gradient blue
gradient blue
Société

Mouled et rentrée scolaire : Entre deux feux mais la tradition l’emporte

  • 30 août 18:10
  • 4 min de lecture
Mouled et rentrée scolaire : Entre deux feux mais la tradition l’emporte

Le hasard a voulu que dans une des rues de l’Ariana, une librairie soit située face à une boutique qui vend et moud des plantes médicinales et autres graines dont du pin d’Alep. Ce « zgougou », tel qu’on l’appelle chez nous, donne le tournis à ceux qui tiennent à fêter la naissance du Prophète de manière régulière.

Quels que soient les sacrifices. Une tradition bien ancrée depuis toujours et qui fait d’ailleurs l’objet d’une véritable mobilisation partout dans le pays, notamment à Kairouan.

La Presse — Le Mouled donc,  qui se fraie un passage obligé parmi toutes les autres dépenses familiales, est à nos portes.  On se prépare pour la longue veillée des cheftaines de famille, qui auront la tâche de préparer « l’assida », cette savoureuse purée à base de farine et  de pin d’Alep dont les prix fluctuent d’année en année. Cela nous met en présence de deux files d’attente de chaque côté du trottoir. L’une attend pour faire  moudre du zgougou et l’autre espère  avoir des cahiers subventionnés.

C’est que le calendrier a voulu que cette année mouled et rentrée scolaire mettent les familles face à un dilemme cornélien : zgougou et assida ou rentrée scolaire?

« Nous n’avons pas le choix. Il faut absolument que ça soit les deux. Nos enfants ne comprendraient pas que nous ne préparions pas une assida», nous confie une dame qui attendait son tour devant la librairie.

« Nous avons rogné sur les vacances. C’était le seul moyen. J’en envoyais pour toute la famille. Cette année, ce sera le premier cercle. Tant pis».

Sa copine, qui était derrière elle, hocha la tête et ajouta : «l’année prochaine il y aura un décalage de dix onze jours. Nous serons plus à l’aise».

Sur l’autre rive, c’était une tout autre histoire. A l’intérieur de la librairie, les cahiers subventionnés étaient empilés bien en vue à la portée de la clientèle qui pouvait se servir directement. 

« Actuellement tout va bien.  L’essentiel c’est que l’on comprenne qu’il faut absolument laisser une part pour les autres. Il y a des gens compréhensifs.  D’autres qui le sont moins, mais on s’en sort. La confection des cahiers ayant été faite  dans les délais, il n’y aura pas de difficultés. C’est grâce à l’usine de Kasserine que nous  n’aurons pas de bousculade», avoue le libraire.

Les prix n’ont pas bougé et chaque client a son ticket de caisse», ajoute-t-il.

Où en sommes-nous au niveau des livres?

« C’est ce qu’on achète en premier. Il y a des parents prévoyants qui viennent acheter les livres à la fin de l’année scolaire. Ça leur sert pour entamer une révision avant la rentrée et cela leur permet d’alléger les dépenses. Comme les titres n’ont pas changé, c’est intelligent. Les gens s’arrangent pour vivre au rythme du temps».

Effectivement, tous les observateurs sont d’accord pour soutenir qu’il faut entre 500 et 700 dinars pour équiper un élève. C’est lourd à supporter

Et l’assida où en est-on?

« J’ai fini par faire mon choix. J’achète de la pâte prête à l’emploi. C’est plus pratique et moins fatigant. Dans ce qu’on vend en vrac, il y a de tout. On se crève les yeux pour tout nettoyer. Mais les prix des fruits secs qui servent pour la décoration ont augmenté.  On a dit que nous avons eu une récolte record en pistache. Allez voir les prix. Les amandes aussi c’est de l’exagération. Nous n’avons pas acheté de mouton, il fallait bien préparer l’assida.  Il faut garder nos traditions en réduisant la quantité pour dépenser moins».

Le bonhomme qui faisait tourner la meule était, lui, catégorique :

« Les gens se tournent vers le prêt-à-l’emploi. C’est plus commode».

« Oui mais cela n’a pas le même goût», intervient une femme qui attendait son tour.

N’allons pas au devant d’une polémique dont on ne se sortira jamais. Les goûts et les couleurs ne se discutent pas.

Auteur

La Presse