L’endroit était sans doute mal choisi. C’était à l’occasion d’un fark. Mais il y a de sujets qui s’imposent. On venait de faire paraître le communiqué relatif au montant à payer pour effectuer le pèlerinage cette année.
La Presse — En dépit de tous les efforts déployés par le ministère des Affaires religieuses, ce montant demeure élevé.
Bien sûr, il faudrait être en possession de tous les éléments pris en considération pour expliquer pourquoi on a atteint cette somme. Mais le commun des citoyens se trouve confronté à un obstacle presque insurmontable.
En effet, pour effectuer le cinquième pilier de l’Islam (le pèlerinage), on s’évertue à économiser des années durant.
Mais de nos jours, mettre de côté près de vingt cinq mille dinars (montant réclamé et les frais de séjours minimums) n’est pas aisé. Et comme tout doit être payé rubis sur l’ongle, sans emprunt aucun, bien des personnes optent de plus en plus pour le petit pèlerinage, faute de moyens financiers conséquents.
La discussion s’est surtout animée autour d’un sujet que l’on peut considérer important. Comment se fait-il que c’est aussi cher? Et pourquoi ne pas ouvrir la voie à d’autres opérateurs pour trouver moins cher?
Questions pertinentes certes, mais qui négligent l’aspect sécurité et garantie des services offerts.
D’ailleurs, les agences de voyages ont demandé à être associées à cette campagne du hadj.
Avant la mise en place de l’organisme qui organise actuellement le hadj en Tunisie, des agences effectivement s’en occupaient. Nous avons été témoins des manquements et des arnaques qui ont coûté des vies humaines.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle on avait mis en place cet organisme qui prenait tout en charge.
Les premières années n’ont pas été faciles. Mais les choses devinrent de plus en plus organisées et bien des pays ont copié l’organisation tunisienne, qui se prévaut d’une prise en charge totale : transport, service médical (souvent sollicité par des pèlerins étrangers), encadrement… ont permis plus de visibilité et réduit considérablement les difficultés. Ces risques n’étaient pas à dédaigner.
C’est ainsi que l’on enregistre moins de complications et de périls à l’affut de l’inconnu pour les pèlerins qui respectent les consignes, se déplacent en groupes, sont ponctuels et disciplinés, etc.
Le fait de confier le hadj à d’autres opérateurs est à notre sens un grand risque. Ces agences, ne serait-ce que cette année, ont commis bien des entorses aux contrats établis pour la Omra. Elles ont même été rappelées à l’ordre. Il y a trop d’intervenants. Pour commencer, il faudrait d’abord mettre un terme à toutes les manipulations et les arnaques dont se plaignent ceux qui accomplissent le petit pèlerinage et mettre hors d’état de nuire les agences fautives ou qui agissent en solitaire.
Tel que nous l’avions rapporté, il y a des agences implantées dans un pays voisin qui prennent en charge des candidats tunisiens au petit pèlerinage, les transportent en dehors du territoire national et les ramènent une fois la Omra terminée. Nul ne sait dans quelles conditions s’est déroulée cette Omra ? Ceux qui ont été lésés se taisent parce qu’ils sont en infraction. Il y a, en effet, ceux qui ont dénoncé ces arnaques et d’autres qui se sont tus, principalement en raison des facilités de paiement que leur consentent ces agences. De toutes les manières, comment faire le choix et pourquoi changer un programme qui marche ?
Reste le côté coût. Nous en avions parlé dans une de nos éditions. Pour faire des économies et éviter la fatigue du hadj, il faudrait le raccourcir. Comment le faire alors que le transporteur a besoin de toute cette période en vue d’organiser ses rotations? Pour des raisons de responsabilité et de sécurité, nous sommes pour notre transporteur national et pour ceux qui effectuent ce trajet en accord avec lui. Recourir à des charters pour des raisons d’économie est toujours un risque.
Le hadj, dont le séjour se prolonge autour d’une semaine après la fin du rite, est exposé à des maladies (malgré les vaccins), à de la fatigue (l’âge est souvent avancé), au manque de moyens financiers, souvent épuisés par les achats de fanfreluches. A ce propos, nous avons vu des transporteurs prendre en charge les passagers programmés, en leur offrant un repas chaud une fois arrivés dans la salle de départ. C’est à envisager.
Par ailleurs, ceux qui louent les hôtels et autres bâtiments sur place imposent prix (en constante augmentation, eau et électricité devenus payantes, la TVA sur les services et tout ce qui se consomme, etc.) et durée, pour s’assurer le plein en toute quiétude.
Ce n’est pas donc aussi simple de changer quoi que ce soit et c’est la raison pour laquelle il faudrait regarder à deux fois avant de prendre des décisions stratégiques et logistiques aussi importantes.