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Culture

Les JCC : L’art de ne jamais céder

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  • 16 décembre 19:15
  • 3 min de lecture
Les JCC : L’art de ne jamais céder

On ne le dira jamais assez : les Journées cinématographiques de Carthage ne seront jamais un festival comme les autres. Elles ne le veulent pas. Elles ne le peuvent pas.

Et c’est précisément là que réside leur force. Les JCC ne deviendront jamais un espace dédié au star-system, encore moins une vitrine pour le prévisible, le film attendu, le palmarès tiède et consensuel.

Ici, le cinéma ne se consomme pas, il se traverse.

Depuis leur naissance, les JCC sont ce moment suspendu où les cinématographies se rencontrent, se frottent, se questionnent.

Une semaine durant laquelle l’écran devient un passeport, une fenêtre ouverte sur des ailleurs parfois lointains, souvent invisibilisés, toujours nécessaires.

Le temps d’un émerveillement brut devant des images qui n’obéissent ni aux modes ni aux lois du marché, mais à l’urgence de dire, de montrer, de témoigner.

Les JCC sont cet écran qui bouscule nos a priori. Celui qui façonne, année après année, notre imaginaire collectif.

Celui qui nous fait découvrir, parfois comme pour la première fois, une manière de filmer, d’habiter le cadre, de poser un regard singulier sur le monde.

Ici, les problématiques sont multiples, complexes, enracinées dans des réalités sociales, politiques, humaines qui refusent la simplification. Le cinéma y est un acte, une prise de position, une respiration.

À chaque édition, les JCC dessinent une géographie nouvelle. Non pas celle des cartes officielles, mais celle des esprits, des regards, des sensibilités.

Une géographie mouvante, renouvelée, indocile. Et c’est sans doute pour cela que l’on ne s’en lasse jamais.

Parce que les JCC refusent l’usure. Elles préfèrent le risque à la répétition, l’audace au confort.

Bien sûr, à chaque ouverture, des visages inconnus se bousculent sur un tapis rouge souvent mal assumé, jouant les stars d’un soir, mimant des codes qui ne leur appartiennent pas vraiment.

Bien sûr, la soirée d’ouverture manque parfois de chaleur, de ferveur, de ce public cinéphile qui fait battre le cœur du festival. Mais cela ne dure qu’un instant.

Très vite, les JCC retrouvent leur vrai public. Celui des salles pleines en journée, des débats passionnés, des discussions prolongées à la sortie des projections. Celui qui vient pour le cinéma, rien que pour le cinéma.

Les JCC ne perdent pas le nord. Elles avancent, portées, presque bénies, par un public particulier et par des militants de l’action culturelle, souvent discrets, parfois invisibles, mais bien présents.

Y compris au sein du comité d’organisation. Des gardiens de l’ombre, des garde-fous vigilants, qui veillent à ce que le festival conserve son ADN.

À ce que les JCC restent fidèles à leur promesse initiale : être le lieu d’un cinéma libre, exigeant, engagé.

Et tant que cet esprit-là tiendra, les JCC resteront ce qu’elles ont toujours été : un espace de résistance douce, un rendez-vous essentiel, un cinéma qui regarde le monde droit dans les yeux.

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Auteur

Asma DRISSI