Un an après son lancement officiel, le bilan du statut de l’autoentrepreneur affiche des résultats encourageants malgré l’apparition de certaines lacunes. Près de 5.000 cartes faisant office d’attestation de patente ont été délivrées à des auto-entrepreneurs, depuis le 11 novembre 2024, date du lancement officiel du programme.
La Presse — Une année après son entrée en vigueur, son bilan est globalement jugé satisfaisant, même s’il reste en deçà des prévisions initiales du gouvernement. «Ce chiffre est appelé à croître. On verra un saut significatif avec l’inclusion des métiers créatifs et numériques », a déclaré Mohamed Kefi Rahmani, chef du projet de l’Auto entrepreneur au sein du ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle, en marge, de la journée d’information qui s’est tenue récemment à l’Utica, sur ce même sujet.
Organisée en partenariat avec la Chambre nationale des Femmes Chefs d’Entreprise (Cnfce) et la Konrad Adenauer Stiftung (KAS), cette rencontre visait à sensibiliser aussi bien les personnes concernées par le statut que les entreprises amenées à traiter avec elles.
«Certaines entreprises, méconnaissant ce nouveau cadre juridique, ne reconnaissent pas les détenteurs de carte d’auto-entrepreneurs, qui traitent avec elles, via notamment des factures, des paiements… comme des personnes patentées, ce qui les lèse en fin de compte. C’est pourquoi cette journée s’adresse également aux professionnels pour les sensibiliser à ce sujet et les informer des avantages dont bénéficient les auto-entrepreneurs qui ont les mêmes droits que les patentés», a encore ajouté Rahmani.
Si les objectifs d’inscription ont été atteints pour cette première année, d’importantes disparités régionales ont été relevées. Selon le chef du projet, 85 % des demandes d’adhésion validées se concentrent dans les régions du Grand Tunis, Sfax, Monastir et Sousse. Ce déséquilibre a incité le ministère de l’Emploi à revoir sa stratégie de communication désormais axée davantage sur la proximité. Les femmes représentent un tiers des adhésions tandis que les jeunes de moins de 35 ans en constituent les deux tiers.
D’après Rahmani, le secteur des services, notamment le commerce du détail, s’accapare la part du lion des inscriptions, suivi de l’artisanat (13%).
Un partenariat plus renforcé
De son côté, Rached Chelly, membre du Bureau exécutif de l’Utica, a affirmé que le syndicat patronal considère le statut d’autoentrepreneur comme une opportunité de dynamiser le tissu économique local.
Il a ajouté que l’Utica travaille, à travers ses fédérations et chambres professionnelles, à sensibiliser ses membres aux opportunités offertes par ce statut, à collaborer avec les pouvoirs publics pour améliorer son cadre juridique et fiscal, et à développer des programmes d’accompagnement, de mentorat et de formation continue pour renforcer les compétences entrepreneuriales.
Mettant en avant ce statut comme une avancée majeure, Chelly a souligné les défis persistants qui nécessitent, d’après lui, une collaboration renforcée entre les secteurs public et privé.
Il a cité notamment la nécessité de simplifier davantage les démarches administratives, renforcer la sensibilisation et l’information en partenariat avec les structures de l’Utica, mettre en place un cadre de protection sociale attractif garantissant une couverture minimale, créer des passerelles entre le statut d’autoentrepreneur et les autres formes d’entrepreneuriat plus structurées, encourager la collaboration entre les autoentrepreneurs et les entreprises établies via des programmes d’incubation, de sous-traitance et de mentorat.
Pour Aïda Béji Kallel, membre du Bureau exécutif de la Cnfce, cette journée d’information visait notamment à encourager les femmes actives dans le secteur informel à s’inscrire sur la plateforme dédiée afin de bénéficier des avantages offerts par le nouveau statut. Selon elle, ce dernier constitue un cadre incitatif pour toutes les femmes sur le marché du travail, y compris les jeunes diplômées de l’enseignement supérieur, qui peuvent en profiter pour lancer leurs propres projets et planifier leur croissance et leur développement.
Un cadre simplifié et avantageux
Il convient de rappeler que le statut d’autoentrepreneur couvre plus de 500 activités économiques et cible 260.000 personnes éligibles. Il offre plusieurs avantages en matière de protection sociale et d’accompagnement, notamment une carte de soins, une assurance contre les accidents du travail, une adhésion à un régime social et fiscal préférentiel, et une exonération de toutes les charges sociales et impôts durant la première année.
Grâce à ce statut, les bénéficiaires peuvent travailler depuis leur domicile, profiter d’un accompagnement pour les différentes étapes de leur activité, et accéder à des crédits à des conditions préférentielles.
En contrepartie, ils doivent tenir une comptabilité simplifiée en déclarant leur chiffre d’affaires en ligne chaque trimestre et verser une contribution unique englobant à la fois la cotisation sociale et l’impôt. Pour déposer une demande d’adhésion, il suffit de s’inscrire sur le site www.autoentrepreneur.tn