Question de la semaine : Comment promouvoir la culture de gestion des risques au sein des entreprises ?
La Presse — Être entrepreneur consiste avant tout à avoir l’audace de prendre des risques.
La prise de risque est inhérente à toute entreprise, quel que soit son domaine d’activité.
Aucune organisation ne parvient à innover ni à générer de la croissance sans des dirigeants qui cultivent un certain goût du risque.
Mais assumer la prise de risque ne peut, en aucun cas, être considéré comme une mise en danger de la pérennité de l’entreprise.
Car la gestion du risque n’en est pas le refus : c’est une politique que l’organisation met en place pour détecter, prévenir et, le cas échéant, maîtriser les risques.
Il faut dire que la gestion du risque est un métier à part entière et surtout une culture, qui, malheureusement, fait défaut dans de nombreuses entreprises.
Certes, les investissements conséquents à consacrer aux dispositifs de prévention peuvent décourager des dirigeants qui y voient des charges supplémentaires pesant sur les finances de l’organisation.
Cependant, lorsqu’on considère le coût de l’inaction, c’est-à-dire l’absence de dispositifs de détection, un changement de paradigme peut s’opérer.
En effet, une entreprise dépourvue de tels dispositifs avance à l’aveugle.
l’impératif de promouvoir une culture de gestion des risques, fondée sur la conviction profonde de la pertinence de cet enjeu.
En somme, la question du risque au sein de l’entreprise peut être résumée à trois défis majeurs : l’identification du risque, sa prévention et sa maîtrise en cas de survenance.
Or, la détection du risque est une tâche particulièrement laborieuse. Les spécialistes recommandent, à ce stade, d’être aux aguets et surtout à l’écoute de tous afin de déceler les signaux, en particulier les plus faibles.
Car une crise est toujours précédée de signaux parfois imperceptibles.
Pour atteindre cet objectif, tous les moyens sont bons : entretiens avec les collaborateurs, visites techniques, audits, etc. Inventorier tous les risques susceptibles de générer des crises pouvant porter atteinte à la pérennité de l’entreprise constitue une première étape indispensable pour ensuite les prioriser et prendre les décisions adéquates.
En effet, les risques ne se valent pas, ni en termes d’impact ni en termes de probabilité de survenance.
Dans un ouvrage collectif intitulé «Regards croisés sur la gestion des risques en entreprise», des experts du domaine ont identifié trois grandes catégories de risques : le risque stratégique, résultant d’une incohérence entre la segmentation client, la valeur de l’entreprise et l’offre commerciale; les risques financiers, notamment ceux liés à la liquidité et les risques opérationnels, inhérents à l’exécution quotidienne de l’activité, en particulier les enjeux informatiques, juridiques, sociaux et psychosociaux.
Pour ces experts, d’autres enjeux plus macroéconomiques tels que les risques géopolitiques, la gestion des connaissances… relèvent également de la responsabilité de l’entreprise mais sont jugés moins prégnants.
Le plus important demeure que les dirigeants doivent considérer la détection du risque comme un enjeu à la fois organisationnel et comportemental.
Le facteur humain y joue un rôle déterminant.
C’est ce qui explique pourquoi l’investissement dans la formation des collaborateurs aux enjeux du risque revêt une importance particulière : ils constituent les garde-fous les plus efficaces face à des vulnérabilités de plus en plus imperceptibles.