Mes Humeurs : Il y a 50 ans la voix des Arabes s’est tue
La Presse — Les peuples arabes lui ont accolé les meilleurs qualificatifs, elle les a séduits par sa voix, son comportement, ses chansons d’amour ; les amours tendres, la souffrance de l’amoureux, l’amour fou…L’amour est le thème et le centre de ses chansons jusqu’à nos jours, les meilleures chanteuses reprennent ses couplets. Cette année, on célèbre le cinquantième anniversaire de sa disparition : d’Oum Kalthoum (février 1975.). Eternelle, elle fut, éternelle elle est.
La diva a acquis et mérité le qualificatif d’astre, un astre qui ne s’est jamais éclipsé. Personne n’en disconvient.Son succès ne s’est jamais démenti, il repose notamment sur une voix et la transmission des messages poétiques, élégiaques, platoniques, inspirés des amours solitaires (l’union des âmes sans le tumulte des corps).
Elle a dominé la scène arabe pendant des décennies, ses concerts sont des phénomènes jamais égalés, sans exception, elle a toujours rempli les salles, ses fans enfiévrés l’ont aimée jusqu’à l’adoration. On ne lui connaît pas de concurrentes, aucune autre chanteuse n’a eu autant d’aura, de charisme et de gloire ; en plus de sa voix reconnaissable à mille lieues, elle a eu l’intelligence, sa vie durant, de s’entourer des meilleurs ( poètes, paroliers et compositeurs), elle était admirée partout, aussi bien par l’élite intellectuelle que par les peuples du monde arabe, parce que, notamment, elle était l’un des rares visages qui représentaient la respectabilité dans le métier de la chanson.
La phrase de Selim Nassib, le meilleur connaisseur de la chanteuse dans son roman (Oum, Actes Sud), la définit ainsi « Les Arabes ne sont d’accord sur rien, sauf sur Oum Kalthoum » ; et, au passage, on ne peut pas manquer de citer La Callas (la diva assoluta, ou l’Astre de l’Occident), qui aurait dit « qu’Oum Kalthoum était la voix du siècle.»
A elle seule, elle était un univers, que prendre de sa carrière ? Son éducation, ses années d’apprentissage, son patriotisme ( sa chanson à la mort de Sâad Zaghloul), les concerts du jeudi, ses déplacements dans les capitales, de Beyrouth à Tunis, de Paris à Casablanca… quelle période a le plus marqué sa longue carrière ? Chacun appréciera à sa façon et selon son âge la période de son choix.
Qu’on l’aime ou non, on peut affirmer que personne n’échappait à la Voix des Arabes. Une formule populaire appuie celle de Nassib « Dans le monde arabe tout divise, sauf Oum Kalthoum.», on ne peut mieux dire, ne parlons pas des manchettes et des édioriaux célèbres des journaux comme Al Ahram, l’Orient -Le Jour … qui usaient à raison et sans réserve de superlatifs et d’images élogieuses.
Cinquante ans sont passés depuis sa disparition, on l’écoutera encore, son legs est (et sera) toujours vivant, parce que tant que l’humain existe, le sentiment amoureux l’accompagnera.