L’industrie navale se positionne comme un levier stratégique de développement économique pour la Tunisie.
Des efforts sont déployés pour structurer et renforcer ce secteur à fort potentiel, à travers un plan stratégique ambitieux à l’horizon 2035 visant une croissance maritime durable, alliant souveraineté industrielle, transition énergétique et coopération régionale.
La Presse — Le développement du secteur portuaire s’explique par une combinaison de facteurs structurels, stratégiques et institutionnels qui se renforcent mutuellement et permettent à la Tunisie de s’imposer comme un acteur majeur du commerce maritime mondial.
La Tunisie veille depuis des années à l’amélioration de l’efficacité des ports, en offrant la flexibilité nécessaire pour répondre aux exigences d’un marché mondial compétitif.
Hubs logistiques intégrés
L’évolution de la stratégie portuaire tunisienne au cours des dernières années est guidée par une logique globale qui combine des objectifs économiques, géostratégiques et industriels, visant à positionner le pays comme un acteur majeur du commerce maritime et de la logistique en Afrique et en Méditerranée.
Cette logique repose avant tout sur la volonté de transformer les ports en hubs logistiques intégrés, capables de gérer de manière optimale le trafic de conteneurs, le transbordement et les matières premières stratégiques, tout en soutenant le développement industriel et économique. La nouvelle stratégie portuaire s’inscrit aussi dans une logique d’attractivité économique et de diversification des partenaires, en attirant des investisseurs internationaux de renom, tout en développant des relations avec de nouveaux marchés et partenaires commerciaux.
Cette diversification permet de sécuriser l’approvisionnement, de multiplier les flux de marchandises et de renforcer l’intégration de la Tunisie dans les chaînes globales de valeur.
Les ports tunisiens sont aujourd’hui des moteurs pour l’industrie navale, la pêche et l’économie bleue, contribuant à la création d’emplois et au développement économique durable.
La dimension géostratégique reste également centrale, la Tunisie se positionnant comme hub entre l’Europe et l’Afrique, capable de répondre aux besoins du transbordement international et de soutenir la compétitivité globale de son commerce maritime.
Le développement de l’industrie navale s’impose aujourd’hui comme un levier stratégique de croissance économique et de souveraineté industrielle pour la Tunisie.
A ceci s’ajoutent les efforts déployés en matière de transition énergétique et de réduction de l’empreinte carbone, dans le cadre d’une démarche éco-responsable visant à conjuguer performance logistique et durabilité.
Etant un pays historiquement à vocation maritime, surtout dans le domaine de la construction navale et le transport maritime, la Tunisie se doit de privilégier le développement de tous les secteurs du domaine maritime et de répondre aux nouvelles exigences de promotion du transport maritime.
Celui-ci a un impact sur tous les autres secteurs de l’économie nationale, d’où la nécessité de trouver des solutions pour développer la flotte de commerce maritime et les ports de commerce afin de répondre aux besoins de développement des échanges commerciaux du pays et de suivre la dynamique de développement rapide des infrastructures maritimes et portuaires dans le bassin méditerranéen.
Notons qu’en matière de commerce extérieur, le transport maritime réalise 98% de nos échanges avec l’étranger à travers les ports nationaux, ce qui montre, sans doute, le grand intérêt de ce secteur vital qui contribue, à juste titre, au développement économique du pays.
Réviser la politique de développement des industries maritimes
Dans le même contexte, plusieurs mesures ont été annoncées récemment par le gouvernement pour soutenir ce secteur.
Un programme national sera conçu début 2026 pour développer les installations maritimes et moderniser les ports et les connecter aux réseaux routiers et ferroviaires. I
l s’agit également de restructurer les entreprises nationales du secteur maritime, moderniser le cadre légal et réglementaire maritime, développer le système de formation maritime, soutenir l’investissement national et étranger.
Il s’agit aussi de renforcer la compétitivité et l’intégration industrielle et logistique ainsi que de créer des partenariats internationaux et des projets de coopération pour positionner la Tunisie comme un hub régional des industries maritimes.
« Le diagnostic du secteur et des perspectives des industries maritimes ainsi que les principaux défis rencontrés seront intégrés dans la stratégie nationale globale dans le domaine maritime actuellement en élaboration », précise la Cheffe du gouvernement.
Des programmes seront mis en place pour développer le secteur et renforcer sa présence sur les marchés régionaux et internationaux, notamment en consolidant la position de la Tunisie comme l’un des principaux pays africains dans la construction de navires militaires et commerciaux, de bateaux de pêche et de loisirs ainsi que dans leur entretien et réparation.
La cheffe du gouvernement a, sur un autre plan, insisté sur le besoin de réviser la politique actuelle pour le développement des industries maritimes, dans le cadre de la préparation de la stratégie nationale globale du secteur maritime.
La stratégie nationale de l’État en matière d’industrie et d’innovation à l’horizon 2035 vise à créer « une industrie hautement compétitive et technologiquement avancée » capable de s’insérer dans le système mondial.
Elle repose sur plusieurs axes et priorise des secteurs prometteurs, tels que la construction navale et les bateaux de loisirs, avec la mise en place de chartes de partenariat pour renforcer leur compétitivité, dont la charte pour le secteur des navires et bateaux de loisirs, prévue pour le premier semestre 2026, en partenariat avec les instituts de formation professionnelle, les universités et les centres de recherche.
Potentiel exceptionnel
Le pays dispose d’un littoral long de 1.300 km, sans compter les îles, au cœur d’un espace où 92 % des échanges commerciaux mondiaux transitent par voie maritime, tandis que 98 % du commerce extérieur tunisien passent eux aussi par la mer.
Autre indicateur majeur : 30 % du commerce maritime international se déroulent au large des côtes tunisiennes.
L’objectif assigné est clair : faire du pays une plateforme régionale de formation maritime, un hub d’industries navales et un acteur incontournable de l’économie bleue, mettre en place des réseaux logistiques efficaces et créer des plateformes multimodales adaptées aux chaînes de valeur maritimes.
Pour développer ce secteur stratégique, il est primordial de veiller à la création de zones franches multifonctionnelles autour des grands ports tunisiens, au lancement de centres de recherche en technologies marines, et au développement de corridors maritimes grâce à des partenariats avec des pays du bassin méditerranéen et d’Afrique.
De même, l’intensification de la concurrence régionale et internationale dans le secteur maritime, combinée aux mutations technologiques du transport mondial, impose à la Tunisie d’investir dans des ports de nouvelle génération.
Le futur port d’Enfidha ambitionne de devenir l’un des hubs maritimes les plus compétitifs du sud de la Méditerranée.
Il aura un impact considérable sur les chaînes d’exportation et le développement du troisième district du pays, reliant la frontière algérienne aux côtes orientales.
Sur le plan stratégique, la Tunisie doit consolider sa position sur une Méditerranée qui représente à elle seule près de 30 % du trafic maritime mondial.