« Tétanos », exposition personnelle d’Aïcha Snoussi au 32 Bis Tunis : Questionner nos modes d’appréhension
En mêlant fiction et archives, l’artiste explore la mémoire, les ruines et les effacements, pour en révéler la portée à la fois politique et poétique. Détournant les outils de l’archéologie, de l’anthropologie et du musée, elle invente un contre-usage des archives falsifiées, érotisées, codées comme autant de gestes de résistance.
La Presse — Le 32 Bis Tunis accueille, du 31 octobre 2025 au 13 février 2026, la nouvelle exposition de l’artiste visuelle tunisienne Aïcha Snoussi, intitulée « Tétanos ».
Commissionnée par Hela Djebbi, cette exposition s’inspire de la maladie transmise par la rouille (métaphore de la rouille) pour explorer les formes de contamination invisible qui altèrent les objets, les lieux et les mémoires.
Il s’agit de la restitution d’un travail de résidence mené par l’artiste au sein du 32 Bis. Selon le texte de présentation, « l’artiste livre, dans ce travail, un dispositif continu de redéfinitions où chaque œuvre révèle un indice à décrypter sur les trois étages de l’espace.
Les trajectoires de ces formes, extraites, réinventées et réinscrites dans l’archéologie du lieu, composent une palette piégée qui met en examen nos modes d’appréhension. »
La métaphore de la rouille y prend ainsi la forme d’une transfiguration du temps, venant modifier notre perception de ce que l’Histoire semblait avoir figé. Née en 1989, Aïcha Snoussi vit et travaille entre Sète (France) et Tunis.
Diplômée de l’École des Beaux-Arts de Tunis, elle développe une pratique qui questionne la fabrication des récits, l’autorité des savoirs et les dynamiques de pouvoir façonnant notre rapport à l’Histoire, vue depuis ses marges.
En mêlant fiction et archives, Snoussi explore la mémoire, les ruines et les effacements, pour en révéler la portée à la fois politique et poétique.
Détournant les outils de l’archéologie, de l’anthropologie et du musée, elle invente un contre-usage des archives falsifiées, érotisées, codées comme autant de gestes de résistance.
Son univers plastique, dominé par le dessin envisagé comme une forme de prolifération, contamine l’espace d’exposition et dialogue avec des installations, sculptures et assemblages de matières organiques et industrielles minutieusement collectées et transformées.
De cette hybridation naît un langage vivant, où se croisent micro-organismes, mythes et machines, dans une tentative d’imaginer d’autres futurs possibles.
Le travail d’Aïcha Snoussi a été présenté dans de nombreuses galeries, foires et institutions internationales, parmi lesquelles le Palais de Tokyo, la Galerie La La Lande, la Menart Fair, Abu Dhabi Art Fair, 1.54 Contemporary Art Fair, Christie’s Paris, le Kobra Museum (Amsterdam), Art Brussels, Akaa Art & Design Fair, l’Institut du Monde Arabe, le Centre Pompidou-Metz, ainsi que la Biennale internationale de sculpture de Ouagadougou et l’exposition Hirafen.
Lauréate du prix SAM pour l’art contemporain et du premier prix de la Fondation Rambourg pour son projet Underwater (), elle compte aujourd’hui parmi les figures les plus marquantes de la jeune scène artistique tunisienne.