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Commentaire : Sympathie diplomatique, empathie apathique et dyspathie antipathique

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  • 16 décembre 17:15
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Commentaire : Sympathie diplomatique, empathie apathique et dyspathie antipathique

Depuis que la Syrie a basculé du régime baassiste des Assad à un gouvernement de transition démocratique en trompe-l’œil sous le pilotage d’une coalition islamiste, plusieurs analystes ont exprimé leur scepticisme quant à l’avenir de ce grand pays du Cham (Levant) et à la capacité des nouveaux maîtres de Damas à trouver la quadrature du cercle de la coexistence entre les différentes ethnies du pays et ses communautés multiconfessionnelles.

Il faut dire que le curriculum vitae des nouveaux dirigeants et l’historique de leurs hommes de main ne rassurent guère la communauté internationale surtout avec les connivences affichées de ces derniers avec les mouvements de l’Internationale jihadiste sans oublier les dernières poches ainsi que les cellules dormantes de Daech disséminées dans la région désertique de la Syrie et un peu partout dans les provinces reculées du pays.

D’ailleurs, les minorités alaouites de Jablé et les druzes de Soueïda sans oublier les Chrétiens de la région de Damas peuvent témoigner de la difficile cohabitation avec la sphère décisionnelle de la Nouvelle Syrie et ses forces de l’ordre, ex-jihadistes patentés, dont les dérapages autoritaires pour ne pas dire les bavures aux allures de nettoyages ethniques font tache d’huile.

Et voilà qu’on apprend que l’homme qui a tué deux soldats et un interprète américains le week-end dernier dans une attaque à Tadmor (Palmyre), imputée par les États-Unis à Daech (l’organisation terroriste État islamique, EI-NDLR), était membre des forces de sécurité syriennes « relevant du ministère de l’Intérieur depuis plus de dix mois », dont il devait être « radié » pour « idées islamistes extrémistes », selon un responsable de sécurité syrien, indiquant que « 11 membres des forces de la Sécurité générale » avaient été arrêtés après cet attentat.

Assurément, tel un grain de sable qui grippe la machine diplomatique de Damas via-à-vis de Washington, le drame de Palmyre ne peut qu’entacher la lune de miel et la bulle de sympathie amorcées par le rapprochement du président intérimaire syrien Ahmed al-Chareh avec l’administration Trump suite à sa visite historique à la Maison-Blanche, le 10 novembre dernier.

D’ailleurs, au lendemain de l’attaque meurtrière, Chareh a vite exprimé son empathie en adressant ses condoléances à son homologue américain Donald Trump et en exprimant la « solidarité » de la Syrie avec les familles des victimes.

Entre sympathie diplomatique et empathie apathique, à l’approche d’élections de mi-mandat peu favorables aux Républicains, l’acte criminel perpétré par un membre des sécurités syriennes risque de déclencher la dyspathie antipathique de Trump sous la pression d’un establishment américain très allergique aux mouvances islamistes et jihadistes, notamment le lobby sioniste. 

Nul doute, l’incapacité du gouvernement intérimaire syrien à mettre de l’ordre dans sa demeure et, surtout, à faire le grand ménage au sein de ses organes sécuritaires pourrait pousser le locataire de la Maison-Blanche à fermer la parenthèse enchantée ouverte avec Damas.

Le jeu de rallier une Syrie — dirigée par des Islamistes et noyautée par des Jihadistes —  aux Accords d’Abraham  en vaut-il la chandelle? Il faut dire que la patience de Donald Trump a ses limites quel que soit l’enjeu stratégique et géopolitique que représente une Syrie soutirée à l’influence russe.

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Auteur

Abdel Aziz HALI