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A la une Société

60 % des femmes ont été victimes de violence numérique basée sur le genre

  • 26 novembre 17:34
  • 3 min de lecture
60 % des femmes ont été victimes de violence numérique basée sur le genre
Une étude nationale publiée par le Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP) en Tunisie sur la « Violence basée sur le genre facilitée par la technologie en Tunisie » a révélé que 60 % (soit 6 Tunisiennes sur 10) ont été victimes d’une forme de violence numérique au cours de leur vie. Cet indicateur reflète l’élargissement de l’étendue de la cyberviolence et l’augmentation de son impact sur la santé psychologique et sociale des femmes.
L’étude, qui a inclus 741 femmes de plus de 18 ans via un questionnaire téléphonique et des groupes de discussion ciblés, a montré que la violence numérique est devenue un véritable prolongement de la violence basée sur le genre dans la vie réelle, rendant ses effets plus complexes et persistants compte tenu de sa nature électronique et de la difficulté d’effacer ses traces de l’espace numérique.
Les résultats de la recherche indiquent que le harcèlement sexuel en ligne arrive en première position avec 31 %, suivi du harcèlement en ligne et du cyberharcèlement avec 24 % chacun, puis du piratage de comptes et du hacking avec 23 %.
Les auteurs de l’étude ont également noté que la violence numérique ne cible pas uniquement les femmes actives en ligne, mais peut également toucher celles qui n’ont aucune présence numérique, par la publication de leurs photos, l’usurpation de leur identité, ou la menace d’utiliser des données privées.
Le rapport souligne que les femmes victimes de violence numérique ont enregistré un score inférieur sur l’indice de bien-être psychologique par rapport aux non-victimes, reflétant des niveaux plus élevés de stress, d’anxiété et de pression psychologique.
L’étude a confirmé l’existence d’une absence quasi totale d’un cadre juridique global en Tunisie traitant de la violence numérique sous l’angle du genre. Les textes légaux disponibles restent dispersés entre les lois sur la cybercriminalité, les communications, la protection des données personnelles, et la loi relative à l’élimination de la violence contre les femmes.
Elle a également souligné les défis techniques rencontrés par les victimes et les autorités, notamment la difficulté d’identifier les auteurs de violence qui utilisent des comptes fictifs ou opèrent depuis l’étranger, en plus des lacunes dans les algorithmes des plateformes de médias sociaux qui sont parfois incapables de détecter les contenus violents ou discriminatoires.
L’étude a appelé à l’accélération de la mise en place d’un cadre législatif clair qui unifie la définition de la violence numérique, en précise les types et les mécanismes de signalement, tout en renforçant les capacités des unités chargées des cybercrimes et en intensifiant les campagnes de sensibilisation à l’utilisation sécurisée de la technologie.
Elle a également insisté sur la nécessité d’orienter les efforts vers le changement de comportement des agresseurs potentiels et de ne pas se contenter de sensibiliser les victimes, considérant que la normalisation sociale de la violence numérique et le blâme des femmes contribuent à l’aggravation et à la persistance du phénomène.
Auteur

La Presse