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Production Sucrière : Atteindre l’autosuffisance

  • 27 octobre 18:00
  • 4 min de lecture
Production Sucrière : Atteindre l’autosuffisance

Après plus d’une décennie d’absence pour ainsi dire totale du paysage agricole national, la betterave sucrière vient de connaître un regain d’intérêt spectaculaire dans les régions du Centre et du Sud du pays.

La Presse —La reprise de la culture de la betterave sucrière a été décidée en Tunisie. Ginor reprendra de ce fait  la production locale de sucre cette année.

La campagne betteravière a été officiellement lancée à Jendouba. 3.000 hectares sont prévus pour la culture, marquant la reprise de la production à la sucrerie Ben Bachir de Jendouba (Ginor) après deux ans d’interruption. Cette usine est la seule en Tunisie spécialisée dans la production de betterave sucrière.

Des rendements prometteurs de 45 tonnes par hectare en 2024, avec des pics plus élevés dans des exploitations bien gérées. 

La culture a été introduite en 1962. Elle visait à augmenter sa contribution à la couverture des besoins nationaux en sucre. 

L’objectif était clair : réduire en premier lieu notre dépendance de l’étranger et  atteindre l’autosuffisance en ce produit stratégique et pourquoi pas exporter. 

Les autorités concernées se sont engagées à relancer cette culture de la betterave sucrière,  essentielle pour la production nationale de sucre et pour les revenus des agriculteurs. 

Malheureusement, on parle de reprise et non pas de la raison qui a fait que l’on arrête la production d’un produit de base pour un produit stratégique, sans que l’on donne le minimum de précision. Qui a eu l’idée lumineuse d’arrêter la production et de laisser une usine censée contribuer par sa production à alléger le fardeau que représente l’importation du produit fini en devises sonnantes et trébuchantes ?

Le décideur ne pouvait raisonner en termes rentabilité et de logique. Il avait la tête ailleurs et on l’a payé assez cher.

Espérons que la  reprise ne sera pas un retour de courte durée. Nos voisins algériens ont assuré leur autosuffisance en sucre et se sont mis à chercher des débouchés pour le reste de leur production.

La reprise de la production à l’usine de Ginor soutiendra d’une part l’activité économique de la région et créera des emplois directs et indirects. C’est donc une relance et la logistique compte énormément. Il ne faudrait pas qu’un intrant manque ou que telle ou telle chose ne soit pas disponible pour une raison ou une autre.

Elle  constitue d’autre part, un levier pour la souveraineté sucrière tunisienne.

Un ingénieur agronome en retraite nous précise l’aspect stratégique de ce produit:

«La betterave sucrière se distingue non seulement par sa capacité à produire du saccharose de haute pureté, mais également par la richesse de ses sous-produits, qui en font une culture à fort rendement économique intégré, à savoir la mélasse, résidu visqueux riche en matières fermentescibles est exploitée industriellement dans la fabrication de levures, d’éthanol, et comme additif dans les rations alimentaires pour ruminants. En 2024, une tonne de mélasse brute s’est négociée entre 240 et 280 dinars sur le marché tunisien, selon les données de la Chambre syndicale des industries sucrières.

Les pulpes de betteraves, issues du défibrage des racines après extraction du sucre, constituent un aliment riche en fibres solubles bien adapté à l’alimentation des bovins laitiers et des ovins.

Quant aux «cossettes» (ou chips de betterave), elles sont stockées  pour les élevages bovins.

En période de crise fourragère, ces coproduits peuvent significativement réduire les coûts alimentaires des éleveurs, notamment dans les zones agro-pastorales de Gafsa, Médenine ou Tataouine.

Sur le plan agronomique, la betterave sucrière joue un rôle central dans la rotation culturale raisonnière.

La capacité nationale de raffinage étant estimée à 670.000 tonnes, il sera  possible de fournir ces unités avec des matières premières nationales, ce qui réduira les importations et renforcera la souveraineté alimentaire».

Auteur

La Presse