Comité général du contrôle des dépenses publiques : La stratégie digitale nationale, un pari pour moderniser l’Etat
La Tunisie a longtemps parlé de numérisation, elle commence enfin à l’organiser. Avec la Stratégie digitale nationale, l’État tente de transformer un slogan en politique publique, et une promesse en méthode.
LA PRESSE — C’est ce qu’a affirmé, mardi à Hammamet, la présidente du Comité général du contrôle des dépenses publiques (Cgcdp), Kaouther Néji, à l’ouverture des travaux de la rencontre annuelle des contrôleurs des dépenses publiques.
Le pays n’invente rien, a-t-elle fait remarquer, mais il entend rattraper son retard et se doter d’un modèle où le numérique n’est plus un luxe administratif, mais un instrument de gouvernance, d’efficience économique et d’équité sociale.
Dans la même optique, le président du Haut comité du contrôle administratif et financier, Imed Hazgui, a souligné que cette stratégie, souvent évoquée mais rarement expliquée, repose sur une idée simple : le numérique n’est plus un secteur, c’est une infrastructure nationale, aussi essentielle que l’électricité ou les routes. C’est à partir de ce principe que la Tunisie tente désormais de reconstruire son administration et sa capacité d’action.
Un Etat plus simple, plus lisible
La première ambition, a poursuivi Hazgui, est claire : moderniser l’Etat. Depuis des décennies, la complexité administrative tunisienne étouffe l’usager et ralentit les entreprises. Digitaliser, c’est d’abord simplifier : procédures en ligne, portails unifiés, paiements électroniques, réductions du papier et interopérabilité entre ministères.
L’administration gagnerait en efficacité ce qu’elle perdrait en lourdeur. Le citoyen, lui, disposerait enfin d’un Etat disponible 24h/24. La Tunisie, qui a déjà initié la signature électronique et la dématérialisation de plusieurs certificats, veut franchir un cap : celui d’un e-gouvernement fonctionnel, cohérent, interconnecté.
Transparence et gouvernance
La stratégie digitale embrasse un autre enjeu, non moins politique : la transparence, se sont accordés à dire les différents intervenants relevant du domaine des finances et du contrôle des dépenses publiques. Le numérique laisse des traces, et c’est précisément ce que l’Etat cherche : des workflows traçables, des données ouvertes, des tableaux de bord budgétaires consultables en temps réel, ont-il expliqué.
Cette logique réduit les zones d’opacité et renforce les outils de contrôle. Disposer d’un appareil administratif qui documente chaque décision constitue un changement profond. Le numérique devient une forme de contre-pouvoir technique et permanent.
Une architecture en six piliers
La stratégie se décline en six axes structurants, à savoir, administration numérique, économie numérique et innovation, infrastructure et connectivité, compétences et capital humain, cadre juridique et régulation et sécurité numérique et gouvernance des données, a fait savoir le représentant du ministère des Technologies de l’information, Naoufel Bouzid.
L’ensemble forme un plan d’action cohérent, d’après le même intervenant, encore exigeant en moyens, mais indispensable à l’Etat moderne que la Tunisie veut devenir.
Dans cette transformation, les institutions de contrôle, notamment le Cgcdp, ne sont pas en marge, elles sont au cœur du dispositif. La dématérialisation des circuits de visa, les plateformes interconnectées, l’audit numérique, l’archivage électronique et l’analyse de données leur offrent des outils nouveaux. Le contrôle public, longtemps perçu comme lent et formel, peut devenir plus rapide, plus analytique, plus fiable.
Le numérique, correctement déployé, ne remplace pas
La stratégie digitale nationale prévoit le haut débit dans les régions de l’intérieur, des services publics en ligne accessibles partout et des programmes de formation pour les citoyens comme pour les agents de l’Etat.
Le rôle attendu des institutions de contrôle
Dans cette transformation, les institutions de contrôle – notamment le Cgcdp – ne sont pas en marge, mais bien au cœur du dispositif. La dématérialisation des circuits de visa, les plateformes interconnectées, l’audit numérique, l’archivage électronique et l’analyse de données leur offrent des outils nouveaux.
Le contrôle public, longtemps perçu comme lent et formel, peut devenir plus rapide, plus analytique, plus fiable. Le numérique, correctement déployé, ne remplace pas le contrôle : il le renforce.