Gafsa : Entre pistaches et dattes : un paysage agricole diversifié
Malgré un climat aride et des températures parfois extrêmes qui dépassent les 45°C en été, le gouvernorat de Gafsa défie les pronostics. Dans cette région du centre-ouest tunisien, souvent perçue comme un bastion minier, un autre visage émerge lentement mais sûrement : celui d’un territoire agricole en pleine mutation.
La Presse—Longtemps dominé par la monoculture de l’olivier et les cultures céréalières, le paysage agricole de Gafsa connaît, depuis quelques années, une diversification remarquable.
Aux pistachiers, qui ont trouvé dans les sols rocailleux et secs de la région un terreau idéal, s’ajoute désormais une autre richesse du terroir : les dattes.
Pour la saison 2024-2025, les prévisions annoncent une récolte de près de 15.000 tonnes de dattes, un volume similaire à celui de la saison précédente. Cette performance, remarquable compte tenu des conditions climatiques, témoigne de l’adaptation progressive de l’agriculture locale à un environnement rude. Les oasis de la région s’étendent désormais sur plus de 3.800 hectares, répartis entre palmeraies traditionnelles et périmètres irrigués modernes.
Dans ces oasis, la célèbre variété Deglet Nour — considérée comme l’or blond du sud tunisien — côtoie d’autres types de dattes comme l’Aleq ou le Matlaq.
Cette diversification variétale contribue non seulement à renforcer la résilience de la production face aux aléas climatiques, mais aussi à élargir les débouchés commerciaux.
Mais cette réussite ne va pas sans défis. Ces derniers mois, les producteurs ont dû composer avec une humidité anormale provoquée par des précipitations irrégulières, favorisant la prolifération de parasites comme l’araignée rouge.
Grâce à une surveillance accrue et à des interventions ciblées, les dégâts sont restés limités, préservant la qualité générale de la récolte.
Au-delà de l’aspect purement productif, la montée en puissance de la culture des dattes — après celle des pistaches — traduit une volonté locale de rompre avec une agriculture figée. Elle révèle aussi une vision plus durable du développement régional, où les contraintes naturelles ne sont plus des freins, mais des leviers d’innovation.
Dans les terres chauffées à blanc de Gafsa, la diversification agricole devient ainsi un acte de résistance face au changement climatique. Une promesse de souveraineté alimentaire et de renouveau économique pour une région qui n’a pas dit son dernier mot.