Il s’impose dans le onze national : Hannibal Mejbri, le nouveau meneur
Polyvalent, costaud, orgueilleux, il est aujourd’hui l’élément d’équilibre de la sélection.
La Presse — On se souvient tous de la scène. On jouait la coupe arabe des nations au Qatar 2021, un jeune garçon débarque à peine depuis quelque temps, issu de Manchester United. Un enfant même précoce aux cheveux frisés à la « Valderrama », frêle, provocateur, qui fait des appels, qui bouge énormément, mais aucun joueur de l’équipe nationale ne veut le servir.
Une scène inoubliable, si dure à avaler pour un public qui a aimé ce garçon et qui n’a pas apprécié ce traitement hautain de ses équipiers. Tellement il a fait le tour des quatre coins du terrain sans recevoir de passes, sans taper au ballon. Rappelés à l’ordre sévèrement, les joueurs de a sélection changent de traitement et « acceptent » la présence de Hannibal Mejbri.
Il a des balles, il est intégré dans le groupe et c’est tant mieux. Malheureusement pour lui, il brille plus par ses escarmouches avec les joueurs adverses et par son émotivité que par son football. Ça fait partie du passé, il a progressé tant après l’échec subi à Manchester United. Maintenant, et 4 ans après, il a si muri pour gagner en puissance physique et en muscles, et pour progresser au niveau d’assimilation et du placement.
C’est un joueur polyvalent au milieu, capable d’évoluer comme pivot, relayeur et même demi offensif sur les côtés tellement il offre des solutions au porteur de la balle. Son look a changé, son émotivité est maîtrisée sans qu’il ne perde de sa flamme, mais aujourd’hui en sélection, il est un élément incontournable.
Sami Trabelsi l’a confirmé comme joueur-clef à l’entrejeu. On pense bien que le match face au Brésil est son meilleur match joué en sélection depuis qu’il est arrivé. Présence physique, duels gagnés face à Casimiro, Rodrygo et Guimares, technique raffinée avec des talonnades et des dribbles qui ont déboussolé les Brésiliens, Hannibal Mejbri a enfin gagné ses lettres de noblesse.
A bientôt 23 ans, il est bien parti pour s’éclater et sculpter son talent. Au moment où Sliti, Laidouni, Sassi, Ben Romdhane ou Hadj Mahmoud n’y arrivent pas pour diverses raisons, Mejbri se met de plus en plus en évidence. Il est précieux parce qu’il défend bien, parce qu’il relance bien, et fait le pont dans l’entrejeu. Cette polyvalence fait de lui un joueur sur lequel tout entraîneur peut bâtir quelque chose.
Aujourd’hui, il est bien l’élément le plus régulier, le meneur qui emmène avec lui la sélection. C’est à lui de confirmer cette ascension remarquable après des années de doute et de timidité.