Nouvelle parution – « Vol et criminalité » en Tunisie durant la période coloniale : Racines sociales et politiques de la contestation tunisienne
Le chercheur Dr Belgacem Ben Abdelnebi analyse les conséquences de la politique d’appauvrissement systématique imposée par l’administration coloniale. Cette politique a généré une large frange de populations précarisées, contraintes à l’exode et à des formes de survie souvent extrêmes.
La Presse — Un ouvrage récemment publié attire l’attention sur une facette méconnue de l’histoire sociale tunisienne : la montée de la marginalisation et de la délinquance urbaine et rurale sous le régime colonial.
Dans son livre « Vol et criminalité » en Tunisie durant la période coloniale, le chercheur Dr Belgacem Ben Abdelnebi analyse les conséquences de la politique d’appauvrissement systématique imposée par l’administration coloniale. Cette politique a généré une large frange de populations précarisées, contraintes à l’exode et à des formes de survie souvent extrêmes.
Dans les campagnes, les paysans dépossédés sont réduits au statut de journaliers agricoles ou forcés de migrer vers les villes et le désert à la recherche de travail. En milieu urbain, la marginalisation s’exprime par l’exclusion des circuits économiques et l’absence totale d’accès aux soins.
Pour survivre, certains en viennent à se nourrir de restes, d’abats grillés, de feuilles d’olivier ou de vigne, et connaissent parfois des journées entières sans repas. Chassées des espaces de prospérité, ces populations s’installent dans des bidonvilles faits de tentes et d’habitations précaires, vulnérables aux inondations, aux maladies et aux épidémies. Leur condition nourrit un profond sentiment d’exclusion, attisé par le mépris social et les insultes.
Face à la faim et au chômage, une partie de cette frange marginalisée bascule dans la délinquance, transformant certains quartiers en foyers d’insécurité. Ces espaces deviennent des terrains de formation de bandes, perçues comme une menace à l’ordre colonial.
Mais cette contestation ne reste pas uniquement dans le registre criminel : elle se politise progressivement. Des premières protestations sociales naissent des formes d’organisation qui, avec le temps, s’intègrent dans la lutte nationale armée pour l’indépendance. À travers ce travail, Dr Belgacem Ben Abdelnebi éclaire la manière dont la pauvreté imposée, l’exclusion et l’insécurité ont façonné une culture de résistance.
Le livre s’impose ainsi comme une contribution majeure à la compréhension des racines sociales et politiques de la contestation tunisienne durant la période coloniale.