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Finance digitale : L’IA révolutionne le secteur bancaire

  • 22 septembre 19:10
  • 4 min de lecture
Finance digitale : L’IA révolutionne le secteur bancaire

L’intelligence artificielle (IA), perçue comme l’un des leviers majeurs de modernisation, commence à s’imposer dans les établissements financiers du pays.

Aujourd’hui, « les banques tunisiennes commencent à intégrer l’intelligence artificielle, mais le processus reste encore graduel », a déclaré Helmi Bouabsa, expert bancaire, formateur professionnel et conférencier.

La Presse — Cette mutation, bien qu’elle soit encore timide, amorce une transformation de fond dans un secteur longtemps marqué par des pratiques traditionnelles et une lente adaptation aux innovations technologiques. L’IA s’impose désormais comme un outil incontournable, notamment dans trois domaines stratégiques qui redéfinissent le fonctionnement bancaire.

Renforcer la compétitivité 

En premier lieu, le service client connaît une véritable révolution grâce aux chatbots et aux assistants virtuels, capables d’apporter des réponses instantanées, personnalisées et accessibles. Cette évolution améliore non seulement l’expérience des usagers mais permet aussi aux banques de réduire la pression sur leurs guichets physiques et leurs centres d’appel. 

En second lieu, la gestion des risques et la conformité bénéficie d’une valeur ajoutée considérable : l’IA analyse d’immenses volumes de données en un temps record, repère les anomalies et contribue à la lutte contre le blanchiment d’argent et la fraude financière, un enjeu particulièrement sensible dans un contexte où la confiance est un capital essentiel.

Enfin, dans le domaine du marketing, où l’IA offre une meilleure compréhension des comportements des clients, anticipe leurs besoins et permet de développer des offres ciblées, renforçant ainsi la compétitivité des établissements bancaires.

«L’IA peut véritablement transformer la compétitivité des banques tunisiennes », affirme l’expert, en mettant l’accent sur trois leviers principaux. Le premier est la réduction des coûts, rendue possible par l’automatisation des tâches répétitives telles que le traitement des dossiers ou la vérification de documents.

Le deuxième est l’efficacité opérationnelle, car l’analyse massive de données devient non seulement plus rapide mais également plus fiable, avec un risque d’erreur considérablement réduit. Enfin, le troisième levier repose sur la création de la valeur ajoutée, grâce à une personnalisation accrue des services qui permet de mieux répondre aux attentes des clients et d’accroître leur fidélité dans un marché où la concurrence s’intensifie.

Dimension sociale

Au-delà de la performance, l’expert a insisté sur le rôle inclusif de cette technologie. «L’intelligence artificielle peut contribuer à l’inclusion financière en offrant un accès élargi aux services bancaires », a-t-il précisé. Cette dimension sociale est d’autant plus importante que près d’un tiers de la population tunisienne reste encore en marge du système bancaire formel.

L’IA peut ainsi évaluer la solvabilité de personnes dépourvues d’historique bancaire en utilisant des données alternatives comme les factures, l’usage du téléphone portable ou encore les habitudes de consommation. Elle facilite également l’accès aux services financiers grâce à des applications mobiles intelligentes, simples d’utilisation et adaptées même aux régions rurales éloignées. De plus, l’automatisation permet de proposer des services à moindre coût, rendant les produits financiers plus accessibles aux populations vulnérables.

Eviter les dérives 

L’expert n’a pas manqué de rappeler que  cette révolution technologique n’est pas exempte de risques. « L’IA n’est pas sans limites et exige des garde-fous », a-t-il averti, en soulignant trois défis majeurs. Le premier concerne la protection des données sensibles, qui nécessite l’adoption de normes strictes de cybersécurité pour éviter les dérives et garantir la confidentialité des informations.

Le deuxième défi est l’impact sur l’emploi, certaines fonctions étant appelées à disparaître avec l’automatisation, ce qui impose d’investir massivement dans la formation continue et la reconversion professionnelle. 

Enfin, le troisième enjeu est la régulation, un terrain sur lequel la Banque centrale et les autorités de contrôle doivent agir rapidement afin de mettre en place un cadre clair, garantissant une utilisation responsable, transparente et éthique de l’intelligence artificielle dans la finance tunisienne.

Ainsi, entre promesses d’efficacité, perspectives d’inclusion et défis de gouvernance, l’intelligence artificielle s’impose progressivement comme un levier de transformation incontournable pour les banques tunisiennes. Reste désormais à savoir si les acteurs financiers sauront saisir cette opportunité tout en maîtrisant ses risques, afin d’inscrire la Tunisie dans la dynamique mondiale de la finance digitale.

Auteur

La Presse

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