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Commentaire : Une trêve historique, en attendant la paix durable

  • 14 octobre 17:30
  • 5 min de lecture
Commentaire : Une trêve historique, en attendant la paix durable

L’unanimisme a parfois bon dos. Surtout si, à l’instar de ce qui s’est passé hier à Charm el-Cheikh, le Sommet sur Gaza a réuni plus de 31 chefs d’Etat et dirigeants d’organisations internationales. Témoins, les déclarations à l’emporte-pièce et autres envolées lyriques des uns et des autres sur cette journée dite “historique”.

En fait, historique, elle l’est certainement quant à la cessation immédiate du génocide en bonne et due forme perpétré en toute impunité, deux années durant, par les forces d’occupation sionistes sur les populations civiles de Gaza. Pourtant, les lumières du spectacle clinquant et les feux de la rampe ne sauraient balayer d’un revers de main l’incommensurable nombre de victimes palestiniennes.

Qu’on en juge : près de soixante-dix mille martyrs, dont près de la moitié sont des enfants, des centaines de milliers de blessés, déplacement de plus de deux millions de Palestiniens, destructions méthodiques de tous les attributs de la vie, disparition de plus de 90% des maisons, des écoles et universités et des hôpitaux, famine, maladies et fléaux. En faisant sa sale besogne, l’armée d’occupation sioniste a poussé jusqu’au bout la folie meurtrière dans les registres de l’horreur.

Historique également en ce que la valeureuse résistance palestinienne a empêché l’occupant de réaliser ses macabres buts initiaux, dont le transfert de plus de deux millions de Gazaouis en Egypte et en Jordanie, la liquidation de la cause palestinienne, de ses combattants et de ses dirigeants, la libération des otages et la destruction des milliers de km de tunnels utilisés par les combattants palestiniens.

Corollairement, l’entité sioniste s’est retrouvée pratiquement au ban de la communauté internationale et prise à partie par l’opinion mondiale pour sa vocation génocidaire et ses crimes de guerre.

Personne ne saurait s’en prendre aux Palestiniens d’avoir obligé leurs ennemis, pourtant forts de l’appui des principaux États occidentaux, de mettre fin à leur expédition génocidaire. Mais personne ne saurait également éluder ce qui demeure encore en suspens et plus tenace et à l’ordre du jour que jamais: le recouvrement des Palestiniens de tous leurs droits spoliés et bafoués et l’indépendance de la Palestine.

Dans cette optique, la cessation actuelle du génocide n’est, au bout du compte, qu’une trêve. Aucun Palestinien ne se fait d’illusions là-dessus et les menaces proférées hier par les dirigeants sionistes corroborent cette méfiance non maquillée.

Des trêves, Dieu sait qu’il y en a eu tout au long de la tragédie palestinienne qui se poursuit depuis bientôt quatre-vingts ans.

Cela tient de la nature même de l’entité sioniste, de son ADN, de ses mythes fondateurs et de son péché originel : ce n’est rien d’autre qu’une machine de guerre et de destructions massives dûment assumées. Si bien que cette entité mouvante et belliciste se retrouve perpétuellement en danger de paix en quelque sorte.

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, les Palestiniens n’en finiront guère de lutter, sous diverses formes et par divers moyens, en vue d’édifier leur État indépendant et de recouvrer leurs droits spoliés sur toute la Palestine historique. La gigantesque machine de guerre des occupants et de leurs alliés rappelle une vérité fondamentale, à savoir que la technologie n’a guère raison de l’anthropologie. Le peuple palestinien est bel et bien le chiffre difficile et incontournable de l’équation moyen-orientale.

Aujourd’hui, passée l’euphorie, il faut s’attendre à tout. En premier lieu que le sinistre Netanyahu, visiblement sauvé in extremis du bourbier et éméché par ses instincts destructeurs et bellicistes, remette la baïonnette et la mort à tout-va à l’ordre du jour, sous quelque fallacieux prétexte. Les génocidaires ont la peau dure.

Ensuite que les oripeaux de Charm el-Cheikh fassent oublier qu’au premier et dernier degré de l’équation, il y a ce peuple palestinien qui n’en finit pas de souffrir le martyre au fil des décennies. Il n’appartient qu’à lui seul de se faire représenter comme il l’entend et non point via quelque mandataire autoproclamé ou procurateur désigné.

Seul le maintien de la formidable pression de l’opinion mondiale contre l’oppression et les crimes sionistes est à même de garantir que les divers protagonistes, les feux de la fête éteints, ne s’avisent guère de jeter la cause palestinienne au rebut ou aux oubliettes.

Il appartient aux Palestiniens, loin de tout paternalisme ou immixtion extérieure, de réorganiser le ban et l’arrière-ban, de réunifier leurs rangs et de voir grand dans l’immensité du possible.

Les armées battues sont bien instruites, nous enseigne la stratégie. Mais, au bout du compte, ce sont toujours les faibles et les déshérités de la terre qui triomphent. 

Auteur

La Presse

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