Tunisie – Chine – Médecine traditionnelle : Pour plus d’harmonie entre le corps humain et la nature
Il arrive que certaines tendances s’installent sans bruit, sans trop faire de vagues. L’essor de l’acupuncture et du massage thérapeutique chinois en Tunisie en fait partie. C’est ce qu’ont laissé entendre les différents intervenants lors du panel tenu hier au Palais des Congrès, dans le cadre du Forum de Tunisie pour le développement de la médecine sino-africaine.
La Presse — Animant ce panel, des scientifiques tunisiens et chinois ont parlé d’un phénomène discret mais révélateur d’un pays en quête de solutions nouvelles.
Pr Saoussen Miladi, qui présentait une étude y afférente, a affirmé que l’acupuncture (pratique de la médecine traditionnelle chinoise qui consiste à insérer de fines aiguilles en des points spécifiques du corps), longtemps cantonnée aux expatriés asiatiques, attire désormais un public tunisien varié.
Elle a dans ce sens affirmé que l’acupuncture constitue aujourd’hui une alternative aux traitements classiques, souvent jugés trop lourds ou insuffisants. D’autant qu’un centre d’acupuncture a été fondé à l’hôpital Mongi-Slim en 1994. En octobre 2023, un accord de jumelage a été signé entre l’hôpital provincial de MTC de Jiangxi et le centre hospitalo-universitaire de La Rabta.
Dans la même perspective, un accord d’entente vient d’être signé entre l’Université de médecine traditionnelle chinoise de Jiangxi et la faculté de Médecine- Université Tunis-El Manar en septembre 2025.
Approches complémentaires
D’après l’intervenante, cette marche révèle que les Tunisiens sont prêts à adopter des pratiques venues d’ailleurs, dès lors qu’elles montrent une efficacité tangible. Ensuite que notre système de santé laisse des besoins insatisfaits, ouvrant la voie à des approches complémentaires.
Le ministère de la Santé devra, donc, tôt ou tard établir des règles pour protéger le public et structurer la profession.
Cela dit, l’acupuncture, discipline millénaire, ne remplacera pas la médecine moderne. Mais elle s’installe, lentement et sûrement, comme un signe de l’ouverture tunisienne et comme une nouvelle forme, discrète mais réelle, de rapprochement entre la Tunisie et la Chine.
S’inspirer de l’expérience chinoise
S’attardant sur le rôle de la médecine traditionnelle dans le système de santé de Chine, Pr Guo Wei a fait remarquer que la médecine traditionnelle remonte à la période Shang et Zhou, comme les ouvrages classiques de l’empereur jaune, il y a environ 3.000 ans. De nombreux médecins célèbres et des écrits classiques sont apparus il y a environ 1.400 ans, selon le même panéliste.
Il y a environ 600 ans, a ajouté Pr Wei, différentes écoles académiques ont été formées et ont eu une influence profonde sur les générations futures. Si bien que la médecine traditionnelle chinoise s’articule autour d’un concept fondamental, celui de l’unité de Dieu et de l’homme et de la liaison qu’il y a entre le corps humain et la nature.
Laquelle liaison est régie par l’observation visuelle où l’état de la maladie peut être jugé en observant l’attitude, l’apparence et l’image de la langue du patient, le diagnostic olfactif, en écoutant la voix du patient et en sentant son odeur, le diagnostic interrogatif en demandant des informations sur les antécédents médicaux et familiaux et le diagnostic tactile en coupant le pouls pour juger de l’état de la maladie et l’état physique.