Autistes et auxiliaires de vie scolaire (AVS) : Un contrat de service civil pour les AVS ?
Compter sur les prestations d’un auxiliaire de vie scolaire pour l’intégration d’un enfant autiste ou qui présente des troubles de comportement et d’apprentissage acquiert une importance capitale, aussi bien pour l’enfant que pour les parents et les enseignants. Si la loi encourage à l’intégration scolaire des enfants nécessitant plus d’attention et plus d’effort en matière d’encadrement et d’insertion socio-affective, en exigeant la substitution de cinq enfants ne présentant pas de troubles contre un enfant présentant l’un des troubles précités, il n’en demeure pas moins que dans certains cas, l’intervention d’un AVS s’impose.
La Presse — Cependant, en dépit du rôle des AVS dans la prise en charge des enfants présentant un trouble du spectre de l’autisme (TSA), qui consiste à aider l’enfant à saisir les consignes, se familiariser avec son environnement scolaire et à s’intégrer au sein du groupe, le statut des AVS demeure mal cerné, voire marginalisé, tant sur le plan de la profession que sur celui de la formation.
Sensibilisée par le vécu des enfants TSA et celui de leurs parents et de leurs enseignants, convaincue par l’indispensable appui effectif et moral à tous les maillons de la chaîne de prise en charge desdits enfants, Mme Mariem Ben Othmane, directrice d’un centre de formation professionnelle à Ben Arous, tente de contribuer à la régularisation de la profession des AVS.
« Nous avons organisé le 25 juillet 2025 un forum sur l’autisme. Notre objectif était de mieux comprendre et accompagner les enfants TSA et faciliter leur inclusion. Durant l’évènement, nous avions réussi à mettre le doigt sur moult lacunes entravant la prise en charge pluridisciplinaire dont l’absence d’un statut clair et tangible des AVS », indique-t-elle.
Un statut professionnel digne de ce nom !
Faute d’un statut professionnel bien défini, les AVS échappent à toute réglementation à même de garantir leurs droits et ceux des bénéficiaires de leurs services en toute transparence. Travaillant à leur guise, imposant des rémunérations aléatoires et parfois gonflées, ils ne jouissent pas d’une couverture sociale et encore moins d’une trace prouvant leur ancienneté et leur expérience professionnelle.
D’après Mme Ben Othmane, seuls certains AVS assurent leur mission dans les règles de l’art et ce, grâce à des formations en ligne, des stages à l’étranger et une bonne expérience professionnelle. « En fouillant dans l’arsenal juridique et civil du travail, je suis tombée sur une formule qui me semble parfaitement adaptée au travail des AVS : le contrat de service civil.
Il s’agit d’un contrat semblable à celui du CVP, renouvelable annuellement et qui permet au bénéficiaire de recevoir une subvention de l’Etat de l’ordre de 200dt. Pour bénéficier de ce contrat, poursuit Mme Ben Othmane, l’AVS doit être diplômé du supérieur et au chômage depuis pas moins d’un an et dépourvu de toute cotisation sociale ».
Pour bénéficier des prestations d’un AVS sous contrat de service civil (CSC), l’enfant présentant un TSA doit être un adhérent dans une association spécialisée dans l’autisme. Cette même association doit être adhérente au bureau d’emploi de la même agglomération.
« Au final, le CSC sera signé par les trois parties prenantes, à savoir l’association, l’AVS et le bureau d’emploi », explique-t-elle.
Les prestations de l’AVS sont, rappelons-le, réservées aux enfants dont l’état de santé nécessite un auxiliaire de vie scolaire. « Pour ce, explique Mme Ben Othmane, les parents doivent déposer un dossier médical auprès de la délégation régionale des affaires sociales, laquelle, après avoir examiné le dossier, le transférera au ministère de l’Education. La délégation régionale de l’éducation recommandera, par conséquent, que l’enfant soit accompagné par un AVS dès son premier jour d’école ».
Donner un statut professionnel clair et réglementé aux AVS permet de soutenir les parents dans leur parcours d’appui à leurs enfants TSA. Rien que sur le plan financier, et grâce à la subvention de l’Etat qui correspond à 200dt, ne devoir payer que la somme restante constitue déjà un avantage, surtout que la majorité des spécialités nécessaires à la prise en charge des autistes ne sont pas prises en charge par la Cnam.
« Les tarifs des services des AVS oscillent entre 650dt et 1.200dt par mois. Pis encore : certaines écoles privées proposent elles-mêmes des AVS contre des sommes importantes, sans pour autant garantir le rendement requis », souligne-t-elle.
Et d’ajouter qu’elle s’engage, désormais, dans un programme d’information et de sensibilisation du public sur l’autisme. « Je compte organiser des sessions de formation et des journées de sensibilisation dans le but d’inciter les parents au dépistage précoce du TSA. Il est temps, poursuit-elle, d’ancrer la notion solidarité sociale dans nos mentalités et la concrétiser via des actions sociales et humanitaires ».