Aux JCC, hommage à Abdelaziz Ben Mlouka : L’élégance et la discrétion d’un bâtisseur
En décernant un Tanit d’honneur à Abdelaziz Ben Mlouka, les JCC ont rendu hommage à un producteur qui a accompagné les plus beaux projets du cinéma tunisien et contribué, avec constance et conviction, à structurer tout un secteur.
La Presse — Samedi soir, à l’ouverture des Journées cinématographiques de Carthage, le temps s’est suspendu un instant pour saluer un homme de l’ombre.
Un de ceux sans lesquels les films n’auraient ni corps ni souffle. En décernant un Tanit d’honneur à Abdelaziz Ben Mlouka, les JCC ont rendu hommage à un producteur qui a accompagné les plus beaux projets du cinéma tunisien et contribué, avec constance et conviction, à structurer tout un secteur.
Né à Tunis, Abdelaziz Ben Mlouka appartient à cette génération fondatrice pour qui le cinéma relevait autant de la passion que de la responsabilité.
Son parcours débute à la SATPEC, école exigeante où il se forge une connaissance fine des mécanismes de la production, du terrain aux plateaux, des contraintes techniques aux équilibres financiers.
Une expérience décisive qui lui permettra, en 1989, de créer CTV Services — Cinéma, Télévision, Vidéo, Services —, une structure appelée à devenir un pilier du paysage audiovisuel tunisien.
Ben Mlouka impose une vision claire : professionnaliser le métier de producteur, défendre des standards élevés et offrir aux cinéastes un cadre solide pour oser, expérimenter, créer.
Sa société devient rapidement un soutien inconditionnel pour plus d’une génération de réalisateurs, accompagnant des œuvres marquantes du cinéma tunisien telles que «Poupées d’argile» et «Making of» de Nouri Bouzid, «Bedwin Hacker» de Nedia Feni, «La Villa» de Mohamed Damak, «Fleur d’oubli» de Salma Baccar ou encore «les Palmiers blessés» de Abdellatif ben Ammar et d’autres encore.
Autant de films qui ont façonné l’imaginaire collectif et porté la singularité du regard tunisien sur les écrans. Mais l’empreinte de Abdelaziz Ben Mlouka dépasse largement les frontières nationales.
Producteur exécutif sur de grandes productions internationales — Star Wars I : la Menace fantôme, Star Wars II : l’Attaque des clones, Flandres —, il contribue à faire de la Tunisie une plateforme de tournage crédible, attractive et respectée.
Grâce à son expertise, son sens de l’organisation et sa capacité à dialoguer avec les plus grands studios, il ouvre le cinéma tunisien à des collaborations d’envergure et inscrit le pays sur la carte mondiale de la production.
Avec sa contribution, des réalisateurs de sont illustrés dans le cinéma, les séries télévisées, le documentaire et la publicité, conjuguant créativité et efficacité, exigence artistique et maîtrise industrielle.
Abdelaziz Ben Mlouka n’a jamais cessé de défendre un métier souvent invisible, mais essentiel, et un secteur qu’il a contribué à structurer, professionnaliser et pérenniser.
En lui décernant un Tanit d’honneur, la 36e édition des Journées cinématographiques de Carthage célèbre bien plus qu’un parcours exemplaire.
Elle salue un engagement. Celui d’un producteur pour qui le cinéma n’était pas seulement une industrie, mais une aventure humaine, culturelle et mémorielle. Un homme qui, dans la discrétion et la fidélité au cinéma, a aidé à écrire quelques-unes de ses plus belles pages.