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Dattes et huile d’olive : Prospective et anticipation, c’est ce qui manque le plus

  • 24 décembre 19:00
  • 5 min de lecture
Dattes et huile d’olive : Prospective et anticipation, c’est ce qui manque le plus

Ces deux concepts, proches mais distincts, ne semblent pas encore être des priorités pour ceux qui veillent sur des secteurs sensibles et qui engagent bien des parties prenantes.

L’anticipation est la capacité à se préparer aux changements qui pourraient intervenir et qui de toutes les manières, sont annoncées par bien des signes qui se rapportent à un secteur donné ou tout simplement par une simple logique.

La prospective est une démarche structurée d’exploration des futurs possibles pour baliser les décisions à prendre pour un futur souhaitable, dépassant la simple prévision.

Ces décisions bousculent souvent l’habituel, mais et c’est à partir des scénarios imaginés que dépend la réussite des stratégies mises en œuvre, impliquant souvent plusieurs acteurs pour passer de l’idée à l’action. 

Nous ne reviendrons pas sur la nécessité de réserver à nos secteurs clefs, nos richesses, une attention bien particulière.

Nous nous contentons, en évoquant ces richesses, de nous poser une question rituelle : à combien allons-nous vendre notre huile, nos agrumes, nos dattes, nos grenades, etc?

Comment les écouler, ce que nous devons faire pour en faire un label, comment éviter que cette récolte ne devienne un souci, un poids, une menace, etc? 

Aucun de ceux qui abordent cette question ne semblent s’en inquiéter.

Ceux qui montrent le bout du nez, dans les médias, commencent par les considérer comme une catastrophe et se contentent de mettre en évidence les «pertes» occasionnées par ces dons divins.

Au point de fausser complètement les voies à emprunter, pour réussir les campagnes à amorcer en toute quiétude.

Prenons le secteur du poulet prêt à consommer (PAC) qui est confronté à des défis réglementaires et structurels.

Des tonnes de poulet sont régulièrement saisies un peu partout par les autorités sanitaires, en raison de leur abattage et de leur conservation.

Ils sont impropres à la consommation et sont de ce fait détruits. 

Cette destruction, incontournable, implique des pertes à tous les niveaux.

Les vendeurs de la ville de Gafsa ont dernièrement organisé une manifestation  pour exiger une révision de la loi régissant le secteur et la création d’un abattoir municipal dans la région.

Ces revendications soulignent l’importance de la mise à jour du cadre juridique et la mise à niveau des  infrastructures nécessaires pour garantir la stabilité du secteur et protéger la santé publique.

Combien de fois a-t-on soulevé cette question d’abattoir ? Pourquoi les autorités concernées par cette question, dans toutes les villes de la République, n’ont-elles pas réagi et pris la décision de remise à niveau ou de construction d’un abattoir pour prévenir ce genre de problème ?

Parce que tout simplement ces responsables sont habitués à n’agir que sous la pression, en cas de catastrophe.

Pourtant, la révision de la loi régissant le secteur du poulet prêt à consommer et la création d’un abattoir municipal dans les régions constituent des priorités. 

Elles ont été maintes fois évoquées, parce qu’elles relèvent aussi bien de l’aspect sanitaire, juridique et structurel.

Il convient de noter que le commerce de la distribution de volailles est actuellement régi par la loi n° 44 de 1991, modifiée par la loi n° 38 de 1994, et complétée par un décret ministériel de 2005 qui en précise les modalités d’exploitation.

Une  loi vieille de trente ans qu’il est temps de mettre  à jour,  afin de tenir compte de l’évolution économique et sociale, tout en répondant aux attentes des consommateurs.

Depuis combien de temps a-t-on compris que la production d’huile d’olive connaitra une évolution notable et qu’il faudrait s’y préparer ? On est encore au point de motiver les personnes capables d’en stocker pour sauver la récolte !

Les dattes, les fruits exotiques, les agrumes ? Nous en aurons davantage (si tout se passe bien) l’année prochaine et cette évolution, qui ne date pas de l’actuelle campagne, n’est un secret pour personne.

Comment l’a-t-on préparée ? Les moyens d’écouler ces richesses, leur mise en valeur, leur transformation, leur valeur ajoutée, la conquête de nouveaux marchés, etc; ces actions qui devraient émaner d’un plan et d’une stratégie pré établis donnent l’impression d’être prises au jour le jour.

De quoi affoler les producteurs, stimuler les spéculateurs et surtout désorienter le consommateur.

De quoi encourager nos concurrents potentiels qui occupent la place et nous supplantent dans bien des marchés qui étaient à notre portée.

En l’absence de prospective et d’anticipation, il y a assurément bien des choses à changer.

Auteur

Kamel GHATTAS