L’année dernière, Kanzari et aussi maints cadres, cette saison Khatoui en attendant le mercato de sortie, le Stade adopte une approche qui ne fait pas l’unanimité.
La Presse — Mohamed Mahjoub est un président de club pas comme les autres. Il a su sortir le Stade de l’angoisse des sentiers battus et de la lutte pour le maintien, pour redevenir le club qui joue les premiers rôles. Mais Mahjoub n’est pas, pour autant, très chaud à l’idée de stabiliser son équipe.
A la moindre occasion, il propose un, deux, trois voire plus de joueurs clefs sur le mercato pour financer les besoins du club. Avec la disette qui touche presque tous les clubs, privés de billetterie conséquente, de droits TV, de sponsors, céder des joueurs est une solution de facilité mais utile à court terme.
C’est ce que fait Mohamed Mahjoub sans équivoque. La saison dernière, et après avoir terminé l’aller leader, il brouille toutes les cartes et vide son équipe avec une série de départs de plus d’un cador. Les Jouini, Omarou, Mejri, et plus tard Mugisha, Arous, Kadida, Ayari, Ouatara, Berrima et d’autres ont quitté Le Bardo.
Pour Mahjoub et son comité, il n’y a pas d’autres solutions que de céder des joueurs pour alléger la masse salariale, et pour détenir un fonds de roulement pour financer les dépenses courantes. Toute autre solution est quelque chose d’irréel et d’abstrait et qui ne permet pas de ramener de l’argent.
Il n’y a pas que l’effectif qui est drastiquement changé, il y a aussi le staff technique. Kanzari a préféré s’en aller pour répondre à l’appel de l’EST et peut-être aussi pour éviter d’assumer la responsabilité de la chute du niveau après les nombreux départs de poids. Cette saison, c’est le même scénario qui se profile à l’horizon.
Une phase aller très satisfaisante en championnat avec une troisième place et un rang de favori en dépit d’un effectif chambardé. Et puis l’entraîneur Chokri Khatoui qui décide de partir en plein accord avec le bureau directeur. Expression diplomatique et fade qui cache un vif désaccord entre les deux parties : Khatoui, pas très à l’aise, dit avoir besoin de 4 renforts et de plus de confort pour pouvoir continuer.
Ça ne rentre pas, bien sûr, dans la politique du club. La séparation a été consommée, c’est Lassaâd Dridi qui revient au bercail, lui qui connaît tout des rouages de son ex-club. On a, comme la saison dernière, une bonne phase aller puis ce sont des changements brusques et un effectif changé. On parle de plus en plus de la cession de deux joueurs cet hiver.
Un peu de stabilité quand même
Personne ne peut être à la place de Mohamed Mahjoub et de son équipe dirigeante. En l’absence de fonds et de soutien financier, il doit trouver des solutions. Mais changer plus de la moitié de l’équipe en un an, céder tour à tour, et parfois en même temps, des pièces maîtresses, est un énorme risque sportif.
La formule a marché plus ou moins dans cette phase aller avec de nouveaux cadors qui ont émergé, mais le niveau faible de la concurrence a aidé le Stade en partie à enchaîner des succès. Ça ne peut pas aller toujours. Un entraîneur pour l’aller, un autre pour le retour (même si la trêve est longue), des joueurs cédés au moindre demandeur, ces changements peuvent apporter un coup fatal à l’équilibre de l’équipe.
Il faut au moins fidéliser l’ossature de l’équipe, chercher des sponsors en sachant offrir la visibilité nécessaire et en monnayant son relationnel pour éviter de recourir à la solution de facilité.
On pense bien que le Stade change trop, et ce n’est pas évident de trouver des joueurs de qualité sur un mercato pauvre en talents. Les performances, les titres, les participations continentales qui ramènent de l’argent directement ou indirectement, ça demande des joueurs de qualité.
Un certain cadre stable pour qu’un effectif gagne en maturité et pour qu’un entraîneur puisse apporter sa touche. Au Stade, la devise est autre. On verra ce qui se produira sur le mercato hivernal d’entrées et de sorties pour savoir si le ST va prendre encore une fois un coup de neuf ou sauvegarder son ossature.