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La Tunisie, pays d’origine “sûr” : demande d’asile en forte baisse, éloignements en hausse

  • 28 décembre 10:13
  • 3 min de lecture
La Tunisie, pays d’origine “sûr” : demande d’asile en forte baisse, éloignements en hausse

Alors que la demande de visas touristiques explose, les indicateurs liés à l’asile et à l’immigration irrégulière, tirés des statistiques officielles du ministère français de l’Intérieur, placent la Tunisie dans le cadre strict des pays d’origine “sûrs”, avec des procédures d’éloignement en nette augmentation. 

Si la Tunisie se distingue par son immigration qualifiée, les dynamiques récentes des flux et les données relatives à la protection internationale et au contrôle migratoire dressent un tableau bien différent. Ce constat s’appuie sur les derniers Chiffres clés de l’immigration, publiés le 24 décembre 2025 par le service statistique ministériel Immigration – Intégration (SSMII) du ministère français de l’Intérieur.

Le pays y occupe une position contrastée, marquée par une demande de court séjour vigoureuse, mais un net repli des visas de long séjour et une place très marginale dans l’asile. 

Le grand écart des visas

Dans le domaine des visas, la Tunisie présente deux visages opposés. D’un côté, les visas de court séjour connaissent une forte dynamique (+18,5% en 2024, à 88 070 délivrances). De l’autre, les visas de long séjour subissent une baisse significative de 14,9%, avec 20 068 délivrances, selon le rapport du SSMII. Le nombre total de demandes de visas formulées par les Tunisiens a progressé de 13,3%, atteignant 138 766, témoignant d’une pression constante sur les services consulaires. 

Une demande d’asile marginale en recul constant

Sur le plan de la protection internationale, la Tunisie occupe une place très secondaire, caractéristique des pays considérés comme “sûrs” par les autorités françaises. Les chiffres officiels ne montrent aucune ambiguïté : seulement 393 premières demandes d’asile ont été enregistrées en 2024, ce qui marque une nouvelle baisse de 23,5%. Cette décrue s’inscrit dans une tendance à l’effondrement mise en lumière par la statistique ministérielle : après un pic à 1 365 demandes en 2021, le pays était déjà tombé à 439 en 2022. 

Au sein du Maghreb, la Tunisie se classe en troisième et dernière position, loin derrière l’Algérie (1 246 demandes) et le Maroc (640). L’ensemble des trois pays ne représente qu’environ 1,8% de la demande d’asile totale en France (129 909 demandes). Conséquence directe de ce statut, le nombre de protections accordées aux Tunisiens reste très faible (305 en 2024), bien qu’en légère hausse, selon les données de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) compilées par le ministère. 

Une présence accrue dans les chiffres de l’immigration irrégulière

Sur le volet de la lutte contre l’immigration irrégulière, les indicateurs sont en hausse. Les statistiques du ministère de l’Intérieur montrent que la Tunisie occupe le cinquième rang national avec 13 414 interpellations d’étrangers en situation irrégulière en 2024 (+13,6%). 

Plus significatif encore, le nombre de mesures d’éloignement prononcées à l’encontre de ressortissants tunisiens s’établit à 11 029, plaçant le pays en deuxième position maghrébine. En termes d’éloignements effectivement exécutés, on compte 1 295 retours forcés ou aidés, un chiffre qui place la Tunisie au cinquième rang national. Le taux de coopération consulaire tunisienne pour la délivrance des laissez-passer, bien qu’en amélioration, reste limité à 41,1% selon le bilan du SSMII.

Auteur

S. M.