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Entre espoir et inquiétude : le dispositif de restructuration peine à couvrir l’ampleur de la crise économique

  • 17 décembre 18:53
  • 3 min de lecture
Entre espoir et inquiétude : le dispositif de restructuration peine à couvrir l’ampleur de la crise économique

L’approbation de 151 dossiers de restructuration financière PME constitue une avancée positive mais nettement insuffisante face à l’ampleur de la crise économique que traverse le pays, selon Yassine Gouiaa, président de l’Organisation nationale des entrepreneurs. Ce chiffre représente une goutte d’eau dans l’océan des difficultés économiques nationales, alors que près de 800 000 entreprises dont la moitié nécessiteraient une restructuration urgente suite aux répercussions des crises sanitaires et économiques successives.

La gravité de la situation économique se reflète dans les statistiques alarmantes révélant qu’en 2022, 40% des PME se trouvaient au bord de la faillite, confrontées à des problèmes structurels profonds, à des difficultés financières majeures ou à une sous-capitalisation chronique. L’État s’est engagé à mobiliser environ 342 millions de dinars pour soutenir ces institutions dans le cadre de ce mécanisme de restructuration, qui vise principalement à résoudre les crises financières des entreprises industrielles.

Des critères d’éligibilité particulièrement restrictifs

Les critères d’éligibilité particulièrement stricts expliquent en partie le nombre restreint d’entreprises retenues dans cette première vague. Les sociétés candidates doivent présenter des actifs immobilisés bruts oscillant entre 100 000 milles et 15 millions de dinars, ce qui exclut d’emblée de nombreuses structures. Les secteurs du commerce, de la promotion immobilière, de la finance et des hydrocarbures se voient également exclus du dispositif. Pour prétendre à cette aide, les entreprises doivent démontrer avoir traversé des difficultés financières significatives durant les trois dernières années, matérialisées par une baisse substantielle de leur chiffre d’affaires et de leur activité, une accumulation de dettes bancaires, des pertes consécutives ou une chute des fonds propres en dessous de la moitié du capital social. 
L’activité depuis au moins un an et la tenue d’une comptabilité conforme à la législation constituent également des prérequis incontournables. Gouiaaexprime l’espoir que ce premier contingent de 151 entreprises serve de projet pilote annonçant une extension future du programme.

Un déficit de transparence et de concertation

Les lacunes dans la mise en œuvre et la communication autour de ce processus suscitent de vives critiques de la part du président de l’Organisation nationale des entrepreneurs. L’absence d’appel public à candidatures et le « manque de clarté des plateformes d’information » concernant les critères d’éligibilité ont empêché de nombreuses entreprises de se manifester. Les complexités bureaucratiques et la lenteur administrative constituent des obstacles majeurs pour les entreprises en situation d’urgence, qui nécessitent pourtant une intervention rapide. L’absence de statistiques officielles précises sur le nombre exact d’entreprises en crise entrave considérablement l’élaboration de politiques publiques efficaces et adaptées à l’ampleur réelle du problème.

M. Gouiaa déplore profondément l’exclusion des organisations de la société civile, dont l’Organisation nationale des entrepreneurs, des instances décisionnelles telles que la réunion du 15 décembre ayant examiné 11 dossiers. Ces organisations économiques demeurent pourtant plus proches de la réalité quotidienne des entreprises et comprennent mieux les défis concrets auxquels elles font face sur le terrain.

 

Auteur

S. M.