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Economie

Entreprise et entrepreneuriat : À l’épreuve du changement 

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  • 31 décembre 18:15
  • 6 min de lecture
Entreprise et entrepreneuriat : À l’épreuve du changement 

Entre l’essor des entreprises communautaires, la résilience du secteur privé, l’ancrage progressif de la durabilité et l’effervescence de l’écosystème des startups, le tissu économique a poursuivi, en 2025, sa mutation.

Cette évolution ouvre la voie à de nouvelles perspectives pour accompagner le développement de l’entreprise.

La Presse — Trois ans seulement après la publication du premier décret les encadrant, les entreprises communautaires ont essaimé dans les régions à travers le pays. Ce modèle d’économie sociale et solidaire, dont les expériences internationales ont démontré l’efficacité en matière de développement local et de réduction de la pauvreté, devrait encore accélérer au cours de la période à venir. 

L’élan des entreprises communautaires

Portée par des avantages fiscaux et financiers introduits par le nouveau décret de 2025, mais aussi par la loi de Finances 2026, la dynamique observée en 2025 devrait ainsi se consolider. En l’espace d’une seule année, le nombre d’entreprises communautaires a doublé pour s’établir à 280 à fin 2025. Un signal fort de leur ancrage progressif dans les territoires, d’autant que 77 % d’entre elles sont locales et que 80 % opèrent dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche.

Au cours de l’année écoulée, 88 entreprises communautaires ont, par ailleurs, reçu des notifications d’octroi de fonds pour un montant global de 29,46 millions de dinars. Et la trajectoire est loin d’être achevée. Le ministère table sur la création de 400 nouvelles entreprises communautaires en 2026 et prévoit de se pencher davantage sur la gouvernance du secteur afin de renforcer sa capacité de création d’emplois.

L’entreprise privée : un rôle économique en deçà de son véritable potentiel

Petite, moyenne ou grande, l’entreprise privée continue de jouer un rôle prépondérant dans l’économie nationale, l’investissement et l’emploi. En 2025, elle a une nouvelle fois fait preuve de résilience, malgré des défis persistants, notamment en matière d’accès au financement bancaire. Cinq ans après le choc du Covid, l’entreprise tunisienne poursuit le développement de son chiffre d’affaires, investit et recrute, même si les performances diffèrent selon les secteurs d’activité.

Les industries mécaniques et électriques figurent, par exemple, parmi les mieux loties et poursuivent une dynamique positive, comme l’attestent les derniers chiffres relatifs aux indices de la production industrielle et aux prix de vente industriels. Après une forte progression de plus de 32 % entre 2020 et 2022, le niveau d’investissement des entreprises privées s’est, depuis, stabilisé.

Toutefois, leur contribution à l’investissement national ne dépasse pas 58 %, comme l’a récemment affirmé le gouverneur de la Banque centrale, Fethi Zouhair Nouri, lors de la 39e édition des Journées de l’entreprise de Sousse. Une situation susceptible d’évoluer favorablement si «les chefs d’entreprise, les banques et la Banque centrale décident d’agir ensemble, différemment », pour reprendre les termes du gouverneur.

Il s’agit ainsi de passer d’un schéma classique de financement, reposant sur la banque et les fonds propres, à une véritable architecture financière des projets, combinant plusieurs sources et s’appuyant davantage sur l’ensemble de l’écosystème financier. La création de valeur à travers l’investissement productif dans de nouveaux projets, notamment dans la transition verte, l’économie du savoir, l’industrie et le digital, constitue dès lors un levier essentiel pour l’avenir de l’entreprise tunisienne.

Une année placée sous le signe de la durabilité

Sous l’effet de normes environnementales internationales de plus en plus exigeantes, un nombre croissant de PME tunisiennes ont renforcé en 2025 leur engagement environnemental. La durabilité n’est plus un simple slogan : elle est devenue, pour une large frange du tissu productif, une composante structurante des stratégies d’entreprise.

De plus en plus d’acteurs y consacrent des budgets spécifiques et adoptent des critères ESG, en particulier dans les secteurs industriels tournés vers l’export. Les résultats de plusieurs enquêtes, à l’instar du baromètre «Miqyes » sur la durabilité de l’entreprise, confirment cette évolution. Les grandes entreprises montrent également la voie. En 2025, treize sociétés cotées en Bourse ont publié pour la première fois leurs rapports ESG, renforçant ainsi les pratiques de reporting extra-financier en Tunisie.

Le lancement en 2025 de la deuxième génération du Programme de mise à niveau de l’industrie tunisienne, désormais axé sur l’innovation et la durabilité, vient conforter cet ancrage progressif dans les nouveaux standards de l’entreprise durable.

Un écosystème de start-ups en pleine effervescence

Portées par de jeunes talents animés par l’esprit d’entreprendre, les startups continuent de pulluler en Tunisie. L’écosystème local de l’innovation gagne en visibilité à l’échelle internationale, soutenu principalement par des secteurs tels que l’intelligence artificielle, la Health Tech et la Green Tech. C’est également dans ces entreprises technologiques que de nombreuses femmes diplômées choisissent de faire carrière.

Selon les données officielles, l’entrepreneuriat féminin numérique en Tunisie a progressé de 35 % en cinq ans, depuis 2020. Le compteur de labellisation poursuit sa progression, portant le nombre de start-ups labellisées au-delà de la barre symbolique des 1 000. Cette dynamique positive masque toutefois des obstacles persistants, notamment des financements insuffisants, des procédures administratives lourdes et des difficultés d’accès au marché local.

Auto-entrepreneur : encore du chemin à parcourir

En 2025, les freelances et, plus largement, les auto-entrepreneurs ont commencé à tirer parti du nouveau statut d’auto-entrepreneur, qui offre des avantages fiscaux et sociaux notables. Lancée en 2024, la plateforme dédiée à l’auto-entrepreneur a livré en 2025 un premier bilan mitigé. Un peu plus de 3.500 bénéficiaires ont obtenu leur carte électronique faisant office de patente au cours de l’année.

Un démarrage jugé encourageant, mais qui met en lumière l’ampleur des efforts de communication encore nécessaires pour toucher un public plus large et atteindre l’objectif annuel de 25 mille auto-entrepreneurs.

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Auteur

Marwa Saidi