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Tunisie 2025 : Une année charnière pour la reprise économique

  • 28 décembre 15:52
  • 9 min de lecture
Tunisie 2025 : Une année charnière pour la reprise économique

Au cours de l’année 2025 qui a constitué une étape charnière dans le processus économique tunisien, le pays a réussi à surmonter les répercussions des crises mondiales successives et à réaliser une stabilité relative de ses indicateurs macroéconomiques, surmontant ainsi la situation de récession qui a caractérisé les dernières années.

Ces résultats reflètent le succès de la politique de résilience adoptée par l’État tunisien, qui s’est basée notamment sur la réactivation des facteurs de croissance tout en préservant les grands équilibres financiers dans une conjoncture internationale délicate.
En effet, le taux de croissance en Tunisie s’est stabilisé à 2,4%, au cours des neuf premiers mois de 2025 (en glissement annuel), avec des prévisions tablant sur un taux d’environ 2,6% pour l’ensemble de l’année 2025 (contre 1,4% en 2024), en parfaite cohérence avec les prévisions de la Banque mondiale (BM) et du Fonds monétaire international (FMI), dont les prévisions tablaient sur un taux se situant entre 2,5% et 2,6% pour l’année en cours.

De même, le taux de chômage et l’indice des prix ont reculé grâce à l’amélioration des performances des différents secteurs productifs, notamment, l’agriculture en faveur de conditions climatiques propices, ainsi que la reprise progressive de la plupart des activités industrielles et la dynamique positive constante du secteur touristique, selon les données de l’Institut national de la statistique (INS).

Des experts ont affirmé que même si le taux de croissance peut paraître modeste dans un contexte de défis internationaux, il représente néanmoins un point de transformation stratégique après des années de fluctuation.

Cette croissance est portée par la résilience de secteurs productifs souverains et les efforts soutenus du gouvernement pour restructurer les finances publiques et renforcer la flexibilité de l’économie nationale, dans le cadre de l’approche nationale basée sur le fait de compter sur ses propres moyens, de renforcer les sources de création de richesse et de bien exploiter les énergies, les compétences et les capacités productives disponibles.

Miser sur les secteurs traditionnels a conduit à la relance économique en 2025

Le passage de la Tunisie vers une zone de croissance positive n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat de performances exceptionnelles de trois secteurs qui ont constitué une « ceinture de sécurité » pour l’économie nationale, notamment, l’agriculture, les services et le tourisme, parallèlement à un recul relatif des taux d’inflation tout en maintenant un niveau acceptable de devises étrangères.
Le secteur agricole a joué un rôle majeur dans cette amélioration, enregistrant une hausse de sa valeur ajoutée d’environ 9,8% (11,5% en glissement annuel selon les résultats du troisième trimestre de l’INS).
La production abondante d’huile d’olive et de dattes a contribué, également, à ajuster la balance commerciale, profitant de la hausse des prix mondiaux.Le secteur touristique a été l’un des principaux moteurs de croissance durant l’année en cours.
Selon les statistiques du ministère du Tourisme et les indicateurs de la Banque centrale de Tunisie (BCT), jusqu’au 20 décembre 2025, les recettes touristiques ont augmenté de 6,3% par rapport à 2024, pour s’approcher des deux milliards de dollars.
La Tunisie a accueilli plus de 11 millions de touristes, dépassant ainsi le record précédent, qui a atteint, en 2019, environ 9,4 millions, avant que le secteur ne subisse un déclin, suite à la pandémie de Covid-19 (2020/2022).
Le secteur des hôtels et restaurants a progressé, également, de 7,1%, porté par la stabilité de la situation sécuritaire et la diversification de l’offre touristique incluant l’écotourisme, le tourisme médical ainsi que le tourisme balnéaire.
L’année 2025 a également été marquée par une reprise du rythme de production du phosphate à des taux inégalés depuis une décennie. Au cours du premier semestre 2025, la production du phosphate commercial a enregistré une hausse de 55% par rapport à la meme période de 2024.
Quant aux transferts des Tunisiens résidant à l’étranger, ils ont poursuivi leur tendance haussière pour atteindre, jusqu’au 27 décembre 2025, près de 8,5 milliards de dinars (environ 2,2 milliards de dollars), soit une augmentation annuelle de 6%.
Le secteur des services a quant à lui maintenu sa performance positive avec une croissance de 1,9%, tandis que la valeur ajoutée des activités industrielles a augmenté de 3,4%.

L’État parvient à maîtriser l’inflation

S’agissant des prix, l’État est parvenu à maîtriser l’inflation qui a légèrement reculé, en 2025, pour se situer au niveau de 4,9%, et ce, suite au ralentissement du rythme de la hausse des prix de certains produits de première nécessité, notamment les denrées alimentaires.

Cette situation a encouragé la Banque centrale de Tunisie (BCT) à abaisser son taux directeur à 7,5% en mars, après des années de resserrement monétaire, donnant un nouveau souffle aux PME en matière de financement de leurs projets.
Les investissements en Tunisie ont connu, à leur tour, une forte hausse, en 2025, puisque le pays a réussi à attirer plus de 2,885 milliards de dinars d’investissements étrangers directs et indirects à fin septembre 2025, soit une hausse de 28,1% par rapport à la même période en 2024.
Concernant le commerce extérieur, les exportations de phosphates et de leurs dérivés ont progressé de 11,9%, tandis que celles des industries mécaniques et électriques ont augmenté de 6,7%. En revanche, les exportations d’énergie ont chuté de 39%.
Pour ce qui est des réserves en devises, elles couvrent 108 jours d’importation, au 26 décembre 2025, permettant au pays d’honorer ses engagements extérieurs. Pour rappel, la Tunisie est parvenue à rembourser ses échéances de dette extérieure pour 2025, selon les données du ministère des Finances et de la BCT.

En ce qui concerne le taux de change du dinar tunisien par rapport au dollar américain et à l’euro, il s’est redressé respectivement de 2,8% et de 0,5%, à fin septembre 2025, comparativement à la même période en 2024. Il convient de noter que, selon des rapports internationaux, le dinar tunisien est la monnaie la plus forte d’Afrique en termes de valeur nominale par rapport au dollar.

Suite à l’amélioration des principaux indicateurs de la Tunisie, la notation souveraine du pays a été révisée à la hausse, par plusieurs agences de notation internationales.

Efforts de l’État et politiques correctives

L’État tunisien a adopté, durant l’exercice 2025, un ensemble de mesures en vue de soutenir les moteurs de la croissance économique, notamment la réforme fiscale et la justice sociale.
Les efforts ont été orientés, aussi, vers la rationalisation des importations et l’orientation progressive des subventions qui cibleront non plus les prix mais les catégories sociales vulnérables, à travers la mise en place du programme « Amen »,qui soutient les citoyens les plus vulnérables à travers des transferts monétaires, des services de santé et des opportunités d’autonomisation économique.
L’Etat a œuvré, en outre, à l’amélioration du climat des affaires et à la consécration du principe de la liberté d’investissement, grâce à la poursuite de la suppression des autorisations et la révision des cahiers de charges pour l’exercice de plusieurs activités économiques.
L’année 2025 a été marquée, également, par l’amendement du décret relatif au Fonds de transition énergétique, parallèlement à la poursuite des travaux de préparation au lancement de nouveaux projets d’énergie solaire et éolienne.

Vers un décollage économique en 2026

Les données révélées par plusieurs rapports locaux et internationaux publiés, au cours de l’année en cours, estiment que la Tunisie entamera l’année 2026 avec une situation économique relativement confortable en comparaison avec son environnement régional. Au cours de l’année 2026 qui connaitra le démarrage d’exécution du plan de développement 2026/2030, l’Etat prévoit un taux de croissance de 3,3%.
Selon la balance économique, les prévisions tablent sur une diversification des sources de croissance en 2026 et le renforcement de l’apport des secteurs économiques notamment ceux à forte valeur ajoutée, ce qui ne manquera pas de diversifier l’économie et d’améliorer la capacité du pays à faire face aux chocs.

Il convient de rappeler que le plan de développement 2026-2030 s’articule autour d’une nouvelle approche basée sur la planification ascendante

dans le cadre de laquelle les conseils élus jouent un rôle prépondérant en matière de proposition de solutions innovantes pour impulser le développement dans leurs régions.

Pour cela, les axes de la balance économique pour l’année 2026 ont été conçus pour répondre aux besoins de la phase actuelle, en concrétisation de la vision du président de la République Kaïs Saïed et en se basant sur les propositions des conseils locaux, régionaux et des districts dans le cadre de la préparation du plan de développement 2026-2030.

Les proposition de ces conseils ont commence à etre concrétiser à travers l’inscription d’un ensemble de projets proposés à caractère économique et social dans le cadre de la balance économique et le budget de l’Etat pour l’exercice 2026.
Dans le même cadre, l’effort sera focalisé sur l’amélioration de la rentabilité des secteurs productifs et des services, tout en mettant l’accent sur la mise en oeuvre de programmes sectoriels spécifiques et des politiques appuyant le processus de développement. L’objectif fixé pour l’année 2026 est de réaliser une croissance de 3,3% du PIB aux prix fixes, contre 1,8% en 2025.

Ce rythme de croissance permettra ainsi l’évolution de 7,4% du revenu par habitant pour atteindre le seuil de 15691 dinars en 2026. Néanmoins, le défi majeur pour la Tunisie en 2026 demeure la transformation des chiffres en développement peremettant de créer des opportunités d’emplois réelles pour les jeunes.

La capacité de la Tunisie de pereserver les fondements économiques en 2025, confirme que le principe de compter sur soi n’est pas un simple slogan, mais c’est plutot un processus économique nécessitant un long souffle et une stabilité législative. Il s’agit également de garantir une croissance ascendante en 2026, tout en adoptant une approche de vigilance financière avec le parachèvement des réformes structurelles.

Grâce à ses compétences humaines et à la diversité de son économie, la Tunisie est en mesure de transformer les défis mondiaux en
opportunités de croissance durable et de s’intégrer au sein des chaines valeurs internationales.

 

Auteur

La Presse avec TAP