Il y a quelque chose d’inexplicable dans la façon dont Balti traverse le temps, les modes et les générations. A chaque apparition, il ne séduit pas seulement, il touche. Et c’est peut-être là que réside le secret de sa longévité.
La Presse — Sa tournée estivale est un événement en soi. Bizerte, puis Hammamet, d’autres dates suivront… Il arrive sur scène sans fracas, mais son nom suffit à soulever la clameur. Balti n’a plus besoin d’introduction : il est devenu au fil des années un repère, une empreinte sonore, une conscience douce-amère qui habite nos rues, nos voitures, nos silences intimes.
Il y a quelque chose d’inexplicable dans la façon dont Balti traverse le temps, les modes et les générations. A chaque apparition, il ne séduit pas seulement, il touche. Et c’est peut-être là que réside le secret de sa longévité. Balti ne suit pas la tendance, il la précède ou l’ignore. Il ne cherche pas à plaire, mais il finit toujours par rassembler.
Né dans l’underground, forgé dans le feu de la marge, Balti n’a jamais eu besoin d’artifices pour exister. Son parcours, marqué par la persévérance, l’ancrage et l’authenticité, lui donne une crédibilité que peu d’artistes peuvent revendiquer. Il a essuyé les censures, affronté les silences, résisté à l’oubli. Et pourtant, chaque retour est un événement. En un mot, Balti est un succès construit, pas fabriqué
Sa notoriété, il la doit à son public. Pas à des stratégies de communication ou à des clashs orchestrés, mais à une proximité organique avec ceux qui l’écoutent. Il est présent sans omniprésence, populaire sans démagogie.
Ses textes sont ciselés dans la réalité. Il écrit avec des mots simples, mais chaque phrase percute. Il parle de solitude, de désillusion, d’injustice, d’amour et de perte avec une poésie brute, jamais décorative. Balti, c’est ce cri calme qui dit tout ce que beaucoup taisent. C’est le regard sans maquillage sur une société en déséquilibre.
Et puis il y a cette magie sonore. Ce savant mélange de beats urbains, d’influences orientales, de refrains entêtants qui font danser même les cœurs las. Il construit ses morceaux comme on raconte une histoire : avec des silences, des rebonds, des montées et des chutes. Il sait faire groover la mélancolie.
Et puis Balti est une carrure, une voix… Une voix, rocailleuse et posée, qui s’impose dès la première mesure. Elle est reconnaissable entre mille, comme un vieux souvenir qui revient à la mémoire sans qu’on l’ait appelé. Balti ne surjoue pas. Il dit. Il livre. Il murmure des vérités que l’on croyait enfouies.
Il est à la fois chroniqueur du quotidien et poète de l’asphalte. Aujourd’hui, Balti remplit les théâtres, fait vibrer les scènes les plus prestigieuses du pays, tout en restant fidèle à ses racines. Il chante la Tunisie, celle des rues et des rêves, des douleurs et des fêtes, avec une fidélité bouleversante.
Il ne cherche ni à plaire à l’élite, ni à flatter la masse. Il crée son propre public, fait tomber les cloisons entre les genres, entre les âges, entre les milieux.
Balti n’est pas une star. Il est un phénomène humain. Une voix de l’intérieur. Une mémoire qui chante. Et tant que les rues auront besoin de mots vrais, il restera là, fidèle au poste, à traduire nos émotions en rimes et en refrains.
