de haut rang, dont des ambassadeurs, d’anciens ministres et d’anciennes cheffes d’Etat, plaidant toutes pour une meilleure justice et redevabilité s’agissant de la promotion des droits des femmes.
La Tunisie, qui est également une terre de paix, avait contribué en 2000, lorsqu’elle était membre (non permanent) du Conseil de sécurité de l’ONU, à l’adoption de la résolution 1325 sur la Femme, la paix et la sécurité, mais aussi à d’autres textes et instruments visant à éliminer la violence contre les femmes et à promouvoir la gouvernance du genre à travers une action diplomatique au niveau régional et international.
« La Tunisie est déterminée, aujourd’hui plus que jamais, à œuvre en coordination avec les pays africains, aussi bien au niveau bilatéral que multilatéral, à relever les différents défis auxquels fait face notre continent… », a déclaré Mohamed Ali Nafti, ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, rappelant l’engagement de Tunis contre l’apartheid, la discrimination, le colonialisme et en faveur de la paix et la stabilité.
Nouveaux défis
Le chef de la diplomatie tunisienne a affirmé que la femme africaine faisait face à de nouveaux défis issus d’un contexte « critique » et marqué par l’expansion des conflits, le recul du soutien aux droits économiques et sociaux des femmes, l’intensification de la fracture numérique et la multiplication de la cybercriminalité.
Le moment est venu, selon le ministre, pour que « les femmes soient des partenaires actives dans la consolidation de la paix, et non de simples victimes de guerre », hommage rendu à « toutes les femmes de Tunisie et d’Afrique, et plus particulièrement à toutes les femmes travailleuses et les militantes dans les domaines de la paix, de la sécurité et du développement, en reconnaissance de leur rôle dans le renforcement des fondements de la stabilité de notre continent, l’Afrique que nous voulons : résiliente, intelligente et qui aspire à un avenir meilleur pour ses fils et ses filles. »
Le Forum, dès son ouverture, a permis d’exprimer de nombreux plaidoyers en faveur des femmes et du développement, à l’instar de celui formulé par Nyaradzayi Gumbonzvanda, sous-secrétaire générale des Nations unies et directrice exécutive adjointe d’ONU Femmes, qui a appelé à « stopper les guerres » et à promouvoir un réseautage diplomatique et financier pour continuer à soutenir l’agenda féminin pour la paix 2026-2035.
« Le travail doit être renforcé à travers tous les pays », a pour sa part soutenu Liberata Mulamula, représentante spéciale de l’Union africaine pour les femmes, la paix et la sécurité, affirmant que l’Afrique est en train d’aller de l’avant et appelant à l’allocation d’un budget suffisant pour promouvoir la paix et la sécurité…
Le Forum devrait aboutir à des résultats qui seront soumis sous forme de déclaration finale aux chefs d’État et de gouvernement lors du prochain sommet de l’UA qui se tiendra en février 2026.
« L’Afrique, avec toute sa diversité et ses ressources humaines, est capable d’offrir au monde un nouveau modèle de paix, fondé sur le partenariat, la justice et la dignité humaine », a conclu la ministre tunisienne de la Femme, Asma Jebri, à la fin de la séance inaugurale, réitérant l’engagement ferme, continu et ciblé de la Tunisie pour « bâtir de nouveaux ponts de coopération et de solidarité pour une Afrique plus juste, équitable et humaine. »