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Prise en charge et remboursement de soins : Quand la Cnam couvre moins que la moitié de la facture

  • 14 août 18:10
  • 4 min de lecture
Prise en charge et remboursement de soins : Quand la Cnam couvre moins  que la moitié de la facture

L’augmentation du plafond annuel des montants des services de santé externes pris en charge dans le cadre du régime d’assurance maladie (Cnam) est entrée en vigueur en février 2024.

La Presse — Selon la Cnam, cette augmentation concerne le régime de remboursement des frais de soins et le système privé des soins.

En elle-même, l’initiative est bonne. Elle mérite d’être signalée et saluée. Parmi ces revalorisations, on relève le quadruplement du montant de la prise en charge des lunettes. De 50 d, ce montant est passé à 200 d.

D’autres mesures concernent le relèvement du plafond de certaines prestations à l’instar des remboursements des frais de soins à l’affilié ou aux personnes à sa charge ainsi que les soins dentaires ou les frais de suivi de grossesse, de l’IRM ou du scanner.

En apparence, il n’y aurait rien à redire. Mais à bien y voir, force est de constater une brèche de taille. Alors que les honoraires des médecins ne cessent d’augmenter,  les taux de remboursements accusent un retard d’au moins une bonne décennie.

Le cas des lunettes

Le cas des lunettes, par exemple, est, en fait, l’arbre qui cache la forêt.

La valorisation du montant de la prise en charge de cet appareillage mérite de toucher d’autres secteurs. Il ne s’agit là que d’une simple mise à niveau.

Toutefois, la question de l’achat de lunettes pose une importante problématique au soi-disant bénéficiaire. Lors de la prise en charge, ce dernier reçoit un bon de 200 d qui va lui permettre d’acquérir l’instrument en question.

C’est à ce moment-là, justement, que les vrais enjeux apparaissent.

Si le choix de l’adhérent se porte sur des lunettes dont le prix dépasse le montant octroyé, il n’a qu’à ajouter la différence. Mais si le prix est inférieur au montant de la prise en charge, il doit entrer en négociation avec l’opticien. Celui-ci sort, toujours, gagnant. En effet, l’affilié ne peut pas entrer en possession du montant restant. C’est l’opticien qui en bénéficie contre un bon d’achat devant lier l’acheteur au commerçant dans l’éventualité d’un autre achat. En somme, l’opticien est assuré d’encaisser les 200 dinars quelles que soient les conditions.

Or, il nous semblerait plus pratique de verser, directement, la somme à l’adhérent, C’est à lui de l’utiliser comme bon lui semble sans subir les contraintes que l’on voit. En fin de compte, c’est son argent. C’est à lui d’en faire l’usage qui lui sied et non d’être soumis à un marchandage dont il sort toujours perdant.

Les prestataires, seuls gagnants 

D’ailleurs, pourquoi les démarches en vigueur n’avantagent que les prestataires (kinésithérapeutes, rééducateurs, médecins, etc.).

C’est ainsi que l’on peut voir certains des prestataires facturer des séances de rééducation, par exemple, plus que le double de la prise en charge. Autrement dit, l’assuré est obligé de payer la différence. En clair, une séance qui est prise en charge à 11 dinars coûte en vérité 26 dinars. Car le ou la spécialiste exige 15 dinars en plus du montant autorisé par la Cnam. De quoi décevoir plus d’un de devoir cotiser durant toute sa carrière pour ne récolter que des miettes. Par contre, l’essentiel de l’argent profite aux autres.

En fait, ce ne sont là que de simples remarques dont le but est de montrer que le système de remboursements des frais de soins mérite plus qu’une réforme.

C’est ce que demandent les affiliés, mais aussi les autorités. Le Chef de l’État lui-même l’a récemment réitéré au ministre des Affaires sociales. C’est d’une profonde mise à niveau que le système de sécurité sociale a besoin pour arriver à rééquilibrer financièrement les caisses. Il  est possible de  leur permettre de jouer, de nouveau, le rôle éminemment social qu’elles avaient longtemps assumé mais qu’elles ont, totalement, abandonné depuis 2011.

Auteur

La Presse