La clôture de la campagne internationale « 16 Jours d’Activisme contre la violence basée sur le genre à l’égard des femmes et des filles » à Sidi Bou Saïd, a réuni diplomates et responsables onusiens pour saluer les progrès accomplis contre les violences, notamment numériques, et renforcer l’engagement collectif en faveur des droits des femmes et des filles.
La campagne annuelle mondiale « 16 Jours d’Activisme » s’est achevée hier, mercredi 10 décembre, dans la charmante ville de Sidi Bou Saïd, en banlieue nord de Tunis, en présence notamment d’ambassadeurs et de responsables d’agences onusiennes, dont Mme Nyaradzayi Gumbonzvanda, Directrice exécutive adjointe d’ONU Femmes. Placée sous la bannière « Unies contre les violences numériques faites aux femmes et aux filles », cette clôture a permis de présenter les principaux résultats et accomplissements, de valoriser les partenariats inter-agences et la mobilisation des communautés, ainsi que de célébrer les efforts collectifs à travers des performances artistiques et culturelles, tout en assurant une forte visibilité médiatique et institutionnelle.
La lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles reste une urgence mondiale. Si les avancées technologiques ont permis des progrès considérables au service du bien-être collectif, elles ont également ouvert la voie à de nouvelles formes de menace. Parmi elles, la violence en ligne, qui touche massivement les femmes et les filles, s’impose désormais comme un danger constant, ont souligné les intervenants dans le cadre de la clôture de cette campagne.
Intervenant lors de la cérémonie, l’ambassadeur de Finlande à Tunis, Teemu Sepponen, a souligné que les violences numériques ne sont que le prolongement de celles exercées dans le monde réel, un phénomène qui exige une mobilisation urgente. Pour la Finlande, la lutte contre ces violences s’inscrit pleinement dans la défense des droits humains et de l’égalité, des principes considérés comme essentiels.
L’ambassadeur a rappelé que les sociétés fondées sur l’égalité sont plus résilientes face aux crises, et que le respect des droits des femmes constitue une condition centrale du développement durable. Il a salué les efforts de l’ONU et de ses partenaires en Tunisie pour combattre à la fois les formes traditionnelles et émergentes de violences sexistes. La campagne des 16 jours d’activisme, a-t-il ajouté, a mis en lumière l’urgence de combler les lacunes persistantes et de renforcer le rôle moteur de la Tunisie dans la promotion des droits des femmes.
Selon lui, l’édition de cette année a permis d’avancer des objectifs clés, notamment le renforcement de la collaboration entre agences grâce à une action numérique conjointe mettant en valeur la contribution de chacune. Une approche essentielle, a-t-il insisté, pour porter un message uni et convaincant. En mobilisant le public lors de ces rendez-vous, la campagne a cherché à renforcer le sentiment de solidarité et l’action collective. La campagne souhaite désormais institutionnaliser la cérémonie de clôture en un rassemblement annuel de haut niveau.
Cette cérémonie pourrait effectivement devenir une plateforme importante pour renforcer l’engagement et la responsabilité à long terme des parties prenantes, garantissant ainsi que la lutte contre les violences sexistes demeure une priorité dans les années à venir.
Aujourd’hui, une fois de plus, nous pouvons constater que la Tunisie constitue un exemple sans précédent en matière d’émancipation des femmes dans le monde arabe. Je suis fier du partenariat et de la coopération qui nous réunissent ici, y compris mon pays, la Finlande, en faveur des droits des femmes et des filles en Tunisie.
Le soutien de la Finlande s’étend également au secteur privé, où les entreprises finlandaises Nokia et Neuro sont des pionnières dans le développement de solutions technologiques destinées à protéger les droits des femmes et des filles. Je souhaite plein succès à la Tunisie, à nos pays respectifs, ainsi qu’à l’ONU et à ses organisations pour la poursuite de ce travail essentiel.
La Tunisie : lieu d’affirmation et de promotion du leadership des femmes.
Pour sa part, la responsable onusienne Nyaradzayi Gumbonzvanda a rappelé avoir passé une partie des « 16 jours d’activisme » sur le terrain, au Sénégal, au Nigeria et en Tunisie, où elle a rencontré des représentants des ministères de la Justice, des Affaires étrangères ainsi que des parlementaires. Une immersion qui lui a permis, dit-elle, de mesurer les progrès réalisés. « Je peux voir comment les Nations Unies, les États membres et les mouvements de femmes se sont mobilisés pour dire clairement non à ce crime. La violence contre les femmes est un crime, et nous devons la nommer pour ce qu’elle est». Mais, son constat est aussi empreint d’émotion : « Une femme sur trois a déjà subi des violences. Même dans cette salle, certaines en ont été victimes. Pendant que nous sommes ici, quelque part, une femme tente d’atteindre un poste de police, une autre cherche désespérément une structure où recevoir les services dont elle a besoin ».
Elle a également exprimé sa solidarité envers les femmes vivant dans des zones de conflit : « Mon cœur est avec les femmes du Soudan, de Palestine, d’Ukraine, et de tous les endroits ravagés par la violence ». Rappelant les principes fondateurs de l’ONU, elle souligne que la Charte « affirme que nous, peuples du monde, devons vivre dans la dignité et dans nos droits ». Or, déplore-t-elle, « la violence contre les femmes sape la véritable essence de cette Charte : la paix et la sécurité, les droits humains et le développement durable ».
Les 16 jours d’activisme, rappelle-t-elle, coïncident chaque année avec plusieurs journées internationales majeures à savoir la Journée mondiale du sida, la Journée des défenseurs des droits humains, la Journée des personnes handicapées, et en ce 10 décembre, la Journée internationale des droits de l’homme. « Ces 16 jours sont un moment où l’on se souvient, où l’on dialogue, mais aussi où l’on agit », affirme-t-elle. L’objectif est de poursuivre la mobilisation, renforcer les partenariats, amplifier les alertes, et surtout, trouver des solutions concrètes pour faire reculer les violences faites aux femmes. « C’est un grand plaisir pour moi de finir les 16 jours en Tunisie et dans ce magnifique lieu » a-t-elle encore déclaré.
« Je veux dire que nous sommes dans une nation, dans un pays qui, depuis des décennies, est un lieu d’affirmation et de promotion du leadership des femmes, et un acteur majeur dans l’avancée de l’équité, y compris au sein de la famille. Je suis dans une nation qui transcende à la fois le continent africain et la région arabe. Nous sommes dans un espace où, à travers la Méditerranée, nous pouvons parler de violences en ligne qui traversent les eaux et les océans. Nous sommes dans un pays qui a été parmi les premiers à signer l’agenda « Femmes, Paix et Sécurité ».
Un progrès dans la lutte
Selon elle, la cyberviolence constitue aujourd’hui une menace réelle pour les femmes. Les violences se produisent aussi en ligne, y compris la traite, facilitée par les outils numériques. Nous sommes dans un pays qui a adopté la résolution 1325. Nous sommes dans un pays qui a co-négocié la résolution portée par ONU Femmes aux côtés de l’Estonie. Ce pays a affirmé pouvoir offrir le meilleur de lui-même pour les droits des femmes. Aujourd’hui, je m’adresse à ma Tunisie. Aux États membres à travers le monde, à leurs sociétés civiles, je dis que c’est le moment de réaffirmer, de renouveler l’engagement, de guérir, de défendre, sans excuses, ce principe fondamental : la vie, c’est l’égalité. « Pour affirmer que les femmes ont des droits humains, elles doivent les connaître, les revendiquer et en jouir pleinement. Tant que nous connaîtrons des violences, tant que nous vivrons des violences en ligne et hors ligne, ces droits seront compromis, violés et abusés. Mais ils peuvent être défendus, déclarés et protégés, explique-t-elle plus loin.
Et de conclure « Nos pays, y compris mon pays, la Tunisie, et tous les pays du monde, ainsi que nous, les Nations Unies, devons continuer à appeler à l’autonomisation sociale, économique, culturelle des femmes, et à leur pleine participation aux espaces de décision ».
Cette cérémonie de clôture a mis en avant les progrès accomplis collectivement dans la lutte contre les violences numériques faites aux femmes et aux filles. Les actions menées et qui se poursuivront autour de la prévention, l’accompagnement des survivantes, la promotion de pratiques numériques responsables et la mobilisation de tous les acteurs pour faire du digital un espace de liberté plutôt que de violence.
S’inscrivant dans les 16 Jours d’activisme (25 novembre–10 décembre), la campagne “Uni.e.s contre les violences numériques” du Système des Nations Unies en Tunisie répond à l’augmentation des abus en ligne, alors que 60 % des femmes déclarent avoir subi des violences facilitées par la technologie. Coordonnée par ONU Femmes, l’UNFPA et le PNUD, elle a déployé plus de 40 actions dans tout le pays, avec un focus sur la violence numérique et l’appel à l’action collective. Elle se conclura le 10 décembre par une rencontre nationale présentant les résultats et les engagements à venir.
Photos: © Belhassen Lassoued










