Kairouan : La kessa kairouanaise toujours indémodable
La Presse — La plupart des visiteurs de la ville de Kairouan aiment bien faire le tour des boutiques tenues par des artisans chevronnés dans plusieurs spécialités, dont le cuivre, les pâtisseries, le cuir, l’argenterie, le damasquinage, la ferronnerie d’art, les tapisseries et le tissage.
En effet, avec ses 28.000 artisans et artisanes, la capitale aghlabide oscille entre traditions ancestrales et modernité, surtout au sein de ses vieux souks qui datent du 17e siècle. Là, on admire le bleu qui est partout : le bleu intense des volets sur des façades blanches et celui du ciel. Et parmi les petites boutiques situées au souk Jraba et qui drainent beaucoup de clients, figurent celles réservées à la kessa kairouanaise tissée à la main à partir de poils de dromadaire ou de chèvre et qui ne rétrécissent pas.
Mohamed Taha El Euch, jeune artisan, nous confie des détails relatifs à la confection de la kessa kairouanaise : «La kessa est toujours très demandée, surtout par les futures mariées désireuses d’orner leurs trousseaux avec de jolies kessa brodées avec du fil de coton de couleur rouge, bleue, mauve, rose et verte. La plupart des motifs sont inspirés du tapis kairouanais et de la Mosquée Okba.
Quelques clientes me demandent de broder leur nom et celui de leur époux. En général, je brode cinq gants par semaine dont le prix varié de 10 à 20D. Lorsque je suis bien inspiré et de bonne humeur, il m’arrive de créer des motifs où toutes les ressources de mon imagination sont mises en jeu…».
Et d’enchaîner sans mâcher ses mots: «Par ailleurs, je préfère travailler seul pour mieux me concentrer, d’autant plus que la main d’œuvre est de plus en plus onéreuse. Il m’arrive de me faire aider à domicile par des artisanes de la zone rurale d’Ennabch, très habiles dans la correction de la kessa. En fait, je suis fier de perpétuer une tradition qui se transmet au fil des génération».