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Un “FCR pour tous” : une bonne idée ou un risque pour l’économie ?

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  • 27 novembre 12:40
  • 3 min de lecture
Un “FCR pour tous” : une bonne idée ou un risque pour l’économie ?

Alors que les commissions des finances des deux chambres législatives ont validé un article additionnel du projet de loi de finances 2026 accordant à chaque famille tunisienne la possibilité d’importer une voiture exonérée de droits de douane, le débat s’enflamme et les critiques fusent.

En effet, l’initiative, défendue comme une réponse à la montée des prix des véhicules neufs, offre un accès “once in a lifetime” à un véhicule (neuf ou d’occasion) sous certaines conditions de revenus et avec un âge maximal fixé pour les voitures importées.

Mais, dès l’annonce, le régime suscite des doutes sérieux. Pour de nombreux acteurs du secteur automobile, il s’agit d’un signal mal calibré, annonciateur d’une saturation sans précédent du marché.

Selon un représentant de la profession, le dispositif pourrait essouffler le secteur formel étant donné que la baisse des prix reste une revendication légitime, mais il existe des zones d’ombre.

De fait, le marché tunisien subit déjà la montée en flèche des importations de voitures d’occasion avec un parc vieillissant, en partie alimenté par des véhicules importés via le régime FCR, dont la durée ou l’âge autorisé varie.

Des critiques…aussi

Examiné sous l’angle économique, le projet pourrait peser lourdement sur les finances publiques : selon des analystes, l’exonération massive de droits de douane va significativement réduire les recettes de l’État, tout en augmentant les sorties en devises, un paramètre déjà fragile dans le contexte actuel.

De plus, l’ouverture à l’importation de véhicules d’occasion jusqu’à 10 ans d’âge pourrait encourager l’entrée en masse de véhicules anciens, alourdissant la demande en pièces détachées, accentuant la pollution, et transformant la Tunisie en un débouché de voitures d’occasion d’Europe.

Sur un autre plan, il est aussi important de souligner que le parc automobile tunisien est aujourd’hui largement vieillissant puisque près de la moitié des voitures en circulation auraient plus de 15 ans.

Et à l’heure où certains militent pour un renouvellement avec des modèles plus récents, plus sûrs, voire électriques, l’idée d’autoriser l’importation massive d’anciens véhicules apparaît contradictoire.

Face à cette situation, des voix s’élèvent pour réclamer une alternative : l’obligation d’achat de véhicules neufs, via un réseau officiel de concessionnaires, assortie d’un quota progressif ; un mécanisme jugé plus sain pour l’économie, la sécurité routière et le respect de l’environnement.

À l’heure actuelle, le projet reste en examen étant donné qu’un vote en assemblée générale s’impose avant toute adoption définitive. Mais l’initiative a déjà déclenché une polémique d’ampleur, entre promesses de pouvoir d’achat facilités, risques économiques, saturation du marché, questions de sécurité, et enjeux environnementaux.

Ce “FCR pour tous” pourrait bien marquer un tournant : soit comme un soulagement pour des familles, soit comme le début d’un désordre majeur pour le secteur automobile et l’économie nationale.

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Auteur

La Presse