Le Fifak n’est pas qu’un simple festival, c’est un état d’esprit, une école et une tribune pour l’expression libre. C’est aussi un espace où les jeunes et les cinéastes amateurs peuvent raconter leurs histoires en images.
La Presse — Sobre et efficace, la 38e édition du Fifak a, enfin, démarré, samedi dernier au théâtre de plein air «Zine Safi». Le public formé de jeunes essentiellement s’impatientait durant des heures billet en mains devant la porte. Une longue file attendait de franchir l’entrée pour gagner les gradins et assister encore une fois à ce rendez-vous annuel incontournable.
Les invités, les représentants des médias ainsi que les membres des trois jurys de la compétition internationale, nationale et de la photographie et du scénario étaient présents.
Les lampions se sont allumés et la scène s’est illuminée par les membres de jury dont la tâche est de récompenser en fin de parcours les meilleures œuvres qui auront l’honneur de recevoir le Faucon d’or. Mais avant d’en arriver là, la parole a été donnée à Adel Abid, directeur de la 38e édition du Fifak et président de la Ftca, qui a souhaité la bienvenue aux festivaliers de Kélibia.
«Aujourd’hui nous nous retrouvons après des mois de préparation, de travail acharné, des nuits blanches et des défis. Le chemin n’a pas été facile en raison des difficultés financières, des contraintes logistiques, des moments de doute, mais la passion, la volonté et l’amour du cinéma nous ont permis de réaliser encore une fois ce rêve», a-t-il indiqué.
Il a rappelé que le Fifak n’est pas qu’un simple festival, c’est un état d’esprit, une école et une tribune pour l’expression libre. C’est aussi un espace où les jeunes et les cinéastes amateurs peuvent raconter leurs histoires en images, et d’ajouter : «Je tiens à remercier chaleureusement toute l’équipe du festival, les bénévoles, les partenaires institutionnels et associatifs et tous celles et ceux qui ont cru en nous.
Merci aux invités venus de près ou de loin pour partager cette aventure et au public toujours fidèle qui est le cœur battant du Fifak. Nous ne pouvons célébrer ce moment sans se rappeler notre solidarité avec les causes justes, en premier lieu la cause palestinienne. La Palestine vit dans nos cœurs, elle souffre, mais elle nous rappelle chaque jour que la culture est un acte de résistance et que l’art est une arme de liberté».
Adel Abid a, par ailleurs, rendu hommage aux grands artistes tunisiens disparus cette année : l’acteur Fethi Hedaoui, le réalisateur Ali Laâbidi, l’auteur et metteur en scène Fadhel Jaziri et le directeur photo Ahmed Bennis. «Ils nous ont quittés, mais leurs œuvres resteront gravées à jamais dans notre mémoire collective et continueront à inspirer les générations futures».
Pour terminer, il a rappelé que le festival appartient aux passionnés, aux créateurs et à celles et ceux qui croient que le cinéma est une voie de liberté. «Vivez le Fifak, vivez la magie du cinéma et laissez Kelibia rayonner aux rythmes de vos histoires».
Le Mur de la honte
Après la cérémonie d’ouverture, la place a été laissée à la projection du film «The mandate» du Suisse Stefan Ziegler. Le film présente une série de témoignages de personnalités internationales qui contestent la construction en 2002 d’un mur d’apartheid de 700 km par le gouvernement israélien sur les terres de Cisjordanie.
En 2004, l’Assemblée générale de l’ONU demande à la cour internationale de justice de donner un avis consultatif sur la légalité de cette construction. La cour juge que la construction du mur sur le territoire palestinien est contraire au droit international et a sommé Israël de cesser les travaux et de réparer les dommages causés par cette construction.
Le film projeté en première mondiale se penche sur l’utilité du droit international et les institutions, comme les Nations unies et la cour internationale de justice en tant qu’outil de prévention de conflits et de manière générale pour atteindre la justice, la liberté, l’égalité et même la fraternité. Malheureusement, cela n’est que de l’utopie.
Stefan Ziegler, cinéaste humanitaire, explore la capacité de ses hautes institutions qui ont échoué à imposer la justice et la stabilité pour les Palestiniens restés marginalisés, méprisés, ignorés, voire abusés en toute impunité par les politiciens. «The mandate» démontre l’incapacité du droit international à protéger les droits humains.
Prétentions illusoires, rêves ignorés ou écartés sans conséquences pour les puissants avides de conquête et d’expansion. Le film est plutôt un document peu séduisant visuellement, mais certainement utile pour ceux que la question du droit intéresse.
Suite à ce film, cinq courts métrages d’animation ont été présentés, dont deux réalisés par le Palestino-jordanien Salah Salah qui retrace les souffrances du peuple palestinien opprimé. Un jour, la victoire aura raison.
