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Culture

Mohamed Lakhdar Hamina : Pionnier du cinéma algérien et chantre de l’indépendance

  • 20 décembre 19:45
  • 4 min de lecture
Mohamed Lakhdar Hamina : Pionnier du cinéma algérien et chantre de l’indépendance

Un hommage qui a permis au public de revisiter l’œuvre rare certes mais combien foisonnante de cet auteur profondément ancré dans l’histoire de son pays, notamment durant la guerre d’indépendance.

La Presse — Mohamed Ladhdar Hamina, pionnier et figure de proue du cinéma algérien, décédé à l’âge de 91 ans, a marqué son passage au cinéma grâce à des films marquants comme le chef d’œuvre «Le vent des Aurès » ou encore «Chroniques des années de braise», la seule Palme d’or arabo-africaine au Festival de Cannes.

Film qui raconte la guerre d’indépendance de l’Algérie à travers les yeux d’un paysan.

La 36e édition des JCC lui a rendu un vibrant hommage en lui consacrant une section à travers laquelle ont été projetés quelques-uns de ses films : «Chroniques des années de braise), «Crépuscule des ombres» et «Le vent des Aurès».

Un hommage qui a permis au public de revisiter l’œuvre rare certes mais combien foisonnante de cet auteur profondément ancré dans l’histoire de son pays notamment durant la guerre d’indépendance. 

Mohamed Lakhdar Hamina est originaire de la ville de M’Sila, située dans le nord de l’Algérie.

Lors de sa jeunesse, il a été marqué par la répression et les injustices commises par les colons français.

Témoin de cette époque, il décide de rejoindre la résistance algérienne après avoir commencé à étudier l’agriculture et puis le droit.

Dans les années 60, peu avant l’indépendance de son pays, il s’installe à Tunis et travaille avec le gouvernement provisoire de l’Algérie. 

Très vite, il comprend que le cinéma est un outil puissant pour transmettre la mémoire nationale et rendre compte des exactions commises par l’occupant français.

Il part alors à Prague étudier le cinéma à la Famu, l’une des meilleures écoles de cinéma en Europe.

Mais très vite, il quitte les bancs de l’école et choisit de rejoindre les célèbres studios Barrandov de Prague.

Armé d’une solide pratique cinématographique qui va, plus tard, forger son style, il est chargé par le ministère de l’Information en exil avec deux autres cinéastes, Djamel Chanderli et Pierre Chaulet, de réaliser un documentaire sur la situation de l’Algérie sous l’occupation coloniale auquel ils ont donné le titre de «Djazaïrouna».

Après l’indépendance de l’Algérie en 1962, il entre de plain pied dans la réalisation de films qui se distinguent par son engagement politique dans la cause juste de son pays et contribue à l’édification du cinéma national algérien.

Son premier long métrage «Le vent des Aurès» (1966) est un chef-d’œuvre.

Il a été salué par la critique internationale et remporté un prix au Festival de Cannes 1967.

L’histoire d’une mère à la recherche de son fils emprisonné pendant la guerre d’indépendance, non seulement a ému le monde entier, mais a marqué les esprits jusqu’à nos jours.

En 1975, il réalise un autre chef-d’oeuvre «Chroniques des années de braise», une fresque en six parties sur la lutte de l’Algérie contre le colonialisme qui lui a valu la Palme d’or du Festival de Cannes, l’unique et seule distinction obtenue par un réalisateur arabe à nos jours.

Suivront d’autres films comme «Tempête de sable» (1982), «Hassen Terro» (1986), «Vent de sable» (1982) et le dernier «Crépuscule des ombres (2014). 

Son œuvre anticolonialiste immortalise des moments décisifs de l’histoire algérienne et contribue à la préservation de la mémoire postcoloniale. Figure majeure du cinéma algérien, Mohamed Lakhdar Hamina marque à jamais non seulement le cinéma algérien mais aussi le cinéma africain et de tous ceux qui ont subi les traumatismes de la colonisation. 

Auteur

Neila GHARBI