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Culture

Journées cinématographiques de Carthage – « Cinéma du monde » : On a regardé pour vous…

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  • 23 décembre 19:30
  • 4 min de lecture
Journées cinématographiques de Carthage – « Cinéma du monde » : On a regardé pour vous…

Si le cinéma du Sud reste prioritaire pour les JCC, constituant l’ADN même du festival, voir des rendez-vous incontournables du cinéma mondial n’est pas de refus. Arrêt sur deux pépites !

La Presse — « Late Shift » de Petra Volpe : quand le cinéma miroite l’humain  

Avec « Late Shift » (Spätfolgen / Late Shift), la cinéaste suisse Petra Volpe livre un film d’une grande justesse sociale, centré sur le quotidien éprouvant du personnel soignant. La réalisatrice nous plonge dans une nuit de travail à l’hôpital, véritable épreuve morale et émotionnelle.

Le long métrage suit « Floria », une infirmière expérimentée affectée au service de chirurgie durant un service de nuit. Très vite, la surcharge de travail, le manque de personnel et l’enchaînement des urgences mettent son professionnalisme à rude épreuve.

Chaque patient nécessite du temps, de l’écoute, de l’attention — des ressources devenues rares dans un système hospitalier sous pression. La nuit avance, et avec elle l’épuisement, la frustration et la peur de commettre l’irréparable.

Sujet très présent au niveau national comme à l’international : l’état des services hospitaliers publics. « Late Shift » dresse un constat tranchant des dysfonctionnements du système hospitalier, cette fois- ci en Europe, en Suisse.

La scénariste ne tombe pas dans le pathos inutile : ce sont les gestes, les silences, les regards qui traduisent de la violence à tous les niveaux, souvent implicite.

Le long métrage, qui rappelle sans doute une dure réalité, met en lumière une réalité souvent invisible : celle des soignants contraints de choisir souvent: Qui aider en priorité ? Qui peut attendre ? Et à quel prix ?

Porté par une interprétation remarquable, le personnage de Floria incarne ces blouses blanches qui tiennent à bras-le-corps leurs établissements. Loin de l’image héroïque idéalisée, Petra Volpe propose une figure plus complexe : une professionnelle compétente, mais avec ses failles, engagée, mais épuisée.

Cette approche renforce l’identification du spectateur et donne au film une portée universelle.

« Father Mother Sister Brother » de Jim Jarmusch : les liens familiaux décortiqués 

Dans une édition 2025 des JCC marquée par des œuvres engagées et de récits élaborés, c’est un film puissant et humain « Father Mother Sister Brother », qui est programmé dans la section « Cinéma du monde ».

L’œuvre, signée Jim Jarmusch, a remporté le prestigieux Lion d’or.

Le cinéaste indépendant américain ne cesse de faire échos partout dans le monde.

Son dernier long métrage en date passe par Tunis ! Le récit casse avec le traditionnel car « Father Mother Sister Brother » se présente comme un triptyque — trois récits distincts liés par un même thème : la complexité des relations entre enfants adultes, leurs parents et leurs frères et sœurs.

Dans la partie « Father », deux frères et sœurs se rendent auprès de leur père reclus dans le New Jersey, Dans « Mother » qui se déroule à Dublin, deux sœurs retrouvent une mère distante dans un cadre étrange.

Enfin, « Sister Brother » suit des jumeaux à Paris qui reviennent dans l’appartement familial après le décès de leurs parents.

Un dispositif distingué qui prouve à quel point le réalisateur et scénariste peut jongler avec ses personnages, son scénario et son univers décomplexé et unique. 

Le film réunit un florilège d’actrices et d’acteurs : Tom Waits, Adam Driver, Mayim Bialik, Charlotte Rampling, Cate Blanchett, Vicky Krieps, Indya Moore et Luka Sabbat.

Des acteurs remarquables qui campent des personnages humains, traversés par différentes émotions. Le film privilégie l’exploration du familier et un cinéma de l’intime.

« Father Mother Sister Brother », titre insolite pour un long métrage saisissant, effectue sa sortie commerciale dans le monde en décembre 2025.

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Auteur

Haithem Haouel