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Culture

Décès de l’historien culinaire et spécialiste de la gastronomie Abderrazak Feki : Adieu, R’zouga !

  • 26 décembre 22:17
  • 4 min de lecture
Décès de l’historien culinaire et spécialiste de la gastronomie Abderrazak Feki : Adieu, R’zouga !

Oui, adieu le confrère et l’ami qui nous a quittés hier suite à une longue maladie qui a eu raison de sa ténacité face aux épreuves. Il est parti dans la fidélité à son image de toujours, dans la discrétion et l’humilité.

Abderrazak Féki. F E K I. Il insistait pour épeler ainsi son patronyme, moins par particularisme régionaliste que pour marquer son attachement viscéral à la tradition, lui qui, par ailleurs, était de tous les combats d’avant-garde pour le progrès dans tous les domaines.

Abderrazsak avait commencé sa carrière professionnelle au département de la Culture en tant que bibliothécaire pour enfants. Il investissait dans cette mission tout le sérieux et toute l’abnégation dont il était capable. Cela lui valut le très profond (et très gratifiant) attachement de ses pupilles qui ont trouvé en lui non seulement l’encadreur bienveillant mais aussi l’animateur à l’imagination féconde qui leur faisait aimer la lecture et toutes les activités annexes.

Un homme de goût et de culture

R’zouga a rejoint notre rédaction 1998 à l’invitation de son ami Gustor, alors animateur de la page « Vadrouille » et qui signait sous ce pseudonyme une chronique consacrée à l’art culinaire (pour ne pas recourir à l’appellation ici pompeuse et inappropriée) de gastronomie. Et si Gustor était mu par la volonté d’introduire dans la tradition journalistique tunisienne un genre jusque-là inconnu et, en tout cas, non (ou mal) pratiqué, le premier, lui, était un fin gourmet qui, régulièrement, régalait ses amis des fruits de ses tours de main et qui savourait avec délectation le partage de cette passion avec son entourage.

Sa première contribution, il la signait le 6 mars de cette cette année-là sous le titra de « Au rythme des saisons », dans lequel il souligner, en matière de cuisine, l’impératif de suivre le rythme de la nature pour réussir les meilleurs recettes.

Cette collaboration hebdomadaire qui a duré une vingtaine d’années, Abderrazak l’assumait avec tout le sérieux qui sied à quelqu’un de profondément consciencieux. Avant l’entame de ses articles, il interrogeait la documentation sur les origines et devenir des produits et des recettes ; surtout, il s’informait auprès des veilles ménagères sur le pourquoi et le comment de la chose.

Au fil des ans, son autorité en la manière s’affirmait et son aura s’étendait. En l’an 2000, il fut sollicité notre consœur Zakia Hédigi qui, sur Canal 7 (c’est ainsi qu’on appelait alors l’actuelle Tunis I) lança les premières matinales à la télévision nationale. Il le fit durant deux saisons, préparant en direct chaque matin une recette tunisienne, de la capitale ou des régions, en en soulignant la singularité et les effets attendus, au plan gustatif comme au plan sanitaire.

R’zouga collabora également avec plusieurs radios privées.

Retiré après sa retraite de la vie médiatique, il s’attela à un grand projet de rédaction sur la cuisine tunisienne, l’histoire de son évolution et ses caractéristiques actuelles. La tâche était immense, les encouragements minimes et les conditions de vie précaires. Puis vint la maladie qui, inexorablement, l’a mis sur la voie de la retraite définitive.

Que sa famille trouve ici l’expression de notre profonde sympathie et que l’image que R’zouga laisse derrière lui et qui lui survivra très longtemps lui apporte consolation et réconfort.

Auteur

Tahar Ayachi