À l’horizon décembre 2026, la Banque de financement des petites et moyennes entreprises s’apprête à franchir une étape déterminante avec l’aboutissement de son nouveau système d’information.
Loin de se limiter à une simple modernisation technologique, ce projet est appelé à constituer le pilier de la restructuration de la banque et à redéfinir en profondeur son mode de fonctionnement et ses perspectives.
La Presse — Le processus de mise en place du nouveau système d’information devrait s’achever d’ici décembre 2026. Pour la Banque de financement des petites et moyennes entreprises (Bfpme), il s’agit d’une étape décisive, appelée à marquer le coup d’envoi de sa restructuration et à redéfinir ses perspectives.
L’annonce a été faite lors d’une journée d’information organisée récemment à Tunis, en présence des équipes de la banque ainsi que des représentants de son conseil d’administration.
Cette rencontre vise à communiquer et à sensibiliser le personnel à l’importance de ce projet, considéré par le directeur général, Wajih Hassine, comme le cœur du changement de la Bfpme.
« L’impact de ce projet ne se fera pas sentir uniquement au niveau des logiciels et des applications utilisés, mais également sur l’ensemble de l’organisation de l’entreprise, qui s’emploie à réussir sa restructuration et à se projeter vers l’avenir », a-t-il affirmé dans une déclaration à La Presse.
En effet, lors de sa création en 2005, la Bfpme a hérité du système d’information d’une autre banque d’investissement, sans se doter de son propre dispositif.
Une situation qui a limité ses performances et commencé à mettre en péril sa pérennité. « Pour gérer l’argent, il faut un système. Celui-ci permettra à la banque de disposer d’une information fiable et instantanée », a-t-il précisé.
Se projeter vers l’avenir
Selon le DG, le nouveau projet s’articule autour de trois axes majeurs : le traitement des défaillances structurelles héritées du passé, la réforme et la restructuration de la banque, ainsi qu’une montée en qualité des services fournis.
Après le lancement de l’appel d’offres, le projet, co-financé par le Fonds arabe de développement économique et social (Fades) est aujourd’hui en phase de démarrage et devrait s’achever en décembre 2026.
Dans ce contexte, le responsable a ajouté que ce nouveau système d’information permettra d’optimiser l’offre bancaire de la Bfpme, qui constitue le bras financier de l’Etat dans la promotion de l’investissement des PME.
« Le nouveau SI constituera le socle permettant d’optimiser les décisions et les financements octroyés, mais aussi de concevoir tout produit financier ou non financier destiné aux PME.
Il permettra à la banque de travailler sur une multitude de produits, notamment les crédits de court et de moyen termes, le bas de bilan, l’accompagnement et la restructuration.
Des produits adaptés aux besoins et à la réalité des PME en Tunisie », a-t-il ajouté. Et de souligner : « Dans la majorité des cas, la Bfpme finance des PME qui ne peuvent pas accéder aux crédits accordés par les banques commerciales.
Près de 65 % de nos interventions sont orientées vers les zones de développement régional ».
Si la banque traîne depuis sa création un stock de projets en difficulté, elle opère aujourd’hui un changement de cap et œuvre à diversifier son offre afin de préserver sa pérennité tout en continuant à financer et accompagner les PME.
« Depuis quelques années, la banque a changé sa politique de crédit. Les projets en difficulté ne représentent plus que 25 % de son portefeuille, ce qui constitue un pas en avant.
Elle s’attellera, désormais, à résoudre les problèmes liés au stock hérité », a-t-il déclaré.
Hassine a également fait savoir que la Bfpme sera l’instrument de l’Etat pour concrétiser sa politique de soutien et d’appui aux PME, y compris les start-up et les entreprises communautaires, une priorité annoncée dans le cadre de l’exécution du plan de développement 2026-2030.
« Autrefois, on disait qu’une banque est un système d’information et un réseau.
Aujourd’hui, avec la tendance portée par la digitalisation, l’abandon des agences devient une orientation du secteur. Une banque est donc, avant tout, un système d’information », a-t-il asséné.
Un système robuste qui permet l’intégration de l’IA
« Un système d’information pour une banque est un outil de production, et non pas un outil de gestion.
J’ai souvent dit qu’une banque sans système d’information, c’est comme une cimenterie sans four », a lancé, de son côté, Khaled Triki, directeur général de MpSoft, l’entreprise partenaire de la banque dans la mise en œuvre du projet.
Selon ses dires, ce nouvel outil de travail permettra d’améliorer les conditions de travail, la productivité et l’efficience au sein de la banque, de sorte que le banquier puisse se concentrer davantage sur son cœur de métier.
« Ce qui est encore mieux, c’est que les clients en bénéficieront : la décision sera plus rapide, le choix plus structuré, et la communication entre la banque et le client beaucoup plus fluide et plus claire », a-t-il ajouté. Il a également souligné que ce nouveau système d’information aura un impact économique sur la banque et sur l’écosystème des PME en Tunisie, en général, dans la mesure où il lui permettra de se doter des moyens nécessaires pour améliorer sa situation financière et atteindre la rentabilité, au bénéfice, notamment, des PME.
Au sujet des défis de cybersécurité accompagnant la mise en place de ce système, Triki a affirmé que les cyber-risques sont totalement maîtrisés, d’autant plus que le système développé par l’entreprise a déjà fait ses preuves au sein d’autres institutions financières.
Il a, par ailleurs, indiqué que le nouveau système mis en place par la Bfpme sera évolutif, avec la possibilité d’y intégrer l’intelligence artificielle, notamment pour la détection des fraudes, l’analyse du portefeuille clients et l’optimisation des produits destinés aux PME.
