Première édition de Kotouf à Djerba : À Kotouf, les dialogues fusent
Les festivaliers sont accueillis par un rassemblement de jeunes élèves au Centre culturel méditerranéen de Djerba.
En guise d’inauguration, musique et rencontres ont fleuri le temps d’une matinée, avant de céder les lieux à des cercles de réflexion, des discussions et des tables rondes autour de thématiques d’actualité.
Ecrivains tunisiens et étrangers partent à la rencontre d’un public diversifié.
La Presse — Un défi pour le comité organisateur du Kotouf, dont le but est de toucher un maximum de visiteurs. Pari gagné ! La salle centrale du lieu est pleine. Discussions successives, vente de livres, rencontres au sommet rythment cette première journée. Le festival des littératures du Sud commence au gré des activités.
Un foisonnement de récits
«Nord / Sud : quelles écritures ? », tel était le thème principal de la première table ronde modérée par l’universitaire Sonia Zlitni Fitouri, entourée de l’écrivaine et journaliste libanaise Georgia Makhlouf, Faouzia Zouari, écrivaine, et Mohamed Mahjoub, professeur émérite spécialiste en philosophie. Les deux écrivaines se retrouvent à la jonction de deux cultures et des deux langues, puisqu’elles vivent entre deux rives, ou entre deux pays : Liban / France ou France / Tunisie. Comment arrivent-elles à se retrouver dans cette dynamique à travers l’écriture ?
Le rapport à la mémoire, à l’histoire et au temps a été décortiqué. L’exil était également au centre de l’échange. « Quand je rentre en Tunisie, il m’arrive de me sentir exilée, face aux changements qui peuvent avoir lieu dans mon propre pays », indique l’écrivaine. « Après le 7 octobre, ce sentiment d’’’étrangeté’’, quand j’écoute le discours des médias, surgit en France. Pareil après les chamboulements post 7 octobre. Le sentiment d’exil prend forme aussi ».
Dr Mohamed Mahjoub est revenu sur le rapport entre littérature et philosophie en soulignant son rapport à la langue arabe et française, l’interférence des deux langues, tout en ajoutant le dialecte tunisien. Georgia Makhlouf poursuit : «Je n’écris plus de la même manière depuis le 7 octobre 2023. Ai-je la légitimité nécessaire pour le faire ?». Les mêmes thèmes reviennent quand il s’agit d’écriture du Sud : la femme, l’exil, la guerre. Des motifs récurrents : doit-on les éviter, les traiter autrement ou renouveler leur écriture ?
Ecrire l’amour
La table ronde suivante, modérée par la journaliste Emna Louzyr, était enrichie par les interventions d’écrivains femmes et hommes de lettres comme Lotfi Chebbi, Emna Belhaj Yahia, Hafidha Karabiben ou Nemrod. Si l’amour est un sujet qui a été mille fois abordé par les auteurs, il n’en demeure pas moins vrai que la réflexion autour de ce thème ouvre de nouvelles fenêtres et permet de questionner ce « déjà-lu, déjà-vu».
Chaque auteur présent à cette table ronde a été invité par la modératrice pour proposer sa définition de l’amour. «Les écrivains s’approprient les mots, les inventent, comme Rabelais, Céline, Hugo et les réinventent», ajoute Emna Louzyr. Ainsi, les invités sont partis à la découverte du concept amoureux, si différent d’un auteur à l’autre, et au fil des influences et de leurs écrits.
L’insularité et la littérature des îles ont été au centre d’un échange dans la matinée du 18 octobre 2025, 2e jour de la manifestation littéraire. Animée par Zouhour Bessrour, la rencontre a permis aux écrivains Lise Gauvin, Jean Luc Raharimanana et Fethi Ben Maâmer de prendre amplement la parole.
« Hikayet » ont permis au public de prendre part à des échanges, plus étroits, avec les écrivains présents autour de thématiques nombreuses et d’actualité. « Le parlement des écrivaines francophones » a clôturé la première journée par une lecture musicale en présence de 8 écrivaines francophones. Le virtuose Tarek Torjet les a accompagnées en musique pendant une quarantaine de minutes, ajoutant ainsi de la musicalité à de nombreux extraits tirés de leurs propres écrits.