Le plafonnement du prix de vente de la pomme de terre a mis fin à la spéculation et permis au consommateur de comprendre les tenants et aboutissants de cette pénurie organisée en concomitance avec une envolée insupportable des prix.
La Presse — En effet, au lendemain de la décision, une énorme quantité de pommes de terre à été déversée sur tous les marchés.
Où était cachée cette pomme de terre et est- elle passée par les marchés de gros? Peu probable et cela suppose que le marché parallèle ait tourné à plein régime.
Ce n’est pas tout.
D’ailleurs, les équipes de contrôle économique de la Direction régionale du commerce de Tunis ont mis la main sur 172 tonnes de divers produits. Avec à la clef neuf arrêtés de fermeture d’établissements commerciaux.
Les agents de contrôle économiques qui effectuent le forcing pour démanteler ces foyers de tension qui déstabilisent le marché ne sont pas au bout de leurs peines.
En fin de compte, rien n’échappe à la convoitise de ces intermédiaires et spéculateurs. ….
Le vaste échantillonnage des produits saisis démontre l’étendue du travail à faire pour les débusquer :
71 tonnes de ciment, 29 tonnes de farine et 16 tonnes de sucre subventionné, 19 tonnes de pommes de terre, 10 tonnes de céréales, 9 tonnes de semoule alimentaire, 2 tonnes de fer, 10 500 œufs et 16 tonnes de briques.
Les sanctions administratives ont porté sur des hausses de prix excessives de produits essentiels et sensibles, des infractions liées à la facturation, défaut d’affichage des prix et refus de vente, violation des accords de subventions, infractions liées à la qualité des produits et à la possession de balances illégales.
Le secteur des fruits et légumes n’a pas été épargné. D’ailleurs, à part les pastèques et les melons, les autres fruits ont connu des hausses de prix record. Du raisin en pleine période de production au prix de huit dinars et plus selon la qualité ou le type de marchandise, les figues à vingt dinars, les figues de Barbarie à cinq dinars le sceau minuscule, le reste des pèches plates à plus de six dinars, alors que goût et qualités sont altérés, par leur long séjour dans les frigos.
Anciennement dans les marchés, on trouvait « l’Amine » un ancien, élu et qui était un parfait connaisseur. Ses jugements sur la qualité étaient irrévocables. Les produits altérés n’avaient pas droit de cité. Actuellement, on fourgue tout et du n’importe quoi, sans réaction des autorités des lieux.
A l’approche du Mouled, on commence à bouger du côté des œufs. Le prix des volailles a d’ailleurs augmenté et les œufs ont suivi le cours. Au point de se demander à quoi servent les assurances des responsables du secteur qui annoncent que la production se porte bien, que les stocks de sécurité sont bien fournis et promettent des baisses et des stabilisations de prix.
Les boulangeries ne sont pas en reste. Surtout au niveau des proches banlieues de la capitale, à Raoued par exemple, les baguettes ont observé un régime d’amaigrissement général et affiché des prix excessifs.
« Nous ne sommes pas des boulangeries qui fonctionnent avec de la farine subventionnée », entend-on dire lorsqu’on demande les raisons pour lesquelles on vend une baguette fluette et légère, à des prix exagérés.
Une grande surface de la banlieue nord, du côté de Gammarth, semble avoir été ouverte pour une clientèle venant d’une autre planète. Les prix affichés sont sans commune mesure avec ceux qui ont cours ailleurs. Ils dépassent de loin ceux affichés par les points de vente de la même enseigne ailleurs. Cette avidité à exploiter les autres est tout simplement inexplicable.
Les services de contrôle ne peuvent être partout. Il y a, d’une part, le minimum de conscience à faire prévaloir, une éthique à respecter. Et il y a, d’autre part, cette volonté du consommateur qui ne devrait pas se laisser faire, en s’abstenant d’acheter. Voila le travail des Comités de défense des consommateurs.
L’analyse des saisies, des infractions commises et des secteurs touchés par ces dépassements, fournit un certain nombre d’indices.
La spéculation est encore là. Elle profite de la saison estivale, de l’arrivée des Tunisiens de retour de l’étranger, de l’afflux des touristes et surtout de cette sorte de résignation qui caractérise le comportement du consommateur. Un comportement qui encourage les manipulateurs de tout bord à garder la pression. Tant qu’on ne lui mettra pas le grappin dessus.
Le plus curieux, c’est que les fruits sont de très bonne qualité et que la saison a été bonne.
Les viandes blanches sont également en quantité et personne ne parle de pénurie ou de défaut d’approvisionnement.
Les œufs, cela se voit, sont empilés partout du sol au plafond. Alors pourquoi cette tendance haussière que rien n’explique ?
Il va sans dire que les sanctions immédiates prises au niveau des gouverneurs, semblent porter leurs fruits. En dépit de la multiplication de ces infractions, il semble que l’on gagne du terrain.
Dans cette vaste et implacable lutte de tous les jours contre les contrevenants, l’intention est bien de ne pas faiblir. Les mesures coercitives finiront par dissuader ceux qui sont à l’affût, pour gagner de l’argent facile. Du moins à limiter les dégâts, en attendant la prise en main de plus en plus rigoureuse possible du marché.