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Monde

Commentaire : Quand Donald Trump entérine la victoire politique du Hamas

  • 5 octobre 17:20
  • 6 min de lecture
Commentaire : Quand Donald Trump entérine la victoire politique du Hamas

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, la planète bleue vit au rythme d’une diplomatie iconoclaste, débridée et atypique à coups de décisions unilatérales, de « deals » (arrangements) à sens unique et de déclarations fracassantes publiées sur Truth Social (un réseau social de microblogage du Trump Media & Technology Group, Tmtg).

Ce fut le cas avant-hier soir quand le président de la première puissance militaire mondiale a relayé et commenté positivement, contre toute attente et à la surprise générale, le communiqué du mouvement militant palestinien Hamas sur son réseau social.

«Au vu du communiqué que vient de publier le Hamas, je pense qu’ils sont prêts pour une paix durable. Israël doit arrêter immédiatement les bombardements à Gaza, pour que nous puissions faire sortir les otages rapidement et en toute sécurité», a écrit le président américain dans un message sur Truth Social, publié par la suite sur le compte officiel de la Maison-Blanche sur le réseau social X, de quoi faire grincer des dents la horde de l’extrême droite sioniste en plein Shabbat et lui provoquer des insomnies.

Un appel à cesser les combats que Donald Trump, comme son prédécesseur Joe Biden, n’avait jusqu’ici jamais formulé depuis 2023.

Ce geste symbolique réhabilite non seulement le Hamas — une organisation taxée comme «terroriste» par les États-Unis et ses alliés —, mais aussi met le Premier ministre sioniste dos au mur et l’accule davantage dans son isolement international.

La diplomatie américaine conventionnelle a toujours gravité autour d’un principe inflexible : «Ne pas négocier avec les groupes terroristes».

Mais voilà, avec le partage du communiqué du Hamas sur son réseau social, le locataire de la Maison-Blanche annihile la fausse étiquette de « terrorisme » au chef de file du mouvement de la résistance palestinienne pour offrir aux dirigeants du Hamas une porte de sortie honorable, voire carrément une voie royale pour négocier directement avec le président des États-Unis à travers les réseaux sociaux (Telegram pour le Hamas, Truth Social pour Trump).

Avec une telle initiative, Trump entérine non seulement la victoire politique du Hamas et scelle la défaite éthique d’un gouvernement sioniste désavoué par une grande partie des pays du globe et dénigré diplomatiquement par plusieurs nations du monde libre.

Désormais, nul besoin d’intermédiaires ou de médiateurs pour approcher le magnat américain de l’immobilier. En déclarant être prêts sur la messagerie instantanée multiplateforme en freemium, « Telegram, à des négociations immédiates en vue de la libération des otages israéliens retenus à Gaza et de la fin de la guerre, dans le cadre du plan proposé par Donald Trump; les dirigeants du Hamas court-circuitent le discours mensonger du gouvernement sioniste et s’offrent une reconnaissance inespérée de Washington comme acteur politique crédible et incontournable vers une paix durable dans la région.

En effet, dans sa réponse, le mouvement palestinien se dit prêt à relâcher les 47 otages, vivants et morts. Certes, le Hamas ne mentionne pas son propre désarmement ou une capitulation, mais évoque un « retrait complet » de l’armée d’occupation sioniste de l’enclave et privilégie un «organisme palestinien indépendant » pour la future gouvernance du territoire assiégé. 

De son côté, dans une vidéo clairement improvisée, diffusée avant-hier dans la soirée, juste après avoir reproduit le communiqué de presse de la faction palestinienne, le chef de l’État américain a laissé entrevoir sa joie : «C’est un grand jour, on verra comment ça tourne », résumant sa réaction à «un jour spécial, sans doute sans précédent ». Il a par ailleurs félicité tous ceux, parmi les pays arabes, qui avaient contribué à ce moment.

«Tout le monde a été unifié dans la volonté de voir la guerre s’achever et de voir la paix au Moyen-Orient », a ajouté Donald Trump dans sa vidéo, escomptant une libération rapide des otages. « On est très proche de l’obtenir. Merci à tous, et tout le monde sera traité de façon équitable. ».

Certainement, plusieurs reprochent aux dirigeants du Hamas, notamment ceux de sa branche armée — les Brigades Ezzedine al-Qassam —, ainsi qu’aux autres factions de la résistance palestinienne, à Gaza, le lourd tribut humain — soit plus de 67.000 morts, en majorité des civils, entre massacres sans fin et carnages en série — et la destruction totale du territoire enclavé sous les frappes intenses et inhumaines de l’aviation sioniste.

Or, les détracteurs de la lutte armée de la résistance ignorent que sans le coup d’éclat du 7 octobre 2023, le drame et le calvaire au quotidien du peuple palestinien auraient été définitivement engloutis, voire enterrés dans la vague de normalisations avec Israël sous le chapiteau des Accords d’Abraham.

Au moins, le Hamas et ses alliés ont le mérite d’avoir remis la cause palestinienne sous les feux des projecteurs et mis à nu la cruauté des criminels de guerre sionistes et leur machine de guerre infernale et génocidaire sous le pilotage d’un gouvernement sioniste dominé par des extrémistes et des suprémacistes, à l’instar du diabolique dirigeant du parti d’extrême droite Force juive et ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, ou du sulfureux ministre des Finances et dirigeant de la formation politique d’extrême droite, Mafdal (parti du sionisme religieux).

Nul doute le Hamas est aujourd’hui affaibli militairement et institutionnellement, après l’assassinat de plusieurs de ses leaders (Isamaïl Haniyeh, Mohammed Deïf, Yahia Sinouar, Abou Oubeïda, etc.) et cadres; mais politiquement parlant, ce porte-drapeau de la résistance palestinienne est plus vivant que jamais dans les esprits des âmes justes, avec une présence de plus en plus remarquée en Cisjordanie occupée et l’aura de « guerreiros » à l’image des « maquisards » de la résistance française face aux soldats nazis durant la Seconde Guerre mondiale ou des « fellagas » du FLN face à l’armée française du général (Marcel) Bigeard, lors de la guerre de l’indépendance d’Algérie entre 1954 et 1962.

Assurément, les noms des combattants de la liberté de la résistance palestinienne et de ses martyrs sont désormais inscrits dans le panthéon des héros immortels. Vive la Palestine !

Auteur

La Presse