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Economie

Secteur bancaire : Éducation et innovation financière

  • 18 décembre 19:00
  • 4 min de lecture
Secteur bancaire : Éducation et innovation financière

Les banques tunisiennes n’ont pas encore réussi à s’aligner à la hiérarchie, aussi bien régionale qu’internationale, en raison de la timidité de leurs fonds propres, de certaines limites structurelles et d’un déficit aussi bien technologique que digital toujours important.

Elles doivent, de ce fait, se remettre en cause et servir, par conséquent, l’inclusion financière.

La Presse — Selon le dernier classement de 2025 basé sur les fonds propres de catégorie 1, aucune banque tunisienne n’a réussi à intégrer le top 20 africain.

Et c’est toujours la même hiérarchie qui domine le classement : l’Afrique du Sud, l’Egypte, le Maroc, l’Algérie et le Nigeria.  Pourtant, la qualification de notre capital humain est reconnue et bien attestée. 

Le rapport précise que cette situation se justifie, en grande partie, par des limites structurelles relatives notamment à la taille du marché que les experts qualifient de peu profond et peu favorable à l’accumulation de capital. 

On parle aussi de contraintes macroéconomiques liées au niveau d’exposition de la dette souveraine, à la volatilité des devises ou encore au ralentissement économique qui empêche la constitution de réserves rassurantes. 

Des fonds propres insuffisants

Les experts estiment également que « la concentration des banques tunisiennes, aussi bien publiques que privées, sur le marché local a fini par pénaliser leur fonctionnement et freiner leur épanouissement ». 

Sans parler, bien entendu, du recours excessif, ces dernières années, au secteur bancaire pour le financement du budget de l’Etat, ce qui s’est traduit par « une certaine difficulté dans la reconstitution des provisions et le rééquilibrage des fonds propres », reconnaissent les experts. 

Une exposition, donc, quelque peu risquée, surtout si l’on tient compte de la taille de notre marché local.

Bien qu’il ne soit pas catastrophique, ce classement pourrait être lourd de conséquences, notamment en termes d’attractivité des capitaux étrangers, ou encore d’accès des entreprises locales à des financements compétitifs, comme on l’a déjà soulevé dans ces mêmes colonnes (voir La Presse du 16 octobre).

Nos banques doivent donc se remettre rapidement en cause et identifier des pistes sérieuses pour améliorer leurs fonds propres et gagner en compétitivité. 

Cela suppose, toutefois, l’amélioration, comme le recommandent les analystes, de la gestion des risques crédits et la maîtrise, aussi, des créances douteuses pour minimiser les pertes potentielles. 

Cette dernière disposition est d’autant plus incontournable que les statistiques disponibles retiennent que le taux des créances douteuses (NPL) s’est situé, au terme du 1er trimestre 2025, aux alentours de 14,7 %.

Un peu trop pour un secteur qualifié, déjà, de fragile.

Innovation, concurrence et ouverture internationale

De toute évidence, face au stress financier international et les pressions géoéconomiques, de plus en plus pesantes, le secteur bancaire tunisien a besoin de toute une réinvention en profondeur. 

Cette réinvention devrait tenir compte de la transparence totale de la gestion, de l’élargissement de la concurrence, à travers l’implication de nouveaux acteurs, de la consolidation de l’innovation financière, de la diversification des partenariats stratégiques et de la garantie, donc, d’une meilleure ouverture régionale et internationale. 

Nos banques doivent, aussi, se doter d’une bonne expérience-client, à travers « la digitalisation, la consolidation des services personnalisés, le renforcement de leur opérationnalité et la garantie d’un meilleur niveau d’éducation financière ».

Il s’agit là d’un nouveau mode centré, essentiellement, sur le client, et qui est en mesure de combiner technologies et services humains.

Une connexion qui gagnerait encore plus en fiabilité en évoluant dans le cadre d’un programme de RSE (Responsabilités sociétales des entreprises) bien établi.

Un tel programme est d’autant plus important qu’il aiderait, comme le soutiennent certaines analyses, « à relever, même progressivement, le pari de l’inclusion bancaire, à travers l’amélioration de l’accès aux services, notamment de base, la réduction des inégalités et la consolidation de l’autonomie financière, ou encore de servir toute approche d’épanouissement socioéconomique durable ». 

Un enjeu stratégique qui constitue, depuis quelque temps, le fondement même de notre politique de développement national.

 

Auteur

Anis SOUADI