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La Tunisie mise sur ses ingénieurs pour l’industrie automobile

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  • 24 décembre 16:26
  • 3 min de lecture
La Tunisie mise sur ses ingénieurs pour l’industrie automobile

Le secteur automobile tunisien, pilier historique de l’industrie nationale, atteint un tournant stratégique, oscillant entre saturation industrielle et nouvelles opportunités d’ingénierie. Selon Sabri Brahem, membre du comité directeur de la Tunisian Automotive Association (TAA) et responsable régional des ressources humaines chez Dräxlmaier, le modèle basé sur l’industrie de masse et l’exportation arrive à maturité, nécessitant une réorientation des priorités sectorielles.
Le secteur a largement rempli ses objectifs initiaux, définis par la loi 72 : renforcer les exportations industrielles et absorber la main-d’œuvre tunisienne. Plus de 40 ans d’efforts en formation et développement des compétences ont permis à la Tunisie de constituer un tissu industriel solide, capable de rivaliser avec des pays comme le Maroc ou l’Égypte. Le secteur représente aujourd’hui un moteur d’emploi et un pilier des exportations.
Cependant, plusieurs contraintes se font sentir. La saturation du marché de l’emploi, particulièrement pour les profils ouvriers, constitue un défi majeur. La baisse du taux de natalité, la forte intensité de main-d’œuvre par unité de production et la concurrence internationale post-Covid-19 aggravent la tension sur les ressources humaines. Parallèlement, la dépendance à l’Europe, qui absorbe près de 90 % de la production, expose le secteur aux fluctuations économiques et réglementaires, notamment autour de l’échéance de 2035 pour les motorisations thermiques, et rend la visibilité à court terme incertaine.
Face à ce contexte, la priorité stratégique consiste à sécuriser et stabiliser l’existant. Selon Brahem, l’objectif n’est plus l’expansion quantitative rapide, mais la durabilité de l’appareil industriel sur 9 à 10 ans, afin de traverser cette phase de transition mondiale sans érosion du tissu productif.
En parallèle, une opportunité majeure se dessine : l’ingénierie et le design automobile. La Tunisie s’impose comme une destination crédible pour le design, l’ingénierie logicielle et le développement de solutions techniques pour les marchés mondiaux. Chaque année, 8 000 à 10 000 ingénieurs y sont formés, constituant une “matière grise” recherchée à l’échelle internationale. Plusieurs multinationales ont déjà amorcé cette transition en implantant des noyaux d’ingénieurs dans le pays. L’enjeu est désormais de changer d’échelle, structurer cette dynamique et attirer davantage d’acteurs internationaux.
“La pérennité du secteur tunisien repose ainsi sur deux leviers : sécuriser ses acquis industriels et capitaliser sur ses compétences humaines de haut niveau pour s’inscrire pleinement dans les chaînes de valeur mondiales de l’ingénierie automobile. Cette double approche pourrait transformer les contraintes actuelles en moteurs durables de compétitivité”, a assuré Sabri Brahem.

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Auteur

Meriem KHDIMALLAH