Aujourd’hui, la Tunisie figure parmi les plus grands producteurs d’huile d’olive dans le monde. C’est loin d’être le fruit du hasard dès lors que la vocation oléicole dont jouit la Tunisie semblerait, en effet, être très ancienne et daterait précisément de la période au cours de laquelle une partie de l’Afrique du Nord était une ancienne province régie par Rome au cours de la période s’étendant de 146 av. J.-C. à la fin du Ve siècle apr. J.-C.
Un récent article publié dans le magazine GEO revient en détails sur la découverte d’archéologues italiens de l’université Ca’Foscari de Venise qui ont exhumé, au cours de fouilles réalisées dans une zone agricole du massif de Djebel Semmama, un site de production d’huile d’olive d’une complexité technique remarquable, confirmant, ainsi, le rôle central de la Tunisie romaine dans le commerce de l’huile d’olive au niveau du bassin méditerranéen.
Le site, qui a été mis à jour par les chercheurs, se compose de deux salles monumentales abritant un ensemble complet d’installations de production qui prouve la parfaite maîtrise et le savoir-faire des agriculteurs de l’Afrique romaine qui ont appris progressivement les différentes étapes de de la production d’huile d’olive, allant de la cueillette des fruits à l’ extraction finale de cet or liquide, en passant par le broyage et la décantation.
Les archéologues ont identifié plusieurs presses à levier, ainsi que des bassins et des cuves de grande capacité destinés au broyage des olives et à l’extraction de l’huile, permettant une production de très très grandes quantités d’huile d’olive qui n’étaient pas seulement destinées au marché local mais servaient à alimenter les circuits de production et de distribution de l’huile romaine à travers toute la région méditerranéenne, faisant de la province d’Afrique du nord l’un des plus grands greniers de l’Empire.
La taille impressionnante de cette huilerie, qui s’appelait Saltus Beguensis et dont le nom actuel est Henchir el Begar et qui appartenait à un notable romain, atteste de la puissance économique et de la place commerciale qu’occupait déjà la Tunisie romaine dans le bassin méditerranéen.
La découverte de ce site et les informations collectées par l’équipe d’archéologues sur son fonctionnement ont permis, ainsi, d’apporter un éclairage intéressant sur la complexité et l’ingéniosité du système agro-économique de la Tunisie romaine ainsi que sur sa parfaite maîtrise des circuits commerciaux mais également sur la place cruciale qu’occupait l’huile d’olive au sein de la vie de sa communauté.