Ils ont dit
Lassâad Ben Dhiab, PDG de Tunisie Telecom
La Presse — « Le monde traverse aujourd’hui de profondes transformations technologiques qui touchent l’ensemble des secteurs.
Les opérateurs n’ont d’autre choix que de suivre le rythme de ces mutations afin d’assurer une évolution qualitative de leurs services et de contribuer réellement à la création de richesse.
Le véritable enjeu, aujourd’hui, est la maîtrise des données. Cela suppose la mise en place d’une infrastructure sophistiquée, capable de gérer des volumes toujours plus importants de données tout en garantissant leur sécurité.
C’est dans cette optique que « Tunisie Telecom » déploie, depuis plusieurs années, des projets structurants visant à renforcer la disponibilité et la résilience de ses infrastructures.
Nous travaillons actuellement au déploiement de véritables autoroutes numériques à l’échelle nationale, à travers les réseaux de fibre optique et la technologie 5G, qui constitue un catalyseur essentiel de la transformation du pays.
Le déploiement de la fibre optique progresse à un rythme satisfaisant et le nouveau câble sous-marin « Medusa » est arrivé en Tunisie en octobre dernier.
Ce projet stratégique relie onze pays des deux rives de la Méditerranée, reliant l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient.
La Tunisie est le premier pays africain à bénéficier de cette interconnexion, qui permettra d’assurer des communications à très haut débit et de supporter des flux de données importants.
Sa mise en exploitation est imminente. « Tunisie Telecom » dispose également d’un centre de données mis en place il y a une dizaine d’années, qui fait l’objet d’un entretien et d’une modernisation continus afin de suivre l’évolution rapide du secteur.
Toutefois, le développement des infrastructures ne peut être dissocié d’une transformation culturelle et civilisationnelle en phase avec la transition numérique.
Cette évolution est indispensable pour renforcer l’attractivité de l’investissement et ouvrir de nouvelles perspectives, notamment dans le secteur de l’énergie.
Dans ce cadre, nous avons lancé un programme ambitieux de production d’énergie destiné à accompagner la croissance soutenue de la consommation énergétique liée au traitement et à la sécurisation des données.
Nous réaffirmons notre engagement à travailler avec l’ensemble des acteurs concernés afin de tirer pleinement profit de cette transformation technologique.
Le plus grand défi aujourd’hui reste la préservation de l’identité nationale dans un contexte de mutation technologique profonde, en particulier avec l’essor rapide de l’intelligence artificielle.
Il est essentiel d’intensifier les efforts pour faire de la Tunisie un véritable pôle de production de contenus basés sur l’IA, capable de suivre le rythme du développement mondial ».
Samir Majoul, Président de l’Utica
« Il est aujourd’hui nécessaire d’aller vers la mise en place d’un accord global de libre-échange entre la Tunisie et l’Algérie.
Un tel accord doit permettre la suppression de l’ensemble des barrières douanières et non douanières, afin de faciliter pleinement la circulation des produits entre nos deux pays et de donner une nouvelle impulsion aux échanges bilatéraux.
Le renforcement de l’investissement conjoint constitue un autre pilier essentiel de cette dynamique.
Les investisseurs tunisiens et algériens doivent pouvoir s’implanter librement dans tous les secteurs économiques, accéder au financement auprès des banques des deux pays et bénéficier, de manière réciproque, de la liberté de circulation, de résidence, de propriété et d’investissement.
Nos efforts doivent également se concentrer sur des secteurs stratégiques et à forte valeur ajoutée.
Je pense notamment à l’agriculture, à la pêche et à l’industrie agroalimentaire, à l’industrie pharmaceutique et à la santé, à l’énergie et aux énergies renouvelables, ainsi qu’à la cybersécurité et à l’économie du savoir.
D’autres secteurs méritent aussi d’être dynamisés, tels que les travaux publics, les composants automobiles, le textile, l’habillement et le textile technique, le cuir et la chaussure, le tourisme, l’environnement, le transport et la logistique.
Il est tout aussi important de progresser vers une libéralisation totale des monnaies des deux pays ainsi que des transactions économiques et touristiques, sur la base d’un taux de change unifié, convenu entre les banques centrales tunisienne et algérienne.
Enfin, je plaide pour le développement d’un partenariat tripartite associant les entreprises tunisiennes, algériennes et africaines, afin de renforcer notre présence sur les marchés du continent et de construire ensemble des chaînes de valeur régionales solides ».