Dans un communiqué rendu public, la Syndicale indépendante des réalisateurs et producteurs indique que depuis sa création, les Journées Cinématographiques de Carthage (JCC) se sont toujours voulues un bien collectif appartenant aux professionnels du cinéma, fondées sur le principe d’une participation effective des associations cinématographiques et des structures professionnelles à leur gouvernance et à la définition de leur vision. Elles n’ont jamais été conçues comme une institution bureaucratique pilotée d’en haut, mais sont nées dans le giron des ciné-clubs, en tant qu’espace de résistance et de liberté, célébrant le cinéma du Sud, défendant les causes de la libération et de la justice, et plaçant l’art au service de la conscience et de l’émancipation. Dans cette continuité, tout écart à ce principe de co-gestion, tout effacement de ces structures constitutives, constitue une trahison manifeste de l’esprit fondateur du festival.
Cela étant dit, les dysfonctionnements organisationnels et les manquements administratifs ayant entaché la présente édition ne sauraient occulter les réelles avancées artistiques qu’elle a également portées : une programmation de grande qualité, un renouveau de la cinéphilie, une forte mobilisation du public, ainsi qu’un engagement clair en faveur d’une identité arabo-africaine dans le choix des œuvres. Ces acquis méritent d’être consolidés, non compromis par les défaillances de gestion.
Parmi les manifestations les plus criantes de ce désordre figure l’attribution exclusive au Centre National du Cinéma et de l’Image de la charge logistique, sans véritable articulation avec la vision artistique, ayant engendré confusion et désarroi au détriment de la réputation même du festival.
De même, la cérémonie de clôture, marquée par l’absence des jurys et le refus de communiquer leurs rapports au public, a offert un triste exemple de prise de décision unilatérale et d’une propension aux célébrations superficielles, en totale contradiction avec l’âme militante des JCC.
C’est pourquoi nous appelons à une évaluation sérieuse, globale et transparente, réunissant toutes les associations cinématographiques, les structures professionnelles et les acteurs authentiques du secteur, afin de reconstruire les JCC sur leurs fondations historiques : un véritable phare artistique et intellectuel, affranchi de toute tutelle, et jamais réduit à un instrument au service d’un agenda étranger à sa vocation culturelle et émancipatrice.