Le livre est né de l’idée d’un reportage effectué en novembre 2021. D’ailleurs, la couverture affiche la statue de la Sirène de Varsovie, un célèbre monument en bronze situé sur la place de la Vieille Ville et considéré comme un des symboles de la ville.
La Presse — « L’arrivée à Varsovie est toujours parée de tonalités musicales ». C’est ainsi que Hatem Bourial a installé, dès la toute première phrase, le décor et la cadence de son dernier livre « Cinq nuits à Varsovie » paru aux éditions Le Naf. De Chopin à Gilbert Bécaud, il a introduit le récit d’un séjour de cinq nuits blanches à Varsovie, la capitale polonaise riche en découvertes historiques et culturelles.
Une séance de présentation et de dédicaces de ce livre s’est tenue le 14 septembre au Palais Ahmed Bey de La Marsa. Cette résidence beylicale classée monument historique a été sauvée de la démolition et restaurée pierre par pierre par son propriétaire Mahmoud Redissi. C’est après de longues années de travaux qu’elle a enfin ouvert ses portes pour accueillir le premier évènement littéraire dans un espace dédié à la culture.
Chroniqueur, journaliste et animateur à la radio, Hatem Bourial est également auteur de plus d’une dizaine d’ouvrages en majorité sur le patrimoine tunisien et sur ses voyages en Europe centrale. La rencontre autour de « Cinq nuits à Varsovie » a été inaugurée par le mot d’ouverture de SEM l’ambassadrice de la République de Pologne à Tunis, en présence de nombreux représentants diplomatiques de l’Autriche, l’Allemagne et la Wallonie-Bruxelles.
Le livre est né de l’idée d’un reportage effectué en novembre 2021. D’ailleurs, la couverture affiche la statue de la Sirène de Varsovie, un célèbre monument en bronze situé sur la place de la Vieille Ville et considéré comme un des symboles de la ville. En cinq chapitres correspondant à cinq nuits blanches passées entre rêveries et déambulations, l’auteur reconstruit les souvenirs de ses voyages en Pologne sur une trentaine d’années.
Des endroits fameux et d’autres moins connus ainsi que des rencontres défilent devant ses yeux dans « une échappée dans Varsovie et une échappée dans la rêverie », comme il l’a indiqué dans la présentation. Hatem Bourial a expliqué le recours à cette évasion de l’esprit, comme un voyage intérieur pour rapporter des pensées du passé et les relier à une expérience présente.
La rêverie est, selon lui, un procédé littéraire emprunté à Nerval, notamment dans son recueil « Les Filles du feu » ou encore à Samuel Beckett. À travers cette méthode de narration, Bourial se réfère en continu à sa ville natale, Tunis, et va jusqu’aux oasis du Sud pour retrouver des impressions liées.
Au fil des pérégrinations et des pages, des rues, des quartiers, des églises et des monuments se dessinent, évoquant « une terre de haute mémoire ». L’écrivain revient sur des lieux, mais aussi sur des clins d’œil historiques, des traditions culinaires, des rencontres humaines et des échos culturels qui font le portrait d’une « inépuisable Varsovie ».
Le texte se lit donc comme une invitation à explorer la Capitale, à l’arpenter avec les « pas fascinés » et les yeux émerveillés du narrateur qui n’a pas également manqué de souligner « la légendaire convivialité polonaise ».
L’auteur a cherché des liens historiques entre nos deux peuples. « Les traces sont nombreuses, mais éparpillées », écrit-il dans le quatrième chapitre. Entre poèmes empreints d’inspirations carthaginoises et une statue d’Hannibal croisée au détour d’une visite, une proximité subtile se dessine, accessible à ceux qui savent la discerner.
Ces influences s’avèrent en effet croisées. « Comment réciter, plus précisément comment restituer ce qu’une culture a priori étrangère vous a appris ? », écrit Bourial avant de relater les marques de la ville de Chopin dans le répertoire artistique qui nous est familier.
Dans ce rapport bilatéral entre les deux civilisations, Hatem Bourial s’est déjà intéressé à promouvoir la culture de l’Europe centrale et de l’Est, et leur rapprochement avec la Tunisie. Cet effort lui a valu la médaille d’honneur décernée par le ministère des Affaires étrangères de la République tchèque.
Ce livre dédié à Varsovie est, selon lui, une continuité de « Les Digressions pragoises » paru l’année dernière et qui est bien plus qu’un simple carnet de voyage. « Il y a toujours quelque chose qui me lie à l’Europe centrale », explique-t-il à la foule présente. Il a raconté que cet engouement remonte à son enfance.
« J’ai eu des camarades de classe polonais et tchèques. On les trouvait exotiques à l’époque ». Cette expérience de l’altérité a fait qu’il devienne le grand voyageur reconnu et a fortement nourri ses écrits. « Il y a encore de choses à voir», a lancé Bourial à l’audience à la fin de la présentation. Le récit s’achève dans le taxi vers l’aéroport, clôturé avec une promesse que le narrateur s’est faite « De toute façon, je reviendrai. »
Lors de la présentation de « Cinq nuits à Varsovie », l’auteur a abordé l’absence de récits de voyage dans la littérature tunisienne et même à une plus large échelle. En effet, depuis Ibn Batouta, il n’y a pas eu une génération de voyageurs qui relatent leurs itinéraires. Bourial a expliqué la valeur qu’il faut accorder à cette littérature, ainsi que l’importance de tisser dans les textes notre relation historique avec chaque pays visité.
D’après lui, cette littérature jouerait un rôle essentiel dans la compréhension de pays dont la langue demeure peu accessible pour nous, ce qui contribuerait au déficit de recherches universitaires sur des traces historiques communes.
Au final, Hatem Bourial a annoncé que son prochain livre « Fragments viennois » sera bientôt prêt. Encore une invitation à explorer une ville somptueuse, avec un nouveau concentré de souvenirs et de découvertes culturelles passionnantes.
