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Culture

«Ouroboros, le serpent qui se mord la queue» à La Librairie Fahrenheit 451 : Un rituel d’observation

  • 27 décembre 19:00
  • 3 min de lecture
«Ouroboros, le serpent qui se mord la queue» à La Librairie Fahrenheit 451 : Un rituel d’observation

On perçoit chez Insaf Sâada un goût pour le dialogisme entre l’histoire et l’invention, dont elle se sert comme une matière critique pour réfléchir au temps présent, à la finitude de l’être, aux cycles de renouvellement, à l’autofécondation comme mécanisme de production artistique et symbolique.

La Presse — Rappelons que l’Ouroboros puise ses origines dans l’Égypte ancienne et la mythologie nordique, et qu’il occupe une place centrale en alchimie comme dans l’hermétisme.

Symbole à la fois de création et de destruction, il incarne le Tout, la continuité et l’éternel recommencement, un principe fondamental partagé par de nombreuses traditions philosophiques et spirituelles.

Le parcours de Insaf Sâada, née à Tunis en 1961 et formée à l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Paris, dessine une trajectoire d’artiste protéiforme, autant peintre que sculptrice, nourrie par des résidences et des rencontres (notamment avec Pierre Soulages et Yuri Kuper qui élargissent son carnet de gestes et de matières.

Cette polyphonie matérielle (toile, marbre, céramique, métal ) n’est pas un simple exercice technique, elle agit comme une voix scénique capable de passer d’un registre figuratif à un langage plus abstrait et organique. 

L’exécution conceptuelle d’Ouroboros se déploie dans une esthétique où la figure du serpent, enroulée sur lui-même, se voit réinterprétée par l’assemblage de matériaux et par l’empreinte du geste.

On perçoit chez Insaf Sâada un goût pour le dialogisme entre l’histoire et l’invention, dont elle se sert comme une matière critique pour réfléchir au temps présent, à la finitude de l’être, aux cycles de renouvellement, à l’autofécondation comme mécanisme de production artistique et symbolique.

La présence du travail de Insaf Sâada dans les murs de Fahrenheit 451, depuis le 13 décembre, transforme l’espace de la librairie en une agora visuelle où dialoguent l’image et le script.

Lieu littéraire par excellence, la librairie se fait atelier vivant, et les œuvres de l’artiste s’y insèrent comme des signaux, des indications qui invitent le visiteur à lire la surface certes, mais aussi les strates temporelles et affectives qui la traversent.

Son œuvre se déploie comme une danse entre ouverture et fermeture, comme un rite qui se déclenche à chaque fin de cycle.

L’Ouroboros devient alors un rituel d’observation à travers lequel notre regard se déploie sur l’illusion de la permanence. Le travail de Sâada ne cherche pas tant à figer l’éternel qu’à mettre en évidence les mouvements qui le maintiennent en vie, ceux des fractures, des recompositions, des textures qui parlent d’un temps en perpétuel recommencement. A voir!

Auteur

Meysem MARROUKI