« Oasis Days », du 11 au 15 décembre 2025 à Gabès : Regards croisés sur la mémoire de la terre
Thème central des enjeux écologiques de la région, l’eau structure l’édition 2025. Un cercle de réflexion intitulé «Aux rythmes de l’eau», dirigé par la professeure Samiha Khelifa, spécialiste des systèmes agricoles durables, se tiendra le 12 décembre à Chela (Chenini).
La Presse — La troisième édition des «Oasis Days» revient à Gabès du 11 au 14 décembre 2025 avec un programme dense, sensible et profondément enraciné dans l’âme du territoire.
Lancées en 2023 pour interroger, sans détour, les causes de la dégradation de l’oasis de Chenini et les solutions à mettre en place pour la préserver, ces journées entendent avertir d’une disparition annoncée : celle d’un écosystème millénaire menacé par l’urbanisation galopante et l’assèchement des nappes phréatiques.
Porté par l’association Focus Gabès (créée en 2019), l’événement met en dialogue l’écologie, la culture, les savoir-faire traditionnels et la création artistique pour replacer la palmeraie de Gabès au centre de l’imaginaire collectif.
C’est un espace de rencontres et d’échanges réunissant chercheurs, agriculteurs, artistes, habitants et jeunes autour d’une conviction profonde : la survie des oasis passe par la connaissance, l’art et l’engagement citoyen.
Au programme : arts visuels, musique, déambulations théâtrales, cercles de réflexion… Un ensemble d’expériences immersives au cœur d’une oasis en péril mais décidée à se réinventer.
Thème central des enjeux écologiques de la région, l’eau structure l’édition 2025. Un cercle de réflexion intitulé «Aux rythmes de l’eau», dirigé par la professeure Samiha Khelifa, spécialiste des systèmes agricoles durables, se tiendra le 12 décembre à Chela (Chenini).
Il réunira agriculteurs, artisans, chercheurs, acteurs de la société civile et représentants institutionnels pour imaginer des pistes de restauration de l’écosystème oasien, repenser la gestion de l’eau et transmettre des savoirs ancestraux qui ont façonné des siècles d’agriculture durable.
Le festival met à l’honneur, cette année, plusieurs expositions, notamment celles de :
Saif Fradj, qui explore, à travers la photographie et la vidéo, les cycles de déclin et de renouveau à travers une lecture critique des bouleversements de notre monde contemporain.
Son exposition, intitulée «Automne de la Terre, Printemps du Comprador», interroge les rapports entre le territoire, l’économie et l’humain : comment nos environnements se transforment, se fragilisent, ou se renégocient sous l’effet des forces qui les traversent.
L’artiste brodeur Najeeb Belhaj, qui est le fondateur de «Tili Tanit». Il revisite les techniques ancestrales de Mahdia dans une vision contemporaine et engagée.
À travers son exposition «Tilla… j’ai bâti entre nous », l’artiste invite le public à une immersion dans l’univers du fil, où chaque point devient un passage, un souvenir, une tentative de relier ce qui se sépare ou de révéler ce qui nous unit.
Hela Lamine qui, à la suite d’une résidence à Gabès, propose une série graphique mêlant humour, poésie et observation fine du quotidien oasien, sous l’intitulé «Et si demain la mlokheïa venait à disparaître ?».
Elle interroge notre rapport à l’identité, à la consommation, aux traditions qui façonnent notre quotidien et nourrissent notre patrimoine culturel.
Côté théâtre, la metteuse en scène et comédienne Lobna Mlik conduira une promenade théâtrale à Tbelbou, accompagnée de danseurs du collectif Les Danseurs Citoyens du Sud. Un moment qui fusionne récit philosophique, danse et immersion dans la nature.
Cette année, le volet musical du festival accueillera Nidhal Yahyaoui, artiste qui puise dans les répertoires musicaux tunisiens, du salhi au mezoued jusqu’aux sonorités berbères, pour créer un univers mêlant traditions et modernité.
L’équipe Dzeta (architecture, scénographie et design) présente «Escale à Gabès : entre humanité et biodiversité», une exposition immersive qui explore la relation intime et mouvante entre les habitants et leur environnement naturel.
Le programme «Matbakh al-Waha» (La cuisine de l’Oasis), conçu et animé par le médiateur culinaire Wajdi El Bourgi, rend hommage aux femmes de la région, gardiennes des savoirs culinaires ancestraux.
Il prend la forme d’un grand repas collectif dans la forêt d’Abdel Fattah. La cuisine devient un langage commun : un espace social, culturel et environnemental où se transmettent les gestes, les goûts et la mémoire.
